Le témoignage d’Anne-Charlotte : 3 FIV, une hyperstimulation, un petit garçon et une ultime FIV pour un 2ème enfant
Voulant faire les choses de façon traditionnelle, nous avons décidé de nous marier avant de faire un bébé. Âgés de 25ans tous les deux et ensemble depuis bientôt 8 ans, nous voilà donc en avril 2016 à un mois du mariage. On a plus de risque à prendre (gros ventre qui ne passe pas dans la robe), on décide donc d’arrêter la pilule après une petite visite chez ma gynéco.
Les premiers mois passent sans inquiétude puisque je sais que bébé peut parfois mettre du temps à se nicher au creux du ventre et qu’en plus j’ai des cycles très irréguliers.
LES PREMIERS MOIS D’ESSAIS
Au bout de 7/8 mois d’essais, en grande impatiente que je suis, je commence à m’inquiéter. C’est bizarre, mais je savais au fond de moi que pour nous ça serait compliqué d’avoir un bébé naturellement.
Afin d’avoir un peu plus d’infos et de me rassurer, je reprends RDV chez ma gynécologue.
En février 2017 après une échographie, la gynécologue m’annonce que j’ai le Syndrome des Ovaires Polykystique (SOPK).
Elle m’explique très brièvement ce que ça signifie : cycles déréglés et plus longs que la normale, ce qui entraîne généralement un délai plus long pour obtenir une grossesse.
Elle me dit qu’avec ce genre de pathologie on se laisse généralement 18 mois avant de commencer les recherches sur une possible infertilité.
Mais connaissant ma nature stressée, elle nous propose de faire faire directement un spermogramme à mon mari.
Je ne la remercierais jamais assez de ne pas avoir attendu pour nous faire des examens complémentaires et nous avoir ainsi fait gagner un temps considérable.
Mon mari va faire dès que possible le spermogramme dans un laboratoire de ville.
Nous recevons le bilan environune1 semaine plus tard. Je suis seule ce jour-là à la maison et décide donc d’ouvrir le courrier en me disant que de toute façon il ne doit rien y avoir. Et là, c’est la douche froide. Rien ne va dans le spermogramme : nombre de spermatozoïdes bien inférieur à la normale, malformations sur prêt de 80% des spermatozoïdes, spermatozoïdes très lents voire immobiles et qui ne survivent que très peu de temps. Après quelques rapides recherches, je comprends que mon mari est OATS.
Il va donc falloir que je lui annonce la nouvelle quand il rentre. Ce moment n’a vraiment pas été simple. Il ne me croyait même pas au début et pensait à une blague.
Il m’a fait très mal au cœur ce jour-là car il restait inconsolable en disant que si on n’arrivait pas à avoir d’enfant, c’était de sa faute. Alors qu’en vérité la « faute » était partagée ( chez moi : SOPK + SAPL = Syndrome Des Anti phospholipides)
Je reprends très vite RDV chez la gynéco pour faire le bilan. Elle nous explique qu’elle travaille au centre PMA d’Amiens et que si nous le souhaitons, elle peut continuer à nous suivre.
Après nous avoir donné directement les examens à réaliser afin de pouvoir démarrer un protocole PMA, elle nous dit de prendre tout de suite RDV car les délais sont très longs.
L ‘ARRIVEE EN PMA
Nous sommes déjà en septembre 2017 lors de notre premier RDV PMA.
Nous arrivons avec tous nos résultats et la gynécologue confirme bien les deux diagnostics :
- OATS pour mon mari
- SOPK pour moi
Petite particularité, l’échographie de mon mari a permis de découvrir qu’il ne possédé qu’un seul rein. Personne ne l’avait découvert avant lors des échographies de grossesse ou autre.
Elle nous oriente vers une FIV classique.
JANVIER 2018 – 1ere FIV : la FIV classique
Traitement de cheval pour cette première FIV afin de stimuler au maximum les ovaires et avoir un maximum d’ovules lors de la ponction.
Je commence le traitement avec une excitation et de grands espoirs.
Viens le jour de la ponction. Descente au bloc à 8h et retour en chambre vers 12h avec quelques douleurs mais tout à fait supportables.
