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Le témoignage de Cindy, huit FIV et une petite fille

Nous aurions aimé que ce récit ne soit qu’une chaîne trouvée sur le net et partagée sur les réseaux sociaux. Mais il n’en est rien. L’histoire qui suit, c’est notre histoire.

Notre désir d’enfant

Nous qui formons un couple au sein duquel règnent amour, complicité, stabilité. Tous les ingrédients semblent réunis, et c’est légitimement qu’après quelques mois de vie commune, nous décidons de nous lancer dans la grande aventure : celle de fonder une famille.

Un moyen de contraception arrêté, et la conviction qu’une grossesse ne tardera pas.

Mais les règles arrivent comme si de rien n’était.

Pas grave, ce sera pour le cycle prochain. Seulement, le scénario se répète le mois suivant… et pas que…

Après un an, il faut se rendre à l’évidence : nous devons faire appel à la P.M.A.

« Procréation médicalement assistée ». C’est sûr : cette expression ne fait pas rêver !

Au fil des semaines, nous découvrons cet univers tellement particulier, nous enchaînons les examens, parfois fort douloureux, comme cette horrible hystérosalpingographie, et apprenons à maîtriser peu à peu ces codes et termes que nous aurions voulu ne jamais connaître : IAC, FIV, ICSI, TEC, scratching… Nous apprenons également à calculer les cycles menstruels et à y adapter notre vie intime. Ben oui, parce que quand on est suivis en P.M.A., on ne fait pas ce qu’on veut. Il y a des normes à respecter, et celles-ci s’accordent rarement avec la spontanéité si plaisanter dans une vie de couple normale.

Bien sûr, la conception de notre bébé, c’est dans notre chambre, en tout intimité, que nous l’imaginions. Certainement pas dans un bloc opératoire, entourés de deux médecins, trois infirmières et un laborantin !

Les mois passent, et toujours pas de résultats. Les protocoles s’alourdissent, tout comme les nombreux traitements : injections diverses, patchs, ovules vaginaux, gélules, etc. Un cocktail détonant qui impacte le corps autant que le moral, et qui met parfois le couple encore plus à l’épreuve.

Toute notre vie commence à tourner autour de ce projet : on ne planifie pas de voyage car notre prochaine ponction pourrait avoir lieu à ce moment-là, on refuse une invitation chez des amis parce qu’un embryon vient d’être transféré et on préfère rester au repos, on écourte une soirée car l’heure précise de l’injection approche, on essaye d’améliorer notre hygiène de vie, on évite les excès pendant les jours précédant une ponction d’ovocytes. Le pire, dans tout ça, c’est qu’on nous juge. « Ces deux-là, ils ne sont pas marrants, avec leur tournée minérale ! ». Ben non, les gars, mais ce qu’on vit sans vous le dire, ce n’est pas marrant non plus, en fait…

Malgré tout, nous essayons de garder la face par rapport à notre entourage. On cache notre souffrance, on vit, on s’amuse comme on peut, même lorsque cette question aussi banale que cruelle nous renvoie la réalité en pleine figure :

« Alors, quand est-ce que vous nous faites un bébé ? ».

Si seulement vous saviez… Si seulement nous pouvions vous faire comprendre à quel point ce désir d’enfant nous habite. Mais nous préférons nous protéger en nous cachant derrière des prétextes. Et lorsque ceux-ci ne sont plus suffisants, nous clamons simplement ne pas vouloir d’enfant ! C’est radical, mais efficace : nous avons au moins réussi à mettre de côté ces interrogations si dérangeantes.

Et puis il y a cette lueur d’espoir quand un embryon décide de s’accrocher. Un taux d’HCG peu élevé, mais qui augmente. Une première échographie. Une nouvelle douche froide. Cet embryon est placé près de trompes, c’est trop risqué. Il faut passer par une interruption médicale de grossesse.

Une IMG, donc, et pas une IVG, car cette interruption est tout sauf volontaire !

Avoir autant de mal à ingérer ce petit Cytotec, alors que nous étions tellement rôdés aux prises de médicaments. Quelle ironie !

Mais comme à chaque fois, nous avons rebondi et sommes repartis de l’avant.

Arrivés à la fin des essais pris en charge par la mutuelle, nous refusons de baisser les bras. Nous changeons pour la deuxième fois de centre et à la huitième FIV, on nous annonce, enfin, une grossesse évolutive. Les taux hormonaux sont bons. Très bons, même. Nous sommes heureux, mais pas encore confiants. Après huit années de galère, comment pourrions-nous l’être ?

Malgré les craintes persistantes, et tellement légitimes, cette grossesse se confirme au fur et à mesure des semaines. Avec ce moment magique de la première échographie, et les battements de cœur qui résonnent encore dans nos esprits. Le cap des trois mois passés, l’annonce à nos proches, le ventre qui s’arrondit et les manifestations de plus en plus concrètes de notre bébé. Ça y est, il est là, ce trésor. Il est bien là !

Conclusion

Huit ans de parcours pour enfin pouvoir tenir notre fille dans nos bras. Huit ans au cours desquels nous avons rencontré tant de couples partis « au combat » comme nous.

Nous avons la chance d’avoir atteint notre but, mais nous n’oublions pas ceux qui nous avons laissés sur le bord du chemin. Ceux qui vivent toujours au rythme de l’attente, du stress, de l’incertitude, des fausses joies. Ces mêmes personnes à qui vous adressez peut-être, innocemment, ces petites paroles si douloureuses.

Il nous semble important de sensibiliser les gens à ces problèmes de fertilité parce que, sans que vous ne le sachiez, nous avons peut-être, au détour d’un couloir d’hôpital, croisé le regard de votre voisine, de votre cousin, de votre sœur.

Nous avons une pensée particulière pour ces femmes de qui nous nous sommes rapprochés. Elles se reconnaitront. Nous en sommes sûrs, les filles : vous êtes faites pour être mamans, car il n’y a qu’une mère qui peut endurer tout cela !

Le corps médical utilise l’expression « grossesse précieuse » pour qualifier ces grossesses qui ont nécessité beaucoup de temps et une assistance médicale.

Nous pouvons vous assurer qu’on sait pourquoi…

Auteur : Cindy B

Photo : Valentina Gagarina Photography and Videography

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