8 choses que les infertiles aimeraient dire aux mamans
Ou plus exactement : 8 choses que les femmes infertiles voudraient dire à celles qui ont des enfants
Mathilde du forum a eu la gentillesse de nous envoyer ce texte si vrai dans le vécu de l’infertilité, je lui laisse la parole :
Avant de commencer à lire ce texte, laissez-moi vous dire que je ne souhaite que le meilleur à toutes celles (et tous ceux !) qui liront ce post. Je veux que vous sachiez que la première raison pour laquelle j’ai décidé de partager mon expérience d’infertile est d’essayer d’aider les autres femmes qui sont dans le même cas que moi en leur montrant qu’elles ne sont pas seules.
La deuxième raison qui m’a conduite à aborder ce sujet est de permettre aux autres, qui ne sont pas concernés mais qui veulent aider, de voir de l’intérieur ce qu’endure une femme infertile jour après jour.
Il m’a donc fallu plusieurs semaines pour écrire ce texte. L’idée générale m’est venue à l’improviste et a progressivement évolué jusqu’à devenir ce que je partage avec vous aujourd’hui. Il ne s’agit pas seulement de mes pensées et de mes opinions. Il s’agit de sentiments partagés par la majorité des femmes qui connaissent actuellement les malheurs de l’infertilité, de celles qui sont enfin enceintes après des années d’essais, et de celles qui sont passées par là et sont aujourd’hui mamans.
1) Je l’avoue… Nous sommes jalouses de vous
Surtout, sachez que nous ne vous haïssons en aucune façon parce que vous êtes capables de porter des enfants. Par contre nous ne souhaiterions pas cette souffrance même à notre pire ennemie. Mais il ne sert à rien de le nier… les femmes infertiles envient les femmes qui ont des enfants. Nous voyons la connexion, l’amour, et le lien incroyable qui vous unissent à eux. Nous voyons la joie qu’ils apportent chaque jour dans votre vie, cette joie que nous souhaiterions par-dessus tout dans la nôtre. Nous serions prêtes à tout abandonner pour ça, à donner notre dernier centime, et à mourir pour connaître ça. Nous ne sommes pas aigries parce que vous êtes heureuses… Nous voulons seulement une part de ce bonheur aussi. Voilà… Maintenant, vous savez.
2) Cartes, emails, petits mots gentils, gestes d’attention sont plus appréciés que vous ne l’imaginez
L’infertilité crée des tonnes de problèmes d’estime de soi, d’insécurité, et le sentiment d’être « exclue ». Un petit message ou un texte écrit à la main, ou un geste attentionné peut nous rendre le sourire pour toute la semaine. La fête des Mères est un jour particulièrement difficile pour celles qui aimeraient le devenir, mais en sont physiquement incapables. Je n’oublierai JAMAIS le groupe d’amis qui m’a envoyé un message cette année pour cette journée. Je suis passée d’un sentiment de dépression extrême à un sentiment de profond encouragement, et j’étais touchée que quelqu’un pense à moi et prenne le temps de me le faire savoir. Même si la fête des Mères compte parmi les jours les plus difficiles pour les femmes sans enfant, l’infertilité est toujours présente, quelque jour qu’on soit. Une simple pensée peut illuminer une de ces journées.
3) Ne le prenez pas personnellement lorsqu’on décline une invitation à une babyshower
Honnêtement, refuser de venir, c’est vous faire une faveur. Sérieusement… Avez-vous vraiment envie qu’on garde un air triste tout le temps de la fête et qu’on risque soudain d’exploser en sanglots ? Nan… Je ne pense pas. Il est plus prudent pour vous d’accepter le fait que nous sommes sincèrement heureuses pour la chanceuse future maman, mais que nous ne voulons pas ruiner cette journée unique en étant une invitée maussade.
Note : Personnellement, je n’ai pas de problème avec les babyshower. Cependant, j’ai discuté avec d’autres fivettes qui ont plus de mal à supporter ce genre d’événement. Ce paragraphe est pour elles.
4) Nous souffrons en permanence
Je suis certaine que ça paraît bien exagéré pour toutes celles qui n’ont jamais été dans notre cas. Pour celles qui l’ont été, je suis sûre que vous voyez EXACTEMENT ce que je veux dire et que vous pouvez probablement encore sentir cette douleur amère à chaque fois que vous pensez à cette période de votre vie. Notre douleur est chaque jour augmentée par des choses auxquelles une personne « normale » n’aurait jamais pensé. Quelque chose d’aussi simple qu’une publicité pour des couches, avec un bébé qui rampe sur le sol, ou voir une maman dehors avec ses propres bambins, ou rien que passer devant les vêtements pour bébé Bonpoint, sont pour nous autant de situations qui nous rappellent ce que nous manquons. C’est comme un énorme couteau qui serait planté dans votre poitrine, et à chaque fois que vous repensez au vide en vous, le couteau s’enfonce toujours plus profondément. La douleur, bien que parfois moins intense, ne nous quitte jamais totalement.
