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Notre rencontre

Lorsque j’ai rencontré mon conjoint, j’avais déjà 32 ans. Ce n’est pas vieux pour construire une vie de couple mais quand même assez pour fonder une famille, en tous cas quand on est une femme. Il en avait 35 de son côté et déjà un enfant mais nous partagions l’envie d’en avoir un ou plusieurs ensembles.

De mon côté, je voulais préparer « le terrain ». Un an après notre rencontre, j’ai donc demandé à ma gynécologue de passer les examens nécessaires pour vérifier si tout était favorable à une potentielle grossesse car je soupçonnais un problème sous-jacent. Malheureusement j’avais raison.

Ma maladie

J’ai découvert que j’étais atteinte d’endométriose. Pas très étendue certes mais présente tout de même.

Je m’en doutais. J’avais peur de le savoir alors je retardais l’examen mais quand on se tord de douleurs jusqu’au bord de l’évanouissement chaque mois – même si on le sait toutes : « c’est normal d’avoir mal pendant ses règles Madame ! » – je savais que quelque chose n’allait pas.

A l’annonce du diagnostic, je commençais déjà à me faire une raison : « Je n’aurai pas d’enfant et puis c’est tout, c’est le destin, c’est un signe… » et j’en passe.

Je faisais une croix sur cette potentielle vie de maman, à essayer de fabriquer une phrase pour expliquer aux gens pourquoi j’ai un sourire gêné quand pour la centième fois on nous demande « et le bébé ? c’est pour quand ? ». Mais je ne voulais pas me réveiller dans 10 ans en regrettant de ne pas avoir essayé.

Je savais que le parcours allait être long mais je me suis lancée et j’ai consulté une spécialiste en PMA.

J’ai eu la chance d’être toujours orientée vers des personnes agréables, prévenantes et qui m’expliquent bien tout ce qu’il va se passer.

« Tout d’abord Madame, il faut enlever l’endométriose de l’équation ».

Ok, allons y. Je suis donc renvoyée vers un autre spécialiste, de l’endométriose cette fois, et une date d’opération est fixée.

Cette dame

C’est en attendant cette opération dans les couloirs de cet hôpital, allongée sur mon brancard, que j’ai entendu cette dame.

Ah ! Cette dame …

Je ne la connais pas mais je pense à elle souvent.

Elle sortait du bloc opératoire, guidée par les brancardiers vers la salle de réveil, et je l’ai entendu, la voix embrumée par un restant d’anesthésie, demander à l’infirmière près d’elle : « alors c’est bon maintenant je peux faire des bébés ? ».

Sur le moment j’ai ri, et en même temps j’ai eu envie de la serrer dans mes bras et de lui dire que oui maintenant elle pourra parce que je vais lui envoyer tout un tas d’ondes positives, et puis aussi je voulais pleurer, et enfin j’ai voulu leur demander aussi si je pourrais avoir des enfants moi…

En attendant de le savoir, il fallait de nouveau que je laisse un parfait inconnu me regarder dans le plus simple appareil et cette fois en plus en étant totalement endormie… On a vraiment une confiance aveugle dans le domaine médical hein ? J’ai subi cette opération et on a enchainé tout de suite avec le protocole de la PMA.

Je me demande ce que j’ai dit en sortant du bloc moi …

Première étape : tenter des stimulations

Les piqures, à heure fixe, et les rapports, à date fixe… ce n’était pas très facile à vivre ni à gérer mais on a essayé. Parce qu’on le voulait. Parce qu’il le fallait.

Quatre mois plus tard, rien. Et le pire c’est que la vie continue. Mes règles deviennent de plus en plus douloureuses malgré l’opération, mes amies tombent enceintes, mes belles sœurs tombent enceintes, toutes les femmes du monde tombent enceintes (!) et il faut faire bonne figure.

Dans la famille, ils veulent savoir. Ils ne demandent pas ce qu’il se passe mais ils disent « ça va venir » parce qu’il faut bien dire un truc. Et là, je ravale juste ma salive en me disant « mais qu’est-ce que tu en sais ? ».

Envier les autres, c’est le plus dur. Le matin, le midi, le soir, la nuit. On y pense. Quand on regarde la télé, au restaurant, les familles assises à table, les femmes enceintes dans le métro, les enfants qui courent, qui jouent… c’est tous les jours pour tout le monde partout mais pas pour moi. Et personne ne sait pourquoi. Pourquoi eux et pas moi ?

Un soir, mon chéri et moi dinions dans un restaurant avec buffet à volonté. Il s’est levé pour aller se servir. La place en face de moi étant vide, je pouvais voir, derrière notre table, celle d’une petite famille qui s’était installée : une Maman, un Papa et deux enfants qui étaient leurs portraits crachés. Alors j’ai pleuré. C’était incontrôlable. J’ai tenté au mieux de faire glisser le nœud qui s’était formé dans ma gorge avec une bouchée de mon repas, j’ai essuyé mes joues et j’ai oublié. Et puis je m’en suis rappelé et je m’en rappelle encore…

FIV

Les stimulations ne donnent rien alors étape suivante : Fécondation in vitro.

