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Le témoignage d’Hélène : 2 FIV et 2 enfants dont une petite fille rescapée

Notre désir d’enfant

En couple avec mon chéri depuis 2010, nous avons décidé en 2012 d’avoir un enfant. Les mois passsent, toujours rien. Les années passent, toujours rien. Ni lui ni moi ne sommes très fans du milieu médical, et il nous a fallu tout notre courage pour oser demander de l’aide, en mai 2019.

Il m’aura fallu une grande reprise en main au niveau psychologique et physique aussi, que j’ai réussie grâce à une hypnothérapeuthe extraordinaire. Arrêt du tabac et de la vapotte, remise au sport, perte de poids…

Pour la PMA, batterie de tests  : de mon coté, tous les examens sont bons. Du coté de mon homme, OATS.

La doctoresse nous oriente directement vers une FIV ICSI, et nous dit qu’il y a toutes les chances que ça fonctionne, qu’elle est confiante.

Youppi!!! on va l’avoir notre bébé!!

La 1ère FIV

FIV ICSI n°1, Septembre 2019

la stimulation se passe comme sur des roulettes. Je suis au taquet mentalement, méga confiante (ça va marcher du premier coup, c’est sûr!!), mais j’ai cette petite voix qui me dit dans ma tête depuis toujours « mais…. es tu prête à être maman ? Seras tu à la hauteur ? Sauras tu aimer ton bébé, et t’occuper de lui? » du côté de mon chéri, j’en suis absolument certaine mais du mien… ponction nickel, 10 ovocytes ponctionnés, qui nous donnent 4 beaux embryons j5.

Transfert frais…. le jour de mon anniversaire!!! Mon dieu quel beau cadeau je reçois!!! c’est évident que ça fonctionnera… et puis pendant les 12 jours d’attente, je vrille totalement. Je me pose 10 000 questions à la seconde, essaie d’interpréter tous les symptomes que je peux avoir/trouver… je fais 3-4 tests pipi pendant l’attente. Tous négatif, mais j’y crois encore, tout autant que j’ai peur que ça ne fonctionne pas ou que ça fonctionne.

Mes règles arrivent avant la prise de sang. Douche froide. Glacée même! Je m’effondre, et décide de reprendre rendez vous avec ma magicienne du cerveau (mon hypnothérapeuthe), pour m’aider à tenir le cap. Le RDV avec elle me fait beaucoup de bien. Elle m’a appris à me mettre en mode « marathonienne » plutôt que « sprinteuse ». Beaucoup plus adapté en PMA! Je décide de la voir tous les 2 mois, pour garder ce soutien mental indispensable à mes yeux. Nous travaillons sur beaucoup de choses différentes. Ça m’aide beaucoup et me permet de tenir.

En parallèle, on enchaine les 3 autres transferts. Tous négatifs. Pas l’ombre d’une accroche!!! je multiplie après chaque transfert les tests pipi.

Mais qu’est ce qui cloche chez moi???!!!! Je commence à me poser des questions, à me dire que je ne suis pas normale. Que je ne dois pas être faite pour avoir un enfant.

La 2ème FIV ICSI

FIV ICSI n°2, Juillet 2020

allez. Après une pause forcée durant le confinement qui m’aura fait le plus grand bien, on rattaque une stimulation!

Pour cette FIV, je décide de mettre toutes les chances de mon coté. Compléments alimentaires, ostéopathie, accupuncture, reiki, et bien évidemment toujours mes préciseuses séances d’hypnose bimestrielles.

Ponction parfaite. 14 ovocytes ponctionnés, 10 utilisables. 5 jours plus tard, 7 beaux blastos!

Pas de transfert frais, je suis à la limite de l’hyperstimulation.

TEC 1, Septembre 2020 : je bataille dur avec la doc, car on voudrait qu’elle me transfère 2 embryons. Elle refuse. Je ne comprends pas, et n’accepte pas (son explication : « il vaut mieux en mettre 1 maintenant, et après on pourra les mettre 2 par 2 vu qu’il restera un nombre pair »…. what???!!!). Elle finit par céder, on en transfère 2 en Septembre.

Séances ostéo, acupuncture avant et après le transfert, séances de reiki idem. J’y crois sans oser y croire. Négatif.

Je m’effondre à nouveau. J’en veux au monde entier, et surtout à cette doc qui s’osbtine à dire « y’a pas de raisons que ça ne marche pas! ».

