Sélectionner une page

Le témoignage d’Emeline : 4 IAC , 1 FIV , 3 transferts et un petit garçon

Les examens commencent

Après 6 mois d’essais bébé, je le sens très vite, il y a un problème… Je prends les devants tout de suite et demande un bilan de départ à mon médecin traitant : des analyses sanguines d’hormones pour moi, et un spermogramme (analyses des spermatozoïdes) pour mon conjoint.

Tout va bien de mon côté. Puis les résultats du spermogramme arrivent. Je suis technicienne de laboratoire mais je n’ai pas étudié de spermogramme dans ma formation car ce sont les biologistes qui les réalisent. Alors je ne comprends pas grand-chose aux résultats, mais avec les valeurs de références normales notées, je comprends qu’ils ne sont pas « génialissimes » mais qu’ils ne m’empêcheront pas de tomber enceinte. Il y a tout de même une note qui demande un résultat approfondi. Je téléphone au biologiste pour avoir plus d’explications, il me conseille un andrologue dans un hôpital à 30 minutes (Un spécialiste de l’appareil génital masculin notamment dans la fertilité) et il me dit également de faire un spermogramme approfondi, examen qui ne se pratique que dans un centre de PMA.

La consultation avec un andrologue, le début d’un « secret »

Quelques semaines plus tard, nous avons rendez-vous avec l’andrologue et en parallèle mon conjoint réalise le spermogramme approfondi dans le centre de PMA le plus proche, qui se trouve être sur mon lieu de travail dans l’hôpital où je travaille à 15 minutes de chez moi.

Les résultats tombent, ils sont catastrophiques…Quasiment que des spermatozoïdes anormaux qui sont dans l’impossibilité de féconder un ovule…

Je ne comprends pas, l’examen précédent ne révélait pas ces anomalies… Je contacte le biologiste de la PMA qui me dit que les résultats en laboratoire de ville ne sont pas fiables car ils ne sont pas spécialisés…. Et effectivement quelques temps plus tard, cet examen n’est plus effectué en laboratoire de ville.

Mon monde s’écroule, nous ne pourrons pas faire d’enfant sans l’aide de la médecine… Je suis en colère, j’en veux à mon conjoint alors qu’il n’y est pour rien… Je vais jusqu’à dire des mots terribles…  « J’ai un mec tout pourri » quelle horreur quand j’y repense… comment j’ai pu dire ça…

Malgré la douleur infligée par ces paroles, mon conjoint est passé outre car il connaît mes excès de colère… Il est très fort mentalement, réfléchi, patient et ne verse jamais une larme alors que moi c’est tout le contraire, je suis hyper sensible, impulsive, impatiente et pleure pour pas grand-chose.

 Il m’a tout de même demandé de n’en parler à personne, mais plusieurs de mes amies et famille étaient au courant de nos difficultés pour faire un bébé, de nos débuts de recherche d’infertilité et je ne pourrais pas garder un parcours PMA pour moi…Cela m’était impossible, moi qui disais tout, qui avais tellement besoin de parler… Il m’a dit : je ne t’interdis pas de parler de notre parcours, je te demande de ne pas dire que l’infertilité vient de moi, tu n’as qu’à dire que tu ne veux juste pas parler de « la faute à qui » comme c’est malheureusement dit… Mais si je disais cela, je sais très bien que mes amies et ma famille en concluront que c’est mon conjoint qui a « un problème » car si le problème venait de moi, j’en aurais parlé … Je ne trouve qu’une solution : Dire que le souci vient de moi pour protéger mon conjoint. J’invente un problème d’ovaire détecté après coup et ce n’est pas évident du tout pour moi de mentir. Je ne sais pas mentir. Je suis rongée par la culpabilité du mensonge. J’arrive tant bien que mal à négocier d’au moins pouvoir en parler à ma mère. Et Je réussis malgré la difficulté à garder son secret au reste de mon entourage.

