Le témoignage de Delphine, un petit garçon après sa première FIV
Notre rencontre et notre désir d’enfant
Janvier 2014, je rencontre l’homme de ma vie, celui avec qui je veux des enfants, repeupler la planète, c’est viscéral et au fond de moi je le sais, j’aurai des enfants avec cet homme.
Un début de relation idéale et j’apprends très vite, qu’il ne pourra pas avoir d’enfant naturellement, il s’est fait opérer car il a des kystes qui l’empêchent de produire des zozos de bonne qualité et nombreux (Oligospermie et asthénospermie combinée, en langage plus scientifique… Un terme que je découvrirai dans quelques années)
Bon OK, ce n’est pas de chance mais s’il s’est fait opérer, il n’y a pas de raison, je sens que c’est le bon mais nous avons le temps de nous projeter pour les enfants quand même ! Et puis la médecine évolue tous les ans donc il n’y a pas de raison de s’en préoccuper. Je dois renouveler ma pilule, voir en changer, nous décidons que je ne prenne plus de méthode contraceptive. Et advienne que pourra, mon conjoint me raisonne en me rappelant qu’il n’y a aucun risque pour que je tombe enceinte !
Nous essayons d’avoir un enfant
Je récupère donc des cycles anarchiques et des règles diluviennes. Les années passent, et chaque retard me fait prendre conscience de la déception que j’ai quand je constate que le test est négatif. Non pas que ça soit arrivé des centaines de fois, une petite dizaine de fois tout ou plus, j’attendais de plus en plus tard pour faire mes tests, mais quand vous avez 10 jours de retard, que vous avez l’impression d’avoir des obus à la place des seins, que vous êtes irritable à souhait, et que depuis des années déjà vous ne prenez plus de satané pilule, que vous êtes dans un âge fécond et que vous avez une vie sexuelle active et épanouie, vous espérez, et cet espoir est légitime, vous ne cherchez pas à procréer, ne mettez pas toutes les chances de votre côté mais au fond de vous, vous vous dites, pourquoi ? Pourquoi pas moi ?
Pourquoi les bébés pleuvent dans votre entourage et que de votre côté il ne se passe rien, pas la moindre once d’espoir d’un test positif à l’horizon. Mais une affirmation vous revient en tête et vous vous questionnez, votre conjoint aurait il raison ? Comme il vous le rappelle régulièrement il n’y a aucun risque pour que soyez enceinte, enfin de façon naturelle.
Le sujet doit donc être mis sur la table. Chéri d’amour il va falloir qu’on se fasse aider et qui dit aide, dit potentielle opération à nouveau pour lui.
Nous consultons
Mon gynécologue de l’époque loin d’être alarmé me contente de me dire que je suis encore jeune, à l’aube de mes 30 ans, que j’ai des cycles à peu près réguliers même s’ils peuvent être très longs et que si dans quelques temps ça ne fonctionne pas, il m’oriente vers un spécialiste pour pousser les investigations.
En parallèle nous nous voyons conseiller un spécialiste masculin que mon homme se resigne à consulter. Après de multiples spermogrammes et examens, le couperet tombe, il faut que mon homme se fasse opérer à nouveau, un kyste est à nouveau apparu et en l’enlevant le volume spermatique devrait être de meilleure qualité et en meilleure quantité également. Fleur au fusil après cette opération (pas nécessaire de revenir sur l’opération d’un homme, l’homme étant en général à l’article de la mort pour un simple rhume, vous imaginez bien dans quel état il était après une opération sous anesthésie locale.) et un traitement censé booster la qualité des zozos je suis convaincu qu’un petit + fera enfin son apparition sur ces fameux test de grossesse. Que nenni… Les derniers spermogrammes sont mieux mais ce n’est pas Byzance non plus.
Le déménagement et l’entrée en PMA
Nous changeons de vie, déménageons et quittons la pollution de la mégalopole parisienne pour se mettre au vert du côté, une chance probablement pour nous, je commence à me renseigner niveau PMA et nous habitions désormais à moins de 5 minutes du 2ème meilleur centre de PMA de France !!!
Mon conjoint doit refaire une échographie, il semble que son kyste soit de nouveau de retour à peine 1 an et demi après sa dernière opération, ni une ni deux, je prends rdv en PMA. La liste d’attente est longue, mais quitte à attendre je préfère la consultation privée non remboursée par la Sécu à 135€ par le chef de service de la PMA.
Nous sommes en juin 2017, il est froid, distant, consulte les derniers résultats de mon conjoint et se contente de nous fournir une liste d’ordonnances longues comme le bras cette fois ci pour moi !