TEC 2 dans la foulée Octobre 2020 : la doc me demande combien on en met. Ma réponse « oh, ben 1 seul hein, on va quand même pas en gâcher 2 en même temps! ». Ça montre un peu dans quel état d’esprit je suis.

Je ne prends même pas la peine de faire de tests pipi avant la fameuse prise de sang. À quoi bon dépenser encore plus d’argent! Surtout qu’une nouvelle fois, j’ai enchainé les séances d’accupuncture, et fait une séance ostéo. Prise de sang, sans surprise, négative. Je pleure un peu, mais sans plus. Je suis juste totalement blasée.

Je demande à la doc si on peut me faire des examens complémentaires. Elle me prescrit un caryotype et une hystéroscopie. A coup sûr, on va enfin trouver ce qui cloche chez moi!!

Hystro parfaite, Caryotype parfait. J’ai du mal à y croire, et en même temps je commence à me dire que le problème n’est peut être pas forcément physique.

On doit enchainer sur un transfert avant noël. Mais mes règles arrivent trop tard, et le transfert serait tombé pile dans la semaine de fermeture du centre.

Tant mieux en fait! Ça me permet de profiter pleinement des fêtes de fin d’année et de dire adieu dignement à cette année 2020 atroce. 2021 sera meilleure! Je le sais!

6 Janvier : séance avec ma magicienne du cerveau. Je me sens bien. On fait une grosse séance ce jour là, puis vient le moment où on reprend habituellement un RDV. Cette fois ci, d’un commun accord, nous décidons de ne pas en refixer un! Je me sens bien, et elle le voit, je n’en ressens plus le besoin. Je ressors de son cabinet avec cette merveilleuse sensation d’avoir appris à faire du vélo sans roulettes!

2021 commence de la meilleure des façons.

On reprend le traitement pour le 1er transfert 2021. Cette fois ci, je décide de ne pas me prendre la tête ou de me mettre une quelconque pression. Je décide d’avoir confiance en la médecine, en tous ces traitements que je prends, et surtout : en mon corps.

Je me mets à la méditation guidée, et continue le sport.

27 Janvier, jour du transfert. Je m’offre une dernière séance de canicross avec ma chienne le matin. Ça me fait du bien, et me vide la tête. L’après midi arrive. Ça tourne mal! Entre l’attente interminable au labo pour la prise de sang de controle et à l’accueil pour faire les papiers d’admission, nous arrivons avec un bon quart d’heure de retard. Je suis excédée! Je déteste être en retard, je m’excuse 1000 fois auprès des secrétaires qui m’assurent que ce n’est pas grave. Mon pauvre chéri ne sait plus où se mettre pour ne pas s’attirer mes « foudres ».

Je m’installe dans la salle de transfert. Je prends de grandes respirations, médite un peu, et réussit à me détendre. La doc arrive, et elle me transfère 2 beaux embryons.

L’attente se passe très bien. Je ne change rien à mes habitudes de vie, mais je fais une séance de méditation guidée par jour. Je suis zen. Je ne craque pas, je n’achète pas de test pipi. Je décide d’y croire, tout simplement, de me dire que de toute façon ça ne peut que marcher. Positive attitude, comme on dit !

Je suis enceinte de jumeaux !

Le jour de la prise de sang, j’ai très peur. Je n’ose plus y croire!

Les résultats tombent. Je vais les consulter du boulot, tant pis si je m’effondre toute seule, je ne peux plus attendre… 2216mUi??!!!! non c’est pas possible, je suis enceinte??!!!!!!

Je m’effondre, mais pas de la manière que j’avais l’habitude de connaitre! Je frôle la crise de tétanie, prise de tremblements incontrolables. J’appelle mon chéri en pleurs « mon amour!!! je suis enceinte!!! ». Mon dieu quel bonheur. Quel soulagement!!!

pour la toute première fois de ma vie : la vie s’est accrochée en moi!!

Le 7ème transfert au total est le bon.

Pour fêter ça, et aussi pour être sûre que mes résultats d’analyse n’ont pas été échangés par mégarde, je fais un test pipi. Ma manière aussi à moi de faire un « fuck » aux dizaines de tests pipi qui m’ont jusque là toujours fait l’affront d’être négatifs!!! Un superbe positif apparait. VICTOIRE!!!

2ème taux 48h plus tard : 6240. ouf. Ça évolue très bien! 3eme taux 2 jours après, 13000 et des brouettes.

