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Don d’ovocytes : faut-il le dire à votre enfant ?

Si les couples homosexuels et les pères et mères célibataires sont contraints d’avouer à l’enfant né par PMA  les circonstances de sa conception par une nécessité évidente, les couples hétérosexuels peuvent plus facilement garder le secret s’ils le souhaitent, notamment s’ils ont caché à leur entourage leurs problèmes d’infertilité.

Si les psychologues spécialistes comme les enfants issus d’un don d’ovocytes affirment une nette préférence pour la franchise, la décision de révéler ou non la vérité appartient entièrement aux parents.

Voici quelques éléments pour vous aider à peser le pour et le contre :

Dire la vérité pour soutenir la construction identitaire de l’enfant

Connaître les circonstances de sa naissance, son origine, est fondamental pour un enfant. Comprendre son identité, c’est mieux se connaître soi-même, se rattacher à tout un tas d’antécédents, quels qu’ils soient, et en jouer pour avancer dans sa vie. Plus sûr de lui-même, l’enfant est alors plus autonome. Expliquer ses origines exactes à l’enfant issu d’une FIV-DO permet également de renforcer la relation parent-enfant, fondée sur la confiance, l’honnêteté et la communication : c’est capital !

Outre ces aspects psychologiques cruciaux, dire la vérité à l’enfant est également bénéfique sur le plan médical. En cas de graves problèmes de santé ou d’accident, connaître son héritage génétique peut s’avérer déterminant. La vérité peut également éviter des problèmes de consanguinité par la suite, même si cela reste très peu probable.

En Suisse, connaître son héritage génétique est même un droit inscrit dans la Constitution, et de nombreux pays suivent le mouvement malgré les oppositions qui règnent encore à propos de l’infertilité et de la PMA sur la scène internationale. Au Royaume-Uni, en Autriche, en Suède, en Australie (Etat de Victoria), aux Pays-Bas et en Nouvelle-Zélande, les enfants issus d’un don d’ovules ont librement accès à l’identité du donneur s’ils la demandent. La Convention Internationale des Droits de l’Enfant (CIDE) ne fait cependant pas mention de cette question pour le moment.

Pourquoi cacher ses origines à l’enfant ?

Si la vérité peut renforcer le lien de confiance qui unit parents et enfant, elle peut aussi se révéler un facteur de fragilité psychologique qui pourrait gêner le développement des aptitudes sociales de l’enfant. La situation devient encore plus complexe si l’enfant vit dans un pays qui ne donne pas accès aux informations sur la donneuse et l’empêche à jamais de connaître l’identité de sa mère biologique. Le risque majeur est que l’enfant se retourne contre ses parents, qu’il ne considère plus comme authentiques, voire développe un trouble réactionnel de l’attachement (DRA). Cependant, le DRA peut survenir dans bien d’autres circonstances (secrets quelconques dans une famille, divorces, remariages…) et n’est absolument pas spécifique à une naissance par FIV-DO.

Souvent, la véritable crainte des parents est de révéler à tous leur infertilité, un sujet encore tabou dans de nombreuses sociétés. Des recherches montrent que la majorité des parents ne comptent pas divulguer à l’enfant qu’il est né grâce au recours à une FIV-DO, notamment lorsqu’il s’agit d’un don de sperme, un peu moins lorsqu’il est question d’un don d’ovocytes.

Quand et comment en parler ?

Lorsqu’ils ont décidé d’en parler avec leur enfant, les parents qui ont eu recours à un don peuvent choisir d’entrer plus ou moins dans les détails. En fonction de la législation en vigueur dans le pays où il est né, l’enfant aura également accès à plus ou moins d’informations sur son père ou sa mère biologique :

  • Aux Etats-Unis : toutes les caractéristiques et l’identité de la donneuse ou du donneur sont disponibles sur Internet. Certains sont même désireux de connaître leurs futurs enfants et créent des blogs afin de gagner en visibilité et de faciliter le contact.
  • Au Royaume-Uni : les donneurs ont l’obligation de laisser une description personnelle et un message de bonne volonté à l’enfant, qui pourra en prendre connaissance en grandissant et pousser plus loin ses investigations s’il le souhaite.
  • En France, en Espagne, à Chypre, en Grèce, au Portugal et en République tchèque, les donneurs et donneuses sont anonymes, aux yeux des enfants comme des parents. Seuls quelques caractéristiques physiques sont accessibles : couleur des yeux, des cheveux, poids, taille, groupe sanguin.

D’une manière générale, il est déconseillé aux parents de révéler les origines de leur enfant au moment de l’adolescence ou à l’âge adulte, car l’individu développera plus facilement un sentiment de frustration et de déception à l’égard de ses parents.

Annoncée tôt, les conditions singulières de sa conception sont mieux assimilées par l’enfant, qui apprend à les digérer avec le temps. De plus, l’enfant ne découvrira pas ses origines par hasard ou par lui-même, ce qui est davantage bénéfique pour la relation avec ses parents.

Il n’est pas possible de donner un âge, même approximatif, où il serait le plus avantageux de tout révéler à l’enfant. Le moment opportun dépend de son degré de maturité, de son niveau de préparation psychologique, de l’état d’esprit des parents… Autrement dit, chaque situation familiale est unique, et seuls les parents sont à même de décider du meilleur moment.

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