Les médecins viennent à 15h pour faire le bilan de cette première ponction.
9 ovules matures ponctionnés et mis en fécondation. Moins que ce à quoi on s’attendait mais une première récolte qui reste très bien.
On m’appelle 3 jours après pour me donner des nouvelles. 5 embryons sont encore présents et se développent correctement. On poursuit donc jusqu’à J5 et ils me rappellent ce jour-là pour le transfert.
Arrive le jour J, je suis toute excitée et stressée. J’attends l’appel avec impatience.
Quand il arrive, j’entends bien à la voix du biologiste que quelque chose cloche.
En effet, entre J3 et J5, tous les embryons qui restaient ont tous arrêtés leur développement. Il n’y aura donc pas de transfert et il va falloir tout recommencer.
1er gros coup de massue.
On reprend donc RDV dans la foulée pour reprogrammer au plus vite la FIV suivante.
MAI 2018 – FIV ICSI 1bis
Mai 2018, 2 ans après notre mariage, on recommence pour une FIV 1bis.
Cette fois-ci on part sur une FIV ICSI et on augmente un peu les doses de stimulation.
La réponse est beaucoup plus forte et on ponctionne 22 ovules matures. Le seul souci, c’est qu’il y a risque d’hyperstimulation et donc il n’y aura pas de transfert frais. RDV dans 3 mois pour le transfert.
Nous avons 2 embryons J5 qui vont nous attendent au frais.
Je fais effectivement une hyperstimulation qui m’oblige à revenir aux urgences le soir même et rester en observation 1 journée.
En septembre 2018, le jour tant attendu du premier transfert arrive. J’étais stressée comme je ne sais quoi à l’idée d’avoir mal, mais tout s’est très bien passé et sans aucune douleur.
Nous voilà partis pour 10 jours d’attente interminables.
Les résultats tombent et là, je ne comprends plus rien. Résultat qui n’est ni positif, ni négatif. En effet, le taux n’est pas à 0 mais n’est pas non plus assez élevé pour que je sois enceinte.
Je ne me fais pas trop d’espoirs, mais j’appelle tout de même la PMA pour savoir ce qu’il en est.
On m’explique qu’il y a de fortes chances que ça soit une grossesse biochimique mais que pour s’en assurer il faut refaire une prise de sang.
A ce moment je sais que ça ne sera pas pour cette fois ci et je me tourne vers l’embryon qu’il reste.
On se laisse un mois de repos et retente sur le cycle de novembre 2018.
Toujours ce même stress et ces montagnes russes entre espoir et perte de confiance en attendant le résultat. C’est POSITIF.
Et en plus, avec de superbes taux. Je suis la plus heureuse et appelle mon mari pour le prévenir. Il n’en revient pas.
Je dois faire une deuxième prise de sang dans une semaine. Une nouvelle attente interminable, d’autant que j’ai beaucoup de douleurs dans le bas du dos et que ça m’inquiète.
Le matin de la deuxième prise de sang, je me réveille très tôt en sentant que quelque chose ne va pas. Je perds beaucoup de sang. Je réveille mon mari et on part directement aux urgences.
Sur place, un médecin nous prend très vite en charge et nous explique que je suis en train de faire une fausse couche. Le monde s’écroule.
Alors certes, ça ne faisait qu’une semaine que je savais que j’étais enceinte, mais la nouvelle reste la même. Très dur à accepter. C’est difficile pour nous.
D’autant plus que les taux sont très longs à redescendre.
MARS 2019 – FIV ICSI 2
Le temps de digérer la nouvelle et de reprendre RDV pour programmer la prochaine tentative et nous voilà reparti pour une 3ème ponction.
Je commence à être rodée maintenant et je n’ai plus de stress pour partir au bloc
Résultat : 16 ovules matures ponctionnés et mis en fécondation. C’est génial.
Mais je fais de nouveau une hyperstimulation et les médecins décident de me garder.
Étant déjà passée par là, je me dis que ça aller et que je serais vite ressortie.
Sauf que ça ne se passe pas comme prévu…
Dans la soirée, je commence à avoir de très fortes douleurs dans le haut du corps. Je me dis que ça va passer et attends avant d’appeler les infirmières.