Puis vient ce mois horrible, cette attente interminable avant l’échographie de datation, ce vide sidéral alors que j’avais pris l’habitude prèsque rassurante du suivi ultra médicalisé de la PMA . Ce mois où je me pose toutes les questions du monde, panique au moindre signe bizarre, me demande si je suis vraiment enceinte, d’autant plus que je n’ai quasiment aucun symptôme. Et enfin, le grand jour arrive. Je m’effondre à peine rentrée dans le cabinet de la sage femme : il n’y aura pas un coeur qui bat à l’écho, c’est certain… je n’ai pas tout à fait tort, il n’y en a pas un qui bat : il y en a deux! Des jumeaux!!!  Encore des larmes, cette fois ci de soulagement, de bonheur, de surprise…

Mon début de grossesse se passe parfaitement bien. Quasiment aucunes nausées, quelques légères douleurs ligamentaires, rien de plus. Nous entamons le 2ème trimestre de grossesse, officialisons notre bonheur.

Le cauchemar en pleine grossesse

A 16 sa + 4, j’ai des douleurs ligamentaires plus fortes que d’habitude. Pas d’inquiétude outre mesure, la gynécologue m’avait prévenu qu’avec une grossesse gémellaire on pouvait avoir de fortes douleurs du fait de l’utérus qui s’agrandit 2 fois plus vite que la normale, sans que cela soit inquiétant. Le soir, les douleurs ont disparues. Mais j’ai eu une légère perte de sang. Dans la nuit, à nouveau une petite perte de sang. Par précaution, j’appelle les urgences maternité au matin en expliquant la situation. Ils me proposent d’aller faire un petit contrôle par précaution.

Une jeune interne en tout début d’internat commence l’échographie, puis me dit qu’elle va aller chercher une collègue pour faire l’échographie, car elle n’arrive pas à se repérer sur l’image.

Sa collègue arrive, et lui demande de me faire un examen vaginal pendant qu’elle fait l’échographie.

Les deux changent de tête au même moment. La jeune interne demande à sa collègue de venir voir. Me voilà les pattes écartées, avec 2 internes qui ont blêmi d’un coup.

Tout me passe par la tête, mais certainement pas ce qu’elles vont m’annoncer. Je leur demande si mes bébés vont bien. L’interne plus expérimentée pose délicatement sa main sur mon genou, et m’annonce d’un ton que je juge sur le coup faussement compatissant, que mes bébés vont bien, mais qu’il y a un gros problème. Mon col de l’utérus est ouvert à 5 cm, et l’une des poches des eaux est engagée dans le vagin.

Je reste hébétée, sous le choc, ne comprenant pas ou plutôt ne voulant pas comprendre ce que cette personne m’annonce de but en blanc. Elle en remet une couche « madame, vous êtes en train de faire une fausse couche tardive, vous allez accoucher bientôt ».

J’appelle mon compagnon à son travail pour lui annoncer qu’ils m’hospitalisent en urgence, qu’il doit venir à l’hopital, que je vais perdre nos bébés…

Parler d’une descente aux enfers est un euphémisme. Après tout ce combat, nous qui pensions enfin avoir droit au bonheur, nous retrouvons comme deux cons dans cette chambre d’hôpital, à pleurer en attendant que l’inéluctable arrive.

Dans le service, ils ne savent pas quoi faire de mon cas. Je n’ai aucune contraction, mes bébés vont bien. En même temps, ce n’est pas possible de rester sans rien, faire car il est évident qu’avec un col ouvert à 5 et une poche engagée, cela ne restera pas comme cela bien lontemps.

Le lendemain, l’un des gynéco vient me voir après le staff du matin, pour me proposer de tenter de poser un cerclage en urgence. Il me dit très honnêtement que le pronostic est extrêmement sombre. Sans, j’accouche dans la semaine. Si on tente le cerclage, il y a très peu de chance aussi pour que cela fonctionne. Foutu pour foutu… Nous acceptons la tentative.

Me voilà dans un bloc de chirurgie, sous rachis anesthésie, avec un gynécologue et un interne qui s’acharnent pendant plus d’une demi heure, à essayer de repousser la poche des eaux dans l’utérus et de refermer mon col. En vain.