J’en parle enfin à mon entourage

Jusqu’au jour où cela me pesait énormément ou on me posait davantage de questions sur « qu’est ce qui coince exactement ? ». J’avais des difficultés à broder sur mon problème imaginaire et le mensonge devenait trop lourd. Mentir à mes meilleures amies m’était insupportable. J’en ai alors parlé à mon conjoint, qui m’a comprise et m’a enfin permis de parler. Quelle libération ! cela m’a fait énormément de bien. J’ai eu des réflexions du genre que « j’étais vachement courageuse de ne pas le quitter pour faire un enfant avec un homme qui n’avait pas ce problème… » J’ai eu très mal au cœur pour mon homme… J’explique que je n’aurais jamais pu lui faire ça et que si ça avait été moi ça aurait été horrible qu’il me quitte pour quelque chose dont je ne suis pas responsable, alors pourquoi l’inverse serait tolérable … Mais j’avoue que quelque chose m’avait traversé l’esprit…De me faire « féconder » par un autre et ne rien lui dire, comme si le bébé que je portais c’était le sien… Cela m’est seulement passé par la tête mais j’ai beaucoup culpabilisé de ce genre de pensées…

Direction le centre de PMA, puis… mon lieu de travail

Nous prenons alors rendez-vous avec un biologiste dans la PMA de mon hôpital, les délais sont très longs.

Arrive le rendez-vous avec l’andrologue dans l’autre hôpital, elle ausculte mon conjoint, puis lui prescrit une échographie testiculaire et demande qu’un spermogramme soit réalisé dans leur hôpital. L’échographie ne relève pas d’anomalie, le spermogramme est tout aussi catastrophique. Puis à nouveau un rendez-vous après tout ça. Elle nous explique que souvent on ne connait pas la raison et nous propose de démarrer une insémination sur leur site de PMA. Nous nous y attendions et nous sommes contents de pouvoir démarrer les choses pour enfin avoir un enfant.

A nouveau un rendez-vous avec une infirmière qui m’explique tout le protocole, les piqûres chaque jour, puis les prises de sang et échographies endovaginales tous les 2 jours, puis une autre piqure pour le déclenchement de l’ovulation et insémination 36h après. Elle me montre comment faire les piqûres et à quel endroit du corps. Je ressors de ce rendez-vous en larmes, la tête pleine, complétement perdue, comment vais-je réussir à faire tout ça en jonglant avec le travail… ? Il serait tellement plus simple de faire la PMA dans mon hôpital, sur mon lieu de travail.

Je me rends à la PMA de mon hôpital, en blouse de travail, en disant que je travaille ici et s’il n’y aurait pas moyen d’avancer le rendez-vous. La secrétaire est super sympa et me propose un rendez-vous rapidement.

Nous allons au rendez-vous et la biologiste est vraiment super, très gentille, elle nous dit qu’elle reprend notre dossier de l’autre hôpital pour que l’on continue sur place. Je suis tellement soulagée. Je vais pouvoir faire tous ces examens sur mon lieu de travail, sans que cela ne se sache et sans que cela impacte trop mon travail. Je mesure la chance que j’ai. Beaucoup d’autres femmes n’ont pas cette facilité. La biologiste veut vérifier que tout est en ordre de mon côté et me prescrit un comptage folliculaire, un comptage de follicules (poche qui contient les ovocytes = les ovules pas encore fécondés), ainsi qu’une hystérosalpingographie (terme hyper compliqué pour un examen recherchant si les trompes sont bouchées). Tout est normal, on va pouvoir commencer le protocole pour une insémination.

Je démarre alors les piqûres. Elles ne me font pas peur. Je prends facilement le coup de main. Même les prises de sang, je les réalise moi-même avant de partir au travail afin de les déposer à la PMA pour ne pas faire la queue. Pour les échos, les infirmières sont super. Elles m’appellent au labo pour me dire que la file d’attente est terminée et que je peux venir faire l’écho. Je n’ai qu’à attendre le coup de fils pour descendre en PMA et faire l’examen qui dure 5 minutes et remonter ensuite. J’arrive à cacher ma PMA à mes collègues à qui je ne veux pas en parler, ceux qui ne me sont pas proches. Mais ma cheffe est au courant que je fais un aller-retour tous les 2 jours pour une PMA.

