Sélectionner une page

Le témoignage de Marion, 4 FIV-DO à l’étranger et une grossesse

Je n’ai pas d’ovaires

Je n’ai pas d’ovaires. Depuis mon plus jeune âge, je connais les difficultés que je vais affronter pour devenir mère. Je rencontre ma moitié d’âme sur le tard, il y a huit ans. Nous décidons de vivre notre amour à fond sans se poser de questions. Nous nous suffisons à nous même. Je sais que l’horloge au-dessus de moi tourne plus rapidement que celle des femmes “fertiles” mais je sais aussi que le choix est encore l’unique liberté qu’il me reste en tant que femme en âge de concevoir.

Le désir d’enfant

Fin 2019, nous décidons qu’il est temps d’aller chercher notre petite âme. J’ai alors 35 ans et mon conjoint 42. Je suis enthousiaste et je m’occupe assez rapidement de tous les premiers rendez-vous obligatoires et examens de base. Nous nous renseignons sur les différentes cliniques étrangères car en France, ouvrir la porte de la fécondation in vitro avec dons d’ovocytes reste très difficile, très long et laborieux.

Attendre encore des années une chance d’un transfert n’est pas concevable à nos âges. Après avoir minutieusement trié les cliniques étrangères, nous hésitons entre la clinique Eugin de Barcelone et la clinique Unica de Prague. Au départ de cette aventure, je suis convaincue que le premier essai sera le bon. Je suis absolument certaine qu’il ne sera pas nécessaire de soulever tout un monde pour réussir. Je pars gagnante et heureusement car si j’avais eu écho de ce qui m’attendait, si j’avais su le combat que j’allais mener pour ma petite âme, alors je me serais sans doute préparé différemment et je n’aurais pas eu autant de volonté.

Nous partons à Prague pour une FIV-DO

Mars 2020. Nous partons pour Prague, la clinique Unica sera notre première halte dans ce voyage intérieur. Nous partons pour deux semaines, nous obtenons 2 embryons de cinq jours. C’est un peu la douche froide. Moi qui m’attendais à obtenir une armée de petits guerriers. Le premier transfert se passe à merveille la semaine suivant la fécondation, nous reprenons l’avion le lendemain de justesse, nous sommes au départ de la crise sanitaire et les frontières ferment leurs portes les unes après les autres. Deux semaines d’attente que je respecte. Négatif.

Juin 2021. Quinze mois se sont écoulés, plusieurs confinements, un vol annulé, nous sommes dans une situation difficile en termes de possibilité de voyage. Nous décidons pour plus de liberté de mouvements de retourner à Prague en voiture. Ce sera l’occasion d’une sorte de “road trip” européen, lui, moi et notre espoir de réussite. Nous prenons la route avec toutes nos certitudes et nous effectuons ce second transfert. Nous rentrons quelques jours après. Deux semaines d’attente.

Négatif.

La chute est rude, je prends une claque monumentale, moi qui partait gagnante, je dois me confronter à l’échec. Je dois me confronter à l’idée de ne jamais être mère. Nous en sommes à 8000 euros environ d’investissement voyage compris. Nous venons de deux familles modestes, nous ne demandons rien à personne, d’ailleurs, personne n’est au courant. Nous empruntons pour ce projet et surtout, nous travaillons sans relâche. Quelques semaines après cet échec, nous décidons de continuer, nous empruntons à nouveau, ce sera cette fois la dernière. Nous n’aurons plus le choix ensuite d’abandonner.

Départ pour l’Espagne

Nous nous tournons cette fois-ci vers la clinique Eugin de Barcelone. Certes, c’est bien plus cher mais c’est à seulement deux heures de route de chez nous et leur renommée en termes de réussite n’est à priori plus à faire. Nous savons que ces cliniques sont aussi là pour l’argent, nous en sommes conscients, nous en sommes d’ailleurs parfois victimes face aux services administratif et financier, mais le pôle médical reste franchement à la pointe et les miracles existent réellement dans leurs laboratoires. Nous partons à nouveau remontés à bloc, nous allons être parents c’est une évidence.

Décembre 2021. Deuxième Fécondation, nous obtenons 1 seul embryon de cinq jours. Mon monde s’écroule. Comment est-ce possible d’avoir si peu de résultats ? Ce troisième transfert se soldera par un échec. Intérieurement, c’est le néant, nous venons de sacrifier 9000 euros de plus pour un seul transfert négatif. Pour n’avoir obtenu qu’un seul embryon, la clinique nous remboursera environ 2000 euros.