Je me retrouve en salle de « réveil », au même point qu’avant mon entrée au bloc. Et d’un coup, la poche des eaux se romp. Ca y est… ça commence…

On me transfère en salle de naissance. On attend que le travail se mette en place. Au bout de 3 heures, rien ne s’est passé. 0 contraction, rien, nada. On me renvoit dans ma chambre, en me disant que quelques fois, cela arrive que la grossesse continue malgré une poche des eaux rompue.

La nuit se passe. RAS. La journée se passe. Hormis le fait que je n’arrive pas à uriner (ils me sondent 2 fois) et que je n’ose pas aller à la selle, « tout va bien ».

Je retourne aux toilettes. J’ai une poussée incontrolable, et je sens avec horreur l’un de bébé qui s’engage et commence à sortir… J’ai juste le temps de mettre ma main pour le repousser à l’intérieur et l’empêcher de tomber dans les toilettes et j’appelle à l’aide…

On me transfère à nouveau en salle de naissance, où j’accouche de mon tout petit garçon, mon Axel, non viable à 17sa… mon monde s’écroule. J’espère mourir avec mes 2 bébés que je vais perdre l’un après l’autre. Et à nouveau, rien ne se passe. Le travail ne se déclenche pas pour sa soeur.

Il faut sauver notre fille

L’interne qui m’a opérée la veille vient contrôler, et me faire une échographie. Mon col s’est miraculeusement refermé raisonnablement. Le coeur de notre fille bat bien.

Il nous parle de quelques très rares cas où des accouchements différés ont été tentés, avec plus ou moins de succès. Et nous propose d’essayer. A nouveau, foutu pour foutu, autant essayer!

C’est absolument inconcevable de ne pas essayer tout ce qui est en notre pouvoir pour sauver notre fille.

Ils suturent donc le cordon ombilical d’Axel (son placenta n’est pas sorti) au plus proche de mon col, me mettent sous antibiotiques pour éviter une infection, et me gardent hospitalisée.

Dans le cas d’un accouchement différé, les risques que cela échoue sont extrêmement grands. Cela peut venir d’une infection, ou tout simplement du travail qui peut commencer à tout moment.

Les jours passent. On me renvoie chez moi, au repos strict, avec des rdv de contrôle du col toutes les semaines. À la première écho après ma sortie, la gynéco me propose de retenter un cerclage : mon col est extrêmement mou, et se raccourcit à nouveau. Cette fois ci, la pose du cerclage est un succès !

Nous passons le reste de ma grossesse à avoir peur, à espérer, à compter les jours, puis les semaines, puis à viser les différents stades de prématurité. Je retourne voir tous les mois mon hypnothérapeuthe, qui m’aide à tenir bon, à faire mon deuil d’ Axel, et à garder la tête hors de l’eau. La peur d’accoucher prématurément ou de perdre ma fille in utero ne me quitte pas de toute la grossesse.

L‘accouchement

Par miracle et contre toute attente, nous déjouons tous les pronostics, et arrivons à 36sa+3, jour où l’on me retire mon cerclage, en espérant tenir encore quelques jours encore pour sortir définitivement de la prématurité !

Je romps la poche des eaux dans la nuit. Le lendemain 21 Septembre 2021, à 36sa+4, j’accouche de ma wonder princesse Mathilde, légèrement préma donc, mais en parfaite santé. Clairement, sans ce tout petit bout de fil de cerclage, Mathilde serait sortie bien plus tôt !

Depuis sa naissance, cette petite canaille nous remplit de bonheur et d’amour. Nous qui avions très longtemps pensé que ce bonheur nous était inaccessible, sommes transportés de joie dès lors que nos yeux se posent sur elle.

Conclusion

Nous serons éternellement reconnaissants envers notre centre de PMA pour nos 2 enfants, et envers cette fabuleuse équipe médicale qui nous a permis de sauver notre princesse.

Pour nous, le parcours s’arrête ici. Il n’y aura pas de PMA suivante. Nous ferons don de nos 2 embryons restants, et j’aimerai cloturer toute cette aventure par un don d’ovocytes. La boucle sera bouclée, j’aimerais pouvoir aider à ma petite échelle les personnes dans ce combat pour donner la vie.

Je souhaite à chacune et chacun le bonheur d’être parent un jour, et si je devais donner un conseil, cela serait le suivant : tant qu’il reste ne serait-ce qu’une infime chance d’y arriver, ne lâchez rien. Mettez votre costume de marathonien(ne), s’il le faut faites vous aider psychologiquement, aussi dur le combat soit-il, battez vous, jusqu’au bout. Je vous souhaite le meilleur !

 

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