J’ai vraiment eu une chance incroyable de bosser dans cet hôpital et de pouvoir y faire ma PMA. Eviter la queue, le temps énorme perdu tous les 2 jours pour une prise de sang et pour un examen de 5 minutes…Car il y a énormément de femmes qui font un parcours PMA. Je ne pensais pas qu’il y avait autant de problèmes de fertilité (Je croise même, quelques fois, un collègue d’un autre service, avec sa femme). Ça fait bizarre. On est dans la même galère. Mais ça fait surtout du bien, je me sens moins seule…Car toutes mes amies sont tombées enceintes facilement.

Ma meilleure amie a commencé les essais bébé en même temps que moi. Chaque mois nous désespérions ensemble que cela n’ait pas marché en jalousant toutes les mamans et femmes enceintes. Nous espérions tellement être enceinte en même temps. Elle est tombée enceinte au bout de 6 mois, quand moi, je commençais les démarches pour la recherche d’une infertilité possible… Quand elle me l’a annoncé, j’étais contente pour elle, mais j’ai pleuré…De jalousie, de tristesse, mais aussi de culpabilité… Ma meilleure amie était enceinte et au lieu de sauté de joie, cela me faisait mal, je n’avais pas le droit de réagir comme ça… Je devais être là coûte que coûte.
Je n’ai pas réussi à être présente comme je l’aurai voulu et comme je l’avait imaginé pour elle pendant sa grossesse et au début de sa maternité… Et elle n’a pas pu vivre librement à cause de moi, en se mettant des barrières sur ce qu’elle avait envie de dire, à vouloir me protéger, comme je lui avait demandé, comme si la terre ne tournait qu’autour de moi…. Je m’en suis tellement voulu par la suite… Cette culpabilité ma rongée… J’ai compris bien trop tard le mal que je lui avais fait, et combien elle aurait eu besoin de mon soutien…

L’insémination

Vient alors le jour de l’insémination. Mon conjoint fait un prélèvement et ensuite le sperme est traité pour sélectionner les meilleurs. Ils n’ont pas réussi à avoir un chiffre correct de bons spermatozoïdes… Mais elle me rappelle « il en suffit que d’un seul », alors on reprend espoir. L’insémination est un peu douloureuse comme un frottis, en rien insurmontable.

Maintenant vient l’attente, l’attente horrible des 15 jours avant de faire un test de grossesse sanguin, pour dire si oui ou non ça a marché… Je travaille dans le labo et la tentation est trop forte pour ne pas faire le test moi-même avant… Je sais que si cela a marché, cela peut se voir plusieurs jours avant mais que la PMA le fait faire 15 jours après pour avoir un taux élevé. Je fais le test, et là…négatif…

Je suis effondrée… pourquoi cela n’a pas marché… pourquoi ??!! Je suis tellement déçue…

J’en parle à mon conjoint en rentrant, il me dit que c’est dur, injuste mais ce n’est pas grave, il me rappelle que l’on peut recommencer. On a le droit à 5 inséminations sinon il faudra passer par une FIV.

Prise de sang obligatoire en PMA pour réessayer une seconde fois… Négatif… Je le savais, et j’ai mes règles en plus…

Deuxième essai, le chiffre des bons spermatozoïdes est encore plus mauvais… l’insémination a lieu mais je n’y crois pas… En réalité il y a toujours un bout de moi qui espère de tout son cœur… Même résultat…Négatif…

On attaque les FIV

La biologiste nous propose, au vu du mauvais nombre de spermatozoïdes, de passer directement à la FIV, une FIV ISCI (ou un spermatozoïde est directement injecté dans l’ovocyte) Beaucoup plus de chances de réussite, je reprends espoir.

Quasiment même protocole que pour les inséminations : Les piqûres, les prises de sang, les échos, à la différence que s’ajoute une piqûre supplémentaire chaque jour pour ralentir la croissance des follicules déjà grands, afin d’en avoir plusieurs qui seront ponctionnés lors d’une opération, afin de récupérer les ovocytes contenus à l’intérieur.

Mais la stimulation ovarienne ne se passe pas comme prévu…Le dosage d’hormone est trop faible… Il est difficile de trouver le bon dosage. Si le dosage est trop faible, on n’obtient pas assez de follicules, et s’il est trop élevé, Il y a des risques d’hyperstimulation, effet secondaire dangereux qui dans de rare cas, les plus grave, peut être mortels…

On bascule alors sur une insémination par défaut… Négatif… Evidemment…

On repart pour un autre cycle de stimulation avec un plus gros dosage, et cela fonctionne bien cette fois, je suis pleine d’espoir !