La douleur a été telle, qu’à un moment donné, je me suis mise à hurler et qu’il était impossible pour moi de me calmer et de ne serait-ce que réussir à prendre des inspirations normales.
Après examen, on observe de nombreux épanchements dans tout l’abdomen.
Je ne vous cache pas que la remise sur pieds a été assez longue. Mais on essaie de se dire que c’est pour la bonne cause et on passe à autre chose.
Appel du biologiste 5 jours plus tard, nous avons 3 embryons au frais.
Waouh c’est génial !
Afin de pouvoir programmer le TEC on rencontre la gynécologue qui nous présente les différentes options que nous avons.
Soit nous faisons directement le transfert (après la période de repos de 3 mois qui suit une hyperstimulation), soit on fait un bilan de fausse couche pour essayer de comprendre les deux que j’ai faite.
On accepte toute suite et faisons les analyses génétiques qui montre un SAPL chez moi. En fait mon sang coagule trop et du coup sans anticoagulant une grossesse aura du mal à tenir.
J’ai donc dû prendre RDV avec un interniste qui m’explique qu’il n’a jamais vu des fausses couches si précoces qui peuvent se résoudre par la prise d’anticoagulant mais me propose tout de même d’essayer.
Qui dit analyses génétiques et RDV avec des spécialiste dit beaucoup de « perte » de temps.
10 mois après la ponction, on reprend enfin le chemin de la PMA avec un protocole un peu différent.
Il faut que je commence l’Aspégic nourrisson dès l’arrivée de mes règles et si prise de sang positive, je commence toute de suite les piqûres d’anticoagulant.
JANVIER 2020 – LE Transfert
Le 20/01/2020, on fait le transfert du 1er embryon congelé.
Franchement, je ne sais pas si je dois y croire ou pas. J’espère de tout mon cœur, mais je ne veux pas non plus me faire de faux espoirs.
La prise de sang a lieu le 01/02/2020. J’y vais pendant ma pause du midi et nous nous sommes mis d’accord avec mon mari de l’attendre avant d’ouvrir le résultat.
Bien sûr, ce jour-là il rentre tard et le stress monte de plus en plus.
L’heure d’ouvrir le courrier arrive enfin, j’en tremble… C’EST POSITIF
Nous sommes super heureux et en même temps on n’ose pas trop se réjouir au vu de la dernière tentative.
Mais le temps passe et toutes les étapes sont validées au fur et à mesure, avec, je ne vous le cache pas, une grossesse très stressante. Je pense que le parcours n’aide pas. Et pour ajouter un peu plus de « piquant », le COVID s’est invité dans la partie.
Malgré une MAP a 22sa, notre petit garçon est arrivé à 38sa à la suite d’un déclenchement nécessaire à cause du protocole Aspégic + héparine.
Nous ne pensions jamais y arriver et pourtant nous sommes aujourd’hui les heureux parents d’un petit garçon de 2 ans.
L’interniste m’a expliqué que je suis la première pour qui le traitement fonctionne pour des fausses couches si précoces, et que cela va permettre de redonner espoir à beaucoup de couples.
JUILLET 2021 – Reprise de la PMA
Aujourd’hui, cela va faire un an que nous avons repris la PMA pour tenter bébé 2.
Il nous restait 2 petits pingouins au frais.
Le premier embryon ne s’est pas implanté et le deuxième n’a malheureusement pas tenu à la décongélation.
Nous avons donc dû repartir pour une FIV complète. Mais celle-ci c’est encore une fois très mal passée. J’ai fait la pire hyperstimulation de toute, avec un très mauvais bilan hépatique.
J’ai fait très très peur à mon mari et mon fils.
Nous avons tout de même eu un embryon congelé et sommes en attente de la réimplantation.
Mais nous nous sommes déjà mis d’accord : ça sera notre dernière tentative. Mon corps ne supporte plus les traitements et je suis très fatiguées physiquement et mentalement.
Alors même si je souhaite de tout cœur ce deuxième enfant, nous avons l’immense chance d’avoir pu vivre au moins une fois cette expérience et je ne veux plus mettre ma santé en danger.