Histoire
En quelques dates clefs :
1934: 1ère étude de FIV
Gregory Pincus, chercheur américain, publia la première étude sur la Fécondation In Vitro effectuée sur des lapins.
Mais Pincus était en avance sur son temps et son expérience fût extrêmement critiquée.En effet, Aldous Huxley, écrivain américain, venait de publier son roman «Le meilleur des mondes». Il y racontait l’histoire cauchemardesque de bébés éprouvette nés sans humanité ni esprit.Le Times Magazine dépeigna alors Pincus comme « un docteur Frankenstein » qui transformait la science-fiction en réalité. John Rock et Miriam Menkin, un couple de chercheurs américains entendirent parler des travaux de Pincus.
Spécialistes en obstétrique et gynécologie, ils souhaitaient appliquer cette technique pour combattre l’infertilité féminine.
1944: 1ère fécondation in vitro
Après de nombreuses tentatives,Miriam Menkin fut la témoin en de la première fécondation ayant eu lieu hors du corps de la femme, dans une boite de Pétri.Le couple ne tenta pas de réimplanter les embryons dans l’utérus humain.
Années 60: travaux de Robert Edwards
L’histoire de la FIV est marquée par la personnalité de Robert Edwards, physiologiste de Cambridge (Grande Bretagne).Il travaillera,dès les années 60 et pendant plus de 20 ans,sur la fécondation et le transfert d’embryon,aussi bien chez l’animal que chez l’homme.
1978 : naissance de Louise Brown, le premier bébé éprouvette
L’amélioration des connaissances biologiques et des techniques médicales permit en 1978 la première naissance viable d’unenfant conçu par FIV. Il s’agit de Louise Brown, née en Grande‐Bretagne, «fruit» du travail de Robert Edwards et du gynécologue Patrick Steptoe. Cet événement fit sensation dans le monde entier,mais de fortes réserves ont alors été exprimées.
Outre la réticence des Églises,les scientifiques boudaient l’exploit de l’équipe britannique, lui reprochant d’avoir sacrifié l’information scientifique à la communication médiatique.
1981 : mise en place de la stimulation de l’ovulation
Les premières FIV se font sans stimulation hormonale: un seul ovocyte est prélevé,et les chances de succès restent infimes. En 1981, est imaginé le principe de la stimulation d’ovulation qui permet d’obtenir plusieurs ovocytes au lieu d’un seul et de multiplier alors les chances de succès de la fécondation, puis de la réimplantation de l’embryon dans l’utérus.
Février 1982 : naissance du 1er bébé éprouvette français
En France, le premier «bébé éprouvette» nommée Amandine est né en 1982 à l’hôpital Antoine Béclère de Clamart grâce à la technique de la FIV effectuée par l’équipe du Dr Jacques Testart et le Pr René Frydman.
Amandine est née à 3 h 20 le 24 février 1982. Ses parents, connaissant la médiatisation extrême qui avait entouré la naissance de Louise Brown, ont préféré conserver l’anonymat et protéger au maximum l’intimité de leur famille.
L’accouchement eut lieu dans le plus grand secret : « Un véritable scénario policier avait donc été monté afin de tromper les paparazzi et autres présences gênantes ou indiscrètes. Une fausse date de césarienne pour une patiente mystérieuse fut programmée une semaine après la date de l’accouchement de la mère d’Amandine, afin de faire baisser la tension médiatique, car on avait découvert par exemple de faux infirmiers traînant dans les couloirs, ainsi que des photographes installés sur le bâtiment d’en face » témoigne le Pr René Frydman.
La compétition pour être les premiers à faire une FIV en France
Y-avait-t-il une compétition en France pour être la première équipe à réaliser une F.I.V. ?
Oui, il y avait une compétition amicale, mais une compétition quand même. Il y avait une autre équipe à Sèvres dirigée par Jean Cohen. À un moment où on faisait des fécondations en cycle naturel, de manière très sporadique, pas comme aujourd’hui, cette équipe avait un problème. Ils n’arrivaient pas à avoir de fécondation. Nous on avait des fécondations, mais pas de grossesses. Donc on a décidé de faire un partenariat, on recevait les ovocytes et dons de sperme de l’équipe de Sèvres, on faisait la fécondation en laboratoire ici et j’allais faire le transfert avec Jean Cohen. La patiente est enceinte, mais elle avorte, du coup cela a créé un lien entre les deux équipes. Il se trouve que ça s’est fait comme ça, mais de fait, ils nous ont suivis peu de temps après, mais il se trouve que l’on a réussi techniquement en premier avec Amandine.