L’opération a lieu, je suis hyper stressée, j’en pleure. J’ai choisi l’anesthésie générale mais je pouvais le faire en locale, mais trop peur de la douleur et de bouger et tout gâcher la ponction. Tout se passe finalement bien, je ressors confiante car sur les échos j’avais plein de follicules matures et je m’attends donc à un chiffre élevé. L’infirmière vient nous voir à mon réveil et me dit qu’ils ont réussi à obtenir 6 ovocytes et sur les 6, 5 matures, et sur les 5, 4 ont donné des embryons in vitro… je tombe des nues… je m’attendais à un chiffre beaucoup plus élevé… Mais j’entends l’infirmière qui parle à la femme d’à côté qui a obtenu un seul embryon… je ne suis pas là plus à plaindre…

On doit me transférer un embryon quelques jours plus tard. Ils seront alors à une maturation qui laisse plus de chance de réussite. Quelques jours avant, je sens des douleurs, mon ventre gonflé comme si j’étais enceinte de 3-4 mois. Je téléphone à l’hôpital, elle me demande de venir consulter. Le diagnostic : Je fais une hyperstimulation, à un stade léger heureusement. J’ai les ovaires qui ont doublé de volume et du liquide dans l’abdomen… Elle m’annonce alors que le transfert d’embryon ne sera pas pour ce mois-ci car si l’embryon prend, les hormones grossesse engendreront des risques élevés pour ma santé.

Alors on attend le mois suivant, encore et toujours de l’attente, combien de mois se sont-ils écoulés déjà ??

Le mois suivant arrive. On me transfert un embryon dans l’utérus, de la même manière qu’une insémination. Là, j’y croit dur comme fer ! Cette fois c’est la bonne ! Il y a énormément plus de chance que cela fonctionne, il n’y a pas de raison !

Malgré tout c’est négatif… je pleure et pleure encore… je n’en peux plus de ces échecs, j’y croyais tellement, mais tellement cette fois…4ème échec… c’est horrible.

Mon conjoint de nature positive essaie de me remonter le moral en me disant qu’il en reste 3… alors c’est reparti, deuxième transfert, 5ème échec…Je n’en peux juste plus… j’ai envie de tout abandonner, c’en ai trop ! Je suis à bout ! L’espoir, l’attente, le désespoir… L’espoir, l’attente, le désespoir… etc… 5 fois de suite… Non maintenant stop ! Je dis à mon conjoint, « ont met les 2 derniers et après on fait une pause, on se lance dans un autre projet, dans notre mariage et on verra plus tard pour une seconde FIV » car là je ne pourrais pas psychologiquement recommencer à nouveau une FIV depuis le début…Ponction et compagnies…

Le jour du transfert des 2 embryons arrive. Nos chances sont augmentées comme on en met deux d’un coup, mais il y a un risque de jumeaux. On s’en fout on a tellement envie de bébé et moi je n’y crois plus du tout. Je n’ai qu’une envie c’est que tout soit fini et de passer à autre chose.

Le test de grossesse en avance : c’est positif !

Quelques jours avant de faire le test de grossesse en PMA, je suis dans mon labo, je suis de garde avec une collègue qui m’est proche et au courant de notre parcours PMA. Nous ne sommes que toutes les deux. Je lui demande de me faire une prise de sang et de me faire le test de grossesse pour voir le résultat inférieur à 5, ce qui correspond à un négatif et tourner la page. Je bosse tranquillement en attendant, avec un peu de stress malgré tout mais j’arrive à travailler en restant concentrée contrairement aux autres fois. Et là, je vais regarder, le taux est à 14, je suis figée, complétement abasourdie, sans comprendre réellement. J’appelle ma collègue qui regarde le résultat et elle se met à sauter de joie en criant « c’est positif ! T’es enceinte ! » Je n’en crois pas ses mots, je ne réalise pas du tout… C’est positif !