On se revoit quand on a fait tous les examens, aucun temps à perdre, car ce bébé je le sens, n’est pas près d’arriver. Prise de sang, écho, hystérographie. Et j’en passe… Septembre 2017 nous revoilà, 3h d’attente dans la salle d’attente pour rencontrer notre pro des bébés, malgré sa première approche glaciale, j’ai un bon ressenti avec lui, je n’ai pas besoin qu’on fasse du social avec moi, je veux qu’on nous dise quoi faire et comment le faire, et là, la nouvelle choc. Monsieur a donc de grosses difficultés mais moi aussi.
Incroyable, je crois que ma première réaction a été de sourire, j’étais là, mais mon esprit était ailleurs, il fallait que cela tombe sur nous, et c’était finalement un cadeau du ciel, l’infertilité de mon conjoint combinée à mes propres problèmes rendaient nos chances de concevoir quasi nulles, et quel soulagement !
Il ne portait plus le poids de cet échec tout seul, ne pas pouvoir concevoir est une chose, l’assumer en est une autre mais le porter à deux rendait la chose plus légère, si nous n’arrivions pas à nos fins, ce n’était pas seulement de son fait mais du mien aussi.
Je pense que ça a été notre chance, notre façon à nous de survoler le processus PMA avec beaucoup plus de légèreté, et d’entraide aussi. Il avait souffert en se faisant opérer à répétition probablement pour rien, il souffrait encore de ne pas pouvoir nous donner cet enfant tant désiré, il souffrira longtemps à devoir réaliser spermogramme sur spermogramme mais maintenant nous serions deux.
Il fallait que je me fasse transposer un ovaire afin de maximiser nos chances de stimulation. Rdv pris pour janvier 2018, un mois de cicatrisation douloureux, 5 kilos supplémentaires sur la balance sans activité aucune et sans traitement hormonaux pour l’instant, mais j’avais l’impression de mettre ma pierre à l’édifice.
La FIV
Mars 2018 : contrôle et protocole validé, ça sera une FIV ICSI et nous pouvons commencer les stimulations sur mon prochain cycle !
J’ai la chance de télétravailler, je m’organise facilement pour les échos de contrôle et les nombreuses injections.
Je gonfle +3 kilos sur la balance, mon moral est au beau fixe, nous sommes positifs mais réalistes, nous sommes persuadés que la première tentative ne sera pas la bonne. FIV ICSI round 1 nous voilà, c’est parti pour la ponction je ne me souviens plus du nombre exact, mais ce fut une belle récolte !
À J3 de la ponction rdv pris à 11h pour le transfert. Nous arrivons, je ressemble à une femme enceinte de 4 mois, j’ai la vessie qui va exploser, j’en pleure presque de douleur, l’infirmière m’invite à vider un peu ma vessie pour souffler car le professeur a du retard et il y a 3 couples avant nous.
Les autres femmes sont sereines et détendues et moi je fais les 100 pas car les 1,5 litres d’eau je me les suis déjà enfilés depuis plus d’une heure, pensant passer dès mon arrivée. La douleur est intense, ça tire dans les ovaires fraîchement ponctionnés et j’ai l’impression que ma vessie les écrase. Je tente un stop pipi et impossible de m’arrêter, j’espère ne pas compromettre mes chances de transfert car ma vessie ne sera pas assez pleine.
Nous passons enfin dans le bureau de la biologiste je crois, les nouvelles ne sont pas bonnes, sur une vingtaine d’ovocytes ponctionnés ils n’ont obtenu que 7 petits poussins potentiels, sur les 7 il n’en reste que 4 dont 3 de très bonne qualité, au vu de notre dossier, il nous conseille d’en implanter 2 et de pousser les deux autres à j5 pour être congelés. Nous validons, Monsieur le professeur glacial arrive enfin, nos identités sont contrôlées, et voilà 15 min après les petits poussins sont au chaud.
L’attente, l’attente est longue, que la réussite ou l’échec se dessine au bout du chemin, je crois que le mot PMA est un beau synonyme d’attente.15 jours à patienter à guetter le moindre signe, à ne pas se faire de faux espoir, à ne pas vouloir y croire, se projeter non jamais pour ne pas déchanter après.
Je suis enceinte !
Et un petit + tout fin, tout léger, qui met son temps à apparaître qu’on peine à y croire !
Une chance mais encore une fois on ne s’emballe pas, puis les taux augmentent bien, l’échographie confirme une activité cardiaque, la T1 arrive enfin et tout va bien. Il nous aura donc suffit d’une fois, une seule chance dans notre malchance, j’ai longtemps hésité à écrire ce récit de peur d’être lue et non considérée car pour nous cela a fonctionné au 1er essai.
Je vous souhaite à toutes un parcours aussi beau que le nôtre car seul le résultat compte peu importe le combat.
Heureuse maman d’un petit garçon de 26 mois.
Delphine