Jusque-là tout m’avait déjà semblé très dur. Voilà plus d’un an qu’on est dans le protocole. Mais là… on rentre dans un parcours du combattant, le Koh Lanta de la procréation, le Ninja Warrior de l’enfantement …

J’avais fait le calcul et je me disais : « Il y a 6 barrières à franchir : « Ce n’est pas gagné mais on va le tenter ma poulette ».

Barrière n° 1 : obtenir au moins un ovocyte à la ponction

Barrière n° 2 : qu’il soit fécondé

Barrière n° 3 : qu’il soit viable après 6 jours

Barrière n° 4 : qu’il s’accroche une fois transféré

Barrière n° 5 : qu’il tienne 9 mois

Barrière n° 6 : qu’il me donne un beau bébé en pleine forme

Je prenais des médicaments, j’en ai pris d’autres. J’avais des piqures, j’en ai fait d’autres.

C’est long, c’est dur, ça fait mal et c’est très éprouvant physiquement et moralement.

Mais je l’ai fait, encore parce que je le voulais, et encore parce qu’il le fallait.

Côté couple, c’était assez simple : il allait là où je lui disais d’aller quand je lui disais d’y aller, il faisait les examens que je lui disais de faire quand il fallait les faire, et il attendait les instructions ultérieures. Je suis quelqu’un de très organisée alors ça m’arrangeait que ça se passe comme ça.

J’aurai peut-être aimé qu’il s’investisse ou s’intéresse plus mais je ne me formalisais pas.

C’est parti mon kiki

Le jour de la ponction, je voulais y aller sereinement. On avait pris la route pour la clinique en avance mais malheureusement il y avait des bouchons. Je stressais, les yeux rivés sur le GPS qui ne cessait de mettre à jour notre heure d’arrivée.

J’ai néanmoins pu desserrer les dents en arrivant à bon port.

Curieusement la seule personne détestable que j’ai croisé lors de ce parcours a été la secrétaire de la clinique. Après m’avoir jeté au visage que j’aurai dû envoyer le dossier par courrier même s’il est indiqué sur la fiche de renseignements qu’il faut l’envoyer par e-mail, elle m’a dit de monter au 4ème étage sans même m’avoir regardé une fois dans les yeux… c’est en écrivant cela que je me rends compte à quel point les gens n’ont aucune conscience de l’impact qu’ils peuvent avoir sur quelqu’un au cours de leur journée…

Enfin bref, j’étais bien contente de revoir ma spécialiste en PMA dans la salle de ponction. Un visage familier, même masqué, m’a permis de respirer un grand coup avant de m’endormir.

Et là, j’ai eu une chance incroyable (je le sais aujourd’hui) : 18 ovocytes ponctionnés, 12 fécondés et 6 sont devenus des embryons viables, prêts à être implantés.

Trois barrières sautées en l’espace d’une semaine… Je restais zen, j’essayais de ne pas m’imaginer que tout était joué d’avance et je tire mon chapeau à ma spécialiste en PMA qui ne m’a pas laissé entrevoir cet espoir.

Si elle me l’avait fait comprendre à l’époque, j’aurai été trop confiante je pense. Et dans un parcours comme celui-ci, être confiante n’est pas une bonne approche car la redescente peut être dure…

Dans mon cas, mes ovaires, polykystiques (ça c’est parce que l’endométriose ne suffisait pas), ne permettaient pas un transfert immédiat. J’ai donc mis mon corps au repos le temps des vacances d’été.

3 mois plus tard

J’ai tenté au mieux de me détendre, d’oublier tout ce parcours difficile bien que nécessaire et de tranquilliser mon psychisme, car à ce qu’il parait, plus on y pense et moins ça marche …

En septembre, j’ai préparé mon corps au transfert. J’étais plus sereine, j’avais hâte.

On retourne à la clinique, on essaie de plaisanter, de tout prendre à la légère, de ne pas mesurer l’importance de cette journée parce que ce serait avouer qu’on mise tout dessus, qu’on se damnerait pour que ça marche.

Je me suis installée sur le fauteuil, j’ai fixé le téléviseur où était diffusé mon transfert en live et j’ai regardé ce minuscule petit point blanc être implanté dans mon utérus.

En sortant de la salle, j’ai dit à mon chéri : « rho, j’ai des nausées ».

Une semaine après, les vraies ont commencées…

Mon petit point blanc va bientôt avoir 3 ans. Il est le soleil de ma vie et mon plus beau combat.

Il s’appelle Aaron. Cela signifie « celui qui vient de loin »…

Un bébé couette surprise

Nous avons tenté un second transfert d’embryon en mai dernier qui a malheureusement été un échec.

Nous avions décidé de reporter la prochaine tentative à la fin de l’année car nous nous marions en juin prochain.

Et voilà que pendant nos vacances d’été la magie se produit…

Fin août, de nombreuses nausées et une grossesse spontanée miraculeuse !

Je pense que beaucoup des ondes positives dont a profité notre famille ont été transmises par l’ensemble des personnes avec qui j’ai pu discuter sur le forum au cours de mon parcours.

Un grand merci à tous !

 

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