 Je ne pense qu’à une chose c’est de le dire à mon conjoint ! Je rentrerais du travail à 21h30 mais mon chéri bosse de nuit et se couche à 21h… Je réfléchis.  Est-ce que je lui annonce le lendemain ? Est-ce que je le réveille en rentrant ? Est-ce que je l’appelle ? Je suis tellement impatiente et je ne me vois pas attendre, je l’appelle !

Je lui dis de but en blanc : « Je suis enceinte. », sans larme, sans explosion de joie car je ne réalise pas du tout. Il ne me croit pas, me dit « haha très drôle » (quand on y repense, on en rigole de mon annonce et de sa réaction). J’insiste il ne me croit toujours pas, je lui passe ma collègue qui lui répète mais il la connait et ne la croit pas. On est du genre blagueur toutes les deux mais quand même ! Finalement après lui avoir assuré, il y croit on dirait. Je rentre, il n’est pas couché. Je lui montre la feuille de mon résultat, il me dit que les chiffres ça ne lui dit rien et qu’il attend que la PMA lui confirme pour se réjouir mais il a un grand sourire aux lèvres.

Je sais qu’il y a des risques de fausse couche, qu’il faut que mon taux double en 48h alors je redose et là le taux a bien plus que doublé !! Je saute de joie ! Je monte en PMA leur montrer les résultats. Je me fais « gronder » car j’ai fait le test en avance et que cela peut faire des fausses joies, mais elle regarde les résultats et m’annonce « félicitations vous êtes enceinte ! » oh là là ! Le bonheur absolu d’entendre ça, je crois que cette fois, j’ai réalisé, j’ai pleuré de joie.

Une semaine ou deux après je commence à avoir des nausées, c’est bon signe !

Rendez-vous un mois après pour une écho de confirmation, j’ai peur… Et si c’était un œuf clair, si c’était une grossesse extra utérine et si son cœur ne battait pas ?? Je ne sais pas s’il y a un bébé ou deux comme nous avions transféré 2 embryons mais c’est complètement secondaire pour moi à ce moment-là.

Et là je le vois, un bébé, tout petit, on distingue à peine l’amorce de ses bras et de ses jambes, il ne ressemble pas encore à un bébé. J’attends qu’elle vérifie si le cœur bat… je suis tellement, mais tellement stressée. Mon cœur bat à mille à l’heure. « Pitié pitié pitié ! ». Et là je l’entends ! Son petit cœur qui bat ! Je fonds en larme ! J’ai un bébé dans le ventre et en bonne santé ! Je suis ENCEINTE !

Tu étais là, niché au creux de moi, ma bataille, ma victoire, mon bébé !

Conclusion

Un parcours PMA est un parcours extrêmement difficile, l’attente est abominable, les échecs qui se succèdent sont dévastateurs. On ne voit plus que les bébés tout autour de nous, les femmes qui tombent enceinte et on se dit : pourquoi eux et pas moi ?! pourquoi ?! c’est totalement injuste ! qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ça ?! Et il n’y a rien à faire que de s’accrocher, de prendre tout le soutien possible de la famille, des amis, mais aussi dans un groupe de soutien qui peut être une aide, certes pas miraculeuse, mais tout de même apaisante, on se sent moins seule, écoutée, comprise…

Si j’avais pu voir l’avenir, si j’avais été sûre que mon tour viendrait, j’aurais beaucoup moins souffert. Car c’est aussi et surtout le doute qui est destructeur. Malheureusement on espère encore et toujours et c’est l’espoir qui rend ce parcours difficile selon moi. C’est quand j’ai vraiment laissé tomber dans ma tête, que je n’y croyais réellement plus que cela a fonctionné. Alors hasard ou pas, nous ne saurons jamais, mais en tout cas c’est cette dernière tentative qui m’a été le plus tolérable. Alors moi, le conseil que je donnerais va paraitre étrange, c’est tout le contraire que beaucoup d’autres personnes qui disent « Il faut garder espoir ». Moi, je vous dirais il faut essayer, essayer, encore et encore et s’attendre à un négatif, comme ça, la chute est beaucoup moins douloureuse, et la réussite en sera encore meilleure.