5) Nous dire de « simplement adopter » n’aide pas
L’adoption ne fera pas disparaître la douleur de l’infertilité d’un coup de baguette magique. C’est assurément une solution envisagée par de nombreux couples infertiles, mais le désir de porter son propre enfant ne disparaît pas en adoptant. Et puis, il y a l’aspect financier. Je n’entrerai pas davantage dans les détails, mais financièrement, légalement et émotionnellement, ce n’est vraiment pas quelque chose de facile, contrairement à ce que certains semblent penser.
6) Nous voulons rester votre amie, même si vous avez des enfants
Je comprends que ça puisse parfois être embarrassant. Vous pouvez vous sentir mal à l’aise à l’idée d’inviter un couple confronté à l’infertilité à un événement avec vos enfants ou à l’anniversaire d’un gamin. Oui, parfois, nous refuserons l’invitation, lorsque nous ne nous sentirons pas émotionnellement capables d’y participer, mais s’il-vous-plaît, ne partez pas du principe que nous ne voudrons jamais venir si vos enfants sont présents. Nous nous sentons déjà assez isolées à cause de notre particularité… alors s’il-vous-plaît, ne nous excluez pas encore plus de vos vies parce que vous craignez qu’on se sente mal à l’aise.
7) S’il-vous-plaît, ne nous donnez pas de conseil pour tomber enceinte. Croyez-moi, nous avons déjà tout entendu, tout lu et tout essayé !
Nous sommes tout à fait conscientes que vous essayez sincèrement de nous aider, mais il est plus que probable que nous ayons déjà essayé tout ce que vous nous conseillez (et plus encore) ! Nous avons écouté chaque histoire, cherché toutes les possibilités, et nous ne voulons pas savoir comment le meilleur ami du cousin de votre belle-sœur a connu une fille qui a essayé tel et tel moyen et fini par tomber magiquement enceinte. Tant mieux pour eux, mais nous ne sommes pas cette fille, et vous ne connaissez probablement pas les détails de sa situation, ni de la nôtre. Je suis sûre que tout ça sonne de manière acerbe… Vous devez vous dire que j’ai entendu un peu trop de conseils de la part de personnes qui n’avaient aucune idée des problèmes médicaux qui m’empêchent de concevoir.
8) Comprenez qu’on ne puisse pas compatir quand vous vous plaignez de votre grossesse ou de vos enfants
Je pense qu’une partie du « rite de passage de l’infertilité » consiste à se faire la promesse que vous ESSAIEREZ aussi fort que possible de ne pas vous plaindre de votre grossesse ou de vos enfants, si ce jour finit par arriver. En fait, je parierais que 99% des femmes souffrant d’infertilité comprendront exactement ce que j’ai en tête quand je dis qu’écouter quelqu’un se plaindre à cause des nausées du matin, de la perte de sommeil ou des enfants qui chouinent peut littéralement vous faire grincer des dents intérieurement. Quand vous attendez, espérez, priez et pleurez toutes les larmes de votre corps comme nous, vous ne pouvez simplement pas vous sentir proche de femmes qui considèrent leurs miracles comme quelque chose de normal. Nous échangerions volontiers votre pire journée avec des enfants contre notre meilleure journée sans eux.
Note : Nous comprenons qu’être mère est difficile. Nous ne nous attendons pas à ce que chaque jour avec des enfants soit parfait. Le fait est que nous ne pouvons pas nous sentir proches de femmes qui ont pour habitude de se plaindre de quelque chose pour laquelle nous donnerions tout.
Un grand merci à Mathilde d’avoir partagé ce que beaucoup endurent au quotidien.
Un grand merci pour ce texte qui résonne en moi.. après 10ans d’essais infructueux, de nombreuses remises en question, une lueur d’espoir au loin.. j’avoue que ce texte me parle à 100%. Les phrases “quand tu n’y penseras plus.. ça viendra” ou “faites des gosses..” ou “la femme du fils de xx était comme toi” je ne peux plus les entendre. Et la fête des mères.. me sort littéralement par les les trous d’oreilles. Sinon tout va bien’. 😝
C’est tellement ça!!! Je rajouterais également une phrase qui arrive trop souvent et qui blesse si profondément : « De toute façon, tu ne peux pas comprendre, t’as pas d’enfant!!! » . J’ai été tellement exaspérée que je me suis vue répondre à propos de mon parcours PMA « De toute façon, tu ne peux pas comprendre, t’as des enfants! » Et ça fait un bien fou de le dire!
Merci pour cet article merci merci merci !
Je me détestais de ressentir et de penser tout ce qui est décrit ici !!!