Mais comment arrêter après tout ça ? Comment se résigner ? Comment abandonner ? Je m’entête, inlassablement je cherche une solution financière, instinctivement je dois tout faire pour que ma petite âme ait encore une chance de venir au monde. Ma moitié d’âme me suit, par amour bien sûr, par bienveillance. Je décide de lancer une cagnotte en ligne, ce sera le grand coming-out de notre PMA auprès de nos proches. Un élan de générosité se met alors en place et nous obtenons environ la moitié de l’argent nécessaire à un nouveau protocole. Pour l’autre moitié, nous nous en remettons encore à notre banque.

Mars 2022. Troisième fécondation in vitro. Nous obtenons deux embryons de cinq jours. Le premier transfert se passe bien. Je n’attends pas deux semaines, je n’ai plus la force. Positif. Je n’y crois pas, c’est incroyable, les prises de sang s’enchaînent les unes après les autres et mon positif reste positif. Mon petit miracle commence à grandir en moi.

4 semaines et 5 jours après, l’écho de viabilité, le cœur de ma petite âme ne démarre pas. Grossesse arrêtée. 5,2 millimètres sera la dernière mesure de mon petit embryon. S’ensuit une semaine très difficile, prise de médicaments, sans douleur mon petit embryon est parti. Fin du quatrième round. Je commence alors à saisir à ce moment-là la notion de combat. La notion de guerre. Concevoir serait alors pour moi interdit ?

La clinique Eugin me demande d’effectuer une batterie d’examens afin d’éliminer toutes les causes possibles à cette fausse couche. Je fais des analyses sanguines poussées et une hystéroscopie diagnostique avec biopsie de l’endomètre. Je suis au départ très en colère d’être informée de l’existence de ces examens seulement après 4 transferts. Quelle perte de temps et d’amour. Les résultats montrent alors une inflammation chronique de l’endomètre. Rien de grave qui se soigne par une cure d’antibiotique. J’aurais donc perdu mon bébé pour si peu ? Rien n’est démontré mais nous avons écarté tous risques.

Septembre 2022 – Cinquième transfert. Positif quelques jours puis négatif. Les montagnes russes. Rien de plus à dire, fin du cinquième round.

Maintenant le défi auquel je suis confrontée c’est celui de ne jamais être mère. C’est l’avoir dans les tripes, dans le ventre, dans le cœur et devoir par obligation laisser ce sentiment mourir. C’est tout simplement peu vivable. Je suis consciente que ma vie sera tout à fait différente de celle que j’avais imaginé, je sais que je serais quand même heureuse car c’est ainsi que je suis. Une fille heureuse.

Les semaines passent, la vie se déroule et l’horloge continue de taper dans ma tête de mère, même pas mère. J’enterre ma tristesse dans un pudique silence et je continue d’avancer. Contre toute attente, mon conjoint me propose un dernier essai, nous nous endettons vraiment au maximum de nos capacités et nous partons pour un dernier essai à Barcelone chez Eugin.

L’essai de la dernière chance

Décembre 2022 – Quatrième fécondation in vitro, nous obtenons 4 embryons. Enfin une réussite !! Nous décidons de ne laisser que peu de temps entre les transferts. Nous n’avons plus d’énergie.

Le 3 décembre 2022 sixième transfert négatif.
Le 11 janvier 2023 septième transfert négatif

Le 16 février 2023, huitième transfert positif. Enfin positif. Je suis dans tous mes états, je fais un nombre incalculable de tests de grossesse de toutes sortes, de toutes marques.  Je fais deux à trois prises de sang par semaine, l’enfer d’un début de grossesse inespéré.

Aujourd’hui, 5 semaines de grossesse et 3 jours, le petit cœur de mon miracle bat fort, il se développe bien, j’attends l’échographie de contrôle dans les jours à venir … Finalement, abandonner n’aura jamais été une option. Aujourd’hui, fragile, inquiète et impatiente, je demande à ma petite âme de s’accrocher et d’aller au bout de cette grossesse miraculeuse.

Conclusion

Nous avons mis dans ce bonheur incertain pas moins de 35 000 euros, nous nous sommes endettés sur plus de sept ans et nous avons dédié près de quatre années de nos vies à ce projet. Mais si j’avais un seul conseil à donner après tout ça, c’est que quoi qu’il arrive dans votre parcours, ne prenez jamais une décision seule, ne prenez jamais à la légère l’opinion de votre conjoint. Écouter, aimer, entendre et accepter. C’est la clef de votre réussite. Vous commencez ce projet à deux, vous devez le terminer à deux. Je n’aurais jamais continué sans lui. C’est la base de la conception : l’amour.

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share This