Lettre à mon enfant

La suite concerne l’après où je m’adresse directement à mon enfant quand il sera adulte, à même de comprendre, pourra lire nos débuts qui malheureusement n’étaient pas très joyeux. Je tenais cependant à l’écrire car quand on fait une PMA, on n’est pas à l’abri de ce genre de choses, après avoir tant désiré un enfant, tant idéalisé…

Il y a 2 ans je te mettais au monde non pas sans difficultés.

Je mets enfin noir sur blanc cette expérience que j’ai très mal vécue. Ce n’est pas joyeux mais c’est notre histoire. Longue histoire.

Trois mois de nausées et vomissements insupportables puis grossesse de rêve. Complètement épanouie, en me trouvant tellement belle avec ce ventre rond qui est apparu très vite. Te sentir bouger, la meilleure sensation au monde. La révélation que tu seras un garçon, sans surprise pour moi, j’en étais sûre, je le sentais ! Vers 6 mois, trop de contractions mais non douloureuses, arrêt d’une semaine pour me reposer et puis tout allait bien. Fin de grossesse, remontées gastriques mais apaisées facilement par médicament.

Puis un jour mal au ventre, vomissements, au lit toute la journée. Je pense avoir chopé un virus. Puis vers 17h, la fissure de la poche des eaux. Des eaux teintées, signe commun de début de détresse fœtale, mais qui n’est pas très alarmant car courant. Direction hôpital. Contractions déjà toutes les 5 minutes durant le trajet. Arrivée à l’hôpital j’étais déjà dilatée à 1, à 18h à 2 et j’ai eu la péridurale. Piqûre pas douloureuse du tout à côté de la contraction que j’ai eue au même moment. Il paraît que ça agira au bout de 20 min. Mais la péridurale n’a pas fonctionné tout de suite, j’ai dû avoir 3 doses et toutes les petites doses que l’on peut avoir en appuyant sur la pompe toutes les 15 minutes (limite de la pompe) avant d’être soulagée des heures après vers minuit. Heures qui m’ont parues interminables. En attendant que la péridurale fonctionne, j’ai respiré du gaz hilarant à foison pour essayer d’aller mieux. Je ne pensais qu’à une seule chose : Arrêter de souffrir, que tu sortes de là, quitte à faire une césarienne mais qu’on m’a refusé évidemment « on ne fait pas une césarienne pour une péridurale qui ne fonctionne pas » m’a dit la sage-femme. Une fois soulagée, deux heures avant de te mettre au monde, j’ai fait de la fièvre en fin de travail, plutôt mauvais. Puis tu étais en bradycardie, il fallait vite te sortir, ton cœur ralentissait dangereusement… C’est comme ça qu’à 1h47 tu arrivas, dans la précipitation, avec ta maman complétement anesthésiée, complètement défoncée au gaz hilarant et complétement absente. Ventouse et incision franche et tu étais là, tout bleu, le cordon autour du cou. Tu ne respirais pas, on t’a embarqué tout de suite pour te réanimer et je ne t’ai retrouvé que 20 minutes après.

Je n’ai rien réalisé. C’est comme si je n’étais présente que de l’extérieur complétement amorphe.

Des grosses difficultés psychologiques en ont découlé avec mes fragilités déjà présentes. Du mal à réaliser que mon bébé n’était plus dans mon ventre, il était là. J’étais responsable de toi, j’étais ta maman sans réaliser l’être et il fallait que j’assure avec toutes les douleurs post accouchement dont très peu de monde parle.

Un bébé qui a beaucoup souffert de coliques et du RGO (reflux gastrique œsophagien), énormément de pleurs, se sentir épuisée, impuissante, pleurer à chaque fois que tu pleurais. Contrairement à plusieurs mamans, j’ai vu le temps passer, je n’ai pas trouvé que ça passait vite, ta première année a été tellement dure à vivre pour toi et moi.

Après une grosse dépression post-partum, trois psy, une hospitalisation d’une semaine et beaucoup de mal à créer des liens, j’ai enfin fini par ne plus imaginer ma vie sans toi.

Toi mon fils unique, mon bébé qui n’en est plus un maintenant, tes rires et tes sourires, ton baragouinage qui me fait fondre. Et malgré notre histoire difficile, sache que je me suis vraiment battue pour toi, pour nous, dans l’espoir d’être la meilleure des mamans pour toi.

Je t’aime et je t’aimerai toute ma vie William.

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share This