Merci de me déculpabiliser, de me faire savoir que je ne suis pas seule dans ce cas
Merci d’avoir exprimer tout ce que je pense et ressens
Je comprends ce sentiment, ayant été confrontée à cela.. c’est vrai, si peu de témoignages en ce sens. sans compter que lorsque ces pensées du type
« Pourquoi les médecins font comme ci c’était moi le problème ??? Pourquoi autant de médicaments de piqûres etc … qui a carrément déréglée mon corps étant déjà hyper fertile … Toutes ces questions si dures … oulaaaa je le suis laissée emportée »
viennent nous envahir, cela amplifie un autre sentiment de culpabilité vis-vis de l’homme qu’on aime pourtant, et qui en même temps « nous confronte à cela ». je me suis souvent dit que je m’en serai mieux sortie si l’handicap était de mon côté, je me serai fait une raison, mais là c’est comme être dans une équation insoluble, un paradoxe infernal… bref, c’est dur et ça vient grignoter le coeur et l’âme.
ce sentiment de solitude m’est également familier.
voilà, une petite contribution pour dire qu’il y a d’autres femmes seules avec « ça », et que s’emballer un peu parfois, et être déboussolée émotionnellement, ça fait aussi parti du lot, longtemps. j’essaie de reprendre une vie normale sans savoir ce que cela veut dire pour moi aujorud’hui en fait. on essaie de se construire une vie autre, avec ces échecs à répétition dans notre besace.
il m’arrive d’être celle qui « plombe l’ambiance » dans mon propre couple car les choses ne se vivent pas au même tempo en plus… alors merci les filles de témoigner, merci.
Bon courage à toutes les filles et tous les couples qui sont dans cette situation. J’ ai une chance inouie que la pma ait finalement fonctionner dans notre cas mais je me suis reconnue dans cet article et surtout sur les conseils des autres ou le « t as qu adopter! » qui est particulièrement énervant… pleurer a l’annonce d’une femme enceinte… en regardant des pubs ou des films avc des bébés… c’est juste normal… il faut se foutre des reactions des gens qui ne comprennent pas !
Lire tous les articles la faite pleurée. Enfin qlq qui comprend. Qui met des mots aux maux. Qui exprime exactement les sentiments les doutes les colères et. …. je me sens tellement seule … plus les mois passent et plus on s’éloigne avec mon mari. Ce combat fait mal au corps à la tête et au cœur. Je vois bcp d’articles concernant les femmes. Mais ne voit pas le cas d’une infertilité masculine avec une femme hyper fertile … un témoignage qui me concerne. Pourquoi je dois me faire piquer. Pourquoi je dois affronter une fiv après des inséminations ratées. Pourquoi les médecins font comme ci c’était moi le problème ??? Pourquoi autant de médicaments de piqûres etc … qui a carrément déréglée mon corps étant déjà hyper fertile … Toutes ces questions si dures … oulaaaa je le suis laissée emportée. Merci encore pour tous ces articles
En lisant cet article, je me sens tellement moins seule …. je me reconnais dans tous les point énumérés. Je me posais beaucoup de question, car je prenais peur à me dire que je devenais vraiment méchante.
Merci pour cet article
Les mots sur ces maux… Merci. Je me reconnais tellement. Les points 7 et 8 notamment !! Un calvaire… J’ai peur de devenir aigrie et méchante à force. Mais lire votre texte et d’autres témoignages m’aide… Alors merci, vraiment.
Et pour les hommes infertiles c’est double punition. pour eux et pour les femmes qui partagent leur vie.
Il est vrai qu’on a rarement des témoignages d’hommes sur la situation. Un point de vue masculin serait apprécié….
oui, c’est tout à fait vrai. une double punition qui ne se vit pas au même tempo en plus.
Merci Mathilde pour cet article si vrai.
Comment ne pas sourire sur certains points ou au contraire, sentir nos émotions nous gagner.
Personnellement, le point 7 m’a amusé car lorsqu’on écoute les gens, ils sont tous gynéco et ont tous un avis. Surtout le « arrête d’y penser, tu verras, ça marche à chaque fois. » Ok, promis, je ferais un effort pour ne plus y penser surtout lorsque tu me parleras de ton petit dernier ou que notre énième copine aura accouchée ou que bien sur, il y aura la promo à la tv de la dernière saison de Baby-boom. 😉
Bon courage à nous toutes qui passons par là
Je me suis tellement reconnue ! Surtout pour le point 4 et le 8 ! Une collègue n’a pas compris pourquoi j’ai fondu en larmes quand elle se plaignait de ses vergetures et de son gamin qui dormait mal… Elle est pourtant au courant qu’on ne peut pas avoir d’enfant naturellement, me dit « comprendre » et que pour elle aussi l’attente était très difficile à supporter (elle a même recommencer à fumer quand elle était en essai bébé un, me dit-elle…) Elle est tombée enceinte aux deuxièmes cycles (oui oui avec « s », enceinte à C2 pour ses deux grossesses)… Ell est actuellement enceinte de son deuxième alors ce n’est vraiment pas facile pour moi au boulot ! Elle m’a dit un jour que je prennais bcp de recul par rapport à notre situation… Forcément, depuis qu’elle est enceinte, elle prend toute la place au boulot et tout ne tourne qu’autour d’elle ! Donc non, je n’ai pas pris de recul et je souffre à en crever sans que chaque jour qui passe n’apaise cette douleur !