L’état d’esprit à l’époque
Quel était l’état d’esprit à l’époque ?
L’état d’esprit était plutôt mitigé, parce qu’il y avait beaucoup de gens qui étaient opposés. Pas beaucoup de gens savaient que l’on travaillait dessus, mais il y avait déjà eu la naissance de Louise Brown en Angleterre, donc il y avait déjà des réactions et beaucoup de gens trouvaient que c’était une vraie transgression que d’avoir un embryon in vitro sous les yeux, de pouvoir le voir, le toucher, le manipuler, choses qui étaient impossibles jusqu’à présent. Même des gens très connus dans le milieu scientifique y étaient opposés disant qu’il fallait plus travailler sur l’animal etc. D’ailleurs les essais sur animaux sont venus près de 10 ans plus tard, par exemple chez le singe, ce n’est pas si facile que ça la fécondation in vitro, parce qu’il y a incontestablement des inconnues liées aux espèces, et chez le singe notamment ça fonctionne très mal. Chez la lapine, c’était en 1960, chez la vache ça a été après, très vite. C’était extrêmement enthousiasmant, parce qu’il y avait ce sentiment qu’il y avait là une possibilité qui allait résoudre beaucoup de problèmes sur lesquels on passait des heures et des heures en chirurgie, où on voyait bien que les couples étaient détruits. C’était un espoir. Evidemment dès que ça s’est réalisé, même la première fois, ça a été un “boost” important tant sur le plan scientifique qu’humain. J’étais allé voir Bob Edwards, avant même la naissance de Louise Brown, donc quand il y a eu cette grossesse cela m’a beaucoup stimulé. Je suis allé en stage en Australie, où ils travaillaient aussi sur la question, dans les années 1980-81 et il y avait énormément de points scientifiques qui étaient passionnants et puis de points sociologiques, humains, culturels et éthiques aussi. Pour nous, cela va marquer la naissance de l’éthique, non seulement le président Mitterrand va créer le Comité National d’Éthique mais c’est la première fois que de façon aussi organisée, il va y avoir la nécessité d’avoir une réflexion éthique, peut-être dans le domaine des greffes aussi, mais c’est à peu près à la même période, et ensuite on va passer de l’éthique au droit. C’est à dire de donner un encadrement, certes qui doit donner des libertés mais quand même donne toujours certains interdits.
Juin 1982 : seconde naissance française
Une seconde naissance est obtenue à l’hôpital de Sèvres par une équipe constituée autour de Jean Cohen, Jacqueline Mandelbaum et Michèle Plachot.
L’essor de la FIV en France fut. dès lors, très rapide.
Dans les années qui suivent, plusieurs centres de FIV ouvrent leurs portes dans des villes de province (Montpellier, Bordeaux, etc )
1983 : Création du Comité consultatif national d’éthique
Conçu comme un lieu où débattre des questions soulevées par ce type d’innovation et dont les premières discussions portèrent essentiellement sur le statut de l’embryon.
1986 : Première naissance en France à Béclère de Guillaume et Sarah après cryopréservation des embryons
1986 : Création du GEFF
C’est le Groupe d’étude de la fécondation in vitro en France), qui centralise les informations provenant des divers centres, et. d’autre part, le réseau Fivnat qui mène une enquête de santé publique.
1990 : Mise au point de la technique de l’ICSI
L’une des révolutions en matière de FIV est la découverte de la technique de l’ICSI,mise au point en Belgique en 1990 par les professeurs André Van Steirteghem et Paul Devroey,permettant le traitement de stérilité masculine.
Puis, vinrent très rapiement les premières naissances en France à Béclère en ICSI.
1991 : Premiers enfants nés après DPI en Grande Bretagne
Années 1990 : mise au point de la technique de congélation embryonnaire en Corée du Sud
2000 : Premières vitrifications d’embryon et d’ovocytes au Japon
2000 : Première naissance après DPI en France à Béclère
2010 : Prix nobel pour Robert Edwards
Le physiologiste britannique Robert Edwards vient d’être récompensé par le prix Nobel de médecine 2010 pour ses travaux pionniers sur la fécondation in vitro, qui ont abouti en 1978 à la naissance du premier bébé éprouvette, Louise Brown.
Articles et Etudes
« Histoire de la fécondation in vitro » J. Mandelbaum 11 Juillet 2010 :
Cliquez pour y accéder
Avis très intéressant de Jacques Testart sur la minoration du rôle des biologistes dans les médias :