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Le témoignage de Mélanie : un don de sperme en France et une petite fille

La vie n’est pas un long fleuve tranquille…

La vie n’est pas un conte de fée…

Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants. Ça aurait dû se passer comme ça, malheureusement la vie en a décidé autrement.

On avait tout pour être heureux même si côté professionnel ça n’a pas toujours été facile pour moi, une instabilité, un CDI qui ne vient pas. On a toujours su faire face et avancer à deux. Des hauts et des bas comme dans tous les couples mais toujours cette envie de réussir et de construire.

 

Le désir d’enfant et les essais

Et puis un jour, l’envie de construire une famille, notre famille. Un soir, je suis rentrée à la maison heureuse de pouvoir annoncer à mon chéri que mon CDD était renouvelé, que j’allais pouvoir souffler un peu côté boulot. On était assis sur le canapé, j’avais quelque chose à lui dire. J’avais passé ma journée à y penser, à formuler les choses dans ma tête. J’étais surexcitée et en même temps un peu stressée face à sa réaction.

Je me suis lancée. Je lui ai dit « et si on faisait un bébé ? »

Et là j’ai tellement été surprise par sa réaction, mais tellement dans le bon sens. Il m’a répondu « ok, arrête ta pilule dès ce soir ». Je ne m’y attendais vraiment pas, tout l’argumentaire que j’avais passé la journée à préparer n’avait servi à rien. Il me disait « oui ». Il me disait même qu’il pensait que je le lui aurais demandé plus tôt. Ça faisait un peu plus de quatre ans que nous étions ensemble et trois ans que nous vivions sous le même toit. C’était le 05 décembre 2015.

Les premiers mois, j’aimais partager avec lui ce secret, j’avais hâte de tomber enceinte et de pouvoir l’annoncer à tout le monde. J’avais déjà imaginé comment je le lui dirais, comment on réunirait nos amis un soir pour le leur dire. Je me voyais déjà dire à ma mère qu’elle allait bientôt être mamie. J’imaginais mon père jouait au foot avec son petit-fils. C’était beau…

Mais les mois ont passé laissant les tests de grossesse systématiquement négatifs. La déception dès que le mal de ventre annonçant mes règles se faisait sentir et l’immense tristesse quand mon beau-frère et ma belle-sœur nous ont annoncé l’arrivée de notre deuxième petite nièce. Sans le savoir, nous avions arrêté la pilule en même temps. Ils avaient réussi, nous non.

Malgré tout, ça ne faisait que cinq mois que nous essayons d’avoir un bébé. Après tout rien d’inquiétant. On allait surement mettre un peu plus de temps mais il n’y avait pas de raison que nous n’y arrivions pas.

Alors nous avons continué, j’ai commencé à repérer mes périodes d’ovulation. Nos câlins étaient moins naturels. J’étais frustrée quand il me disait qu’il n’avait pas envie, qu’on ferait ça demain. Mais non, pas demain. Demain, ça sera trop tard ! Des tensions, un moral en dents de scie pour ma part. L’attente devenait trop longue. Moi aussi, je voulais un bébé.

Les repas de famille, où inexorablement on nous demandait « et vous c’est pour quand ? Vous voulez le mode d’emploi ? »

 

La médicalisation des essais bébé et la très mauvaise nouvelle

Un jour, lors d’une banale visite chez le médecin, je lui parle de notre projet. Ça fait quasiment un an que l’on essaie en vain. Le médecin me fait faire une prise de sang et une hystérographie pour s’assurer que mes trompes ne sont pas bouchées.

L’examen montre que les trompes sont légèrement obstruées mais je ressors confiante. Pour moi, on vient de trouver d’où pouvait venir le problème. Une fois cette petite anomalie réglée, tout rentrerait dans l’ordre et je tomberai enfin enceinte.

Parallèlement, nos projets de vie avançaient. Nous avions trouvé la maison de nos rêves et je venais de signer mon CDI. On était sur la bonne voie, la roue était en train de tourner et c’était sûr, mon ventre allait forcément finir par s’arrondir comme celui de toutes mes amies.

Le 10 décembre 2016, je me rends chez mon gynéco pour un contrôle annuel. Je lui parle de nos difficultés pour avoir un bébé. Il me dit que je suis encore jeune, j’ai alors 28 ans, et que normalement à cet âge-là, il faut moins d’un an pour tomber enceinte.

Je sors du RDV avec une ordonnance pour que mon conjoint face un spermogramme.

Le verdict est tombé quelques jours plus tard quand mon chéri m’appelle en pleurs un vendredi soir. J’ai compris tout de suite que les résultats n’étaient pas bons. Je suis rentrée aussitôt à la maison.

Les résultats du spermogramme étaient arrivés par courrier. Il était 18h quand il a ouvert l’enveloppe. Le verdict était sans appel : « azoospermie ».

Nous étions seuls, face à un mot que nous ne connaissions pas mais dont nous allions très vite comprendre la signification. Le spermogramme ne laissait aucun doute. Aucun spermatozoïde n’était présent dans son sperme.

Le monde s’est écroulé autour de nous. Notre petite vie tranquille était en train de se transformer en cauchemar.Nous n’avions pas le droit de devenir parent, pas le droit au bonheur.

Les sentiments se sont mélangés tout au long du week-end. Nous étions partagés entre la douleur, la tristesse et le déni. Peut-être que le spermogramme n’avait pas été bien réalisé. Peut-être que le résultat était faussé.

Les examens se sont alors enchainés pour lui. Nous avons été orientés vers un spécialiste de l’infertilité sur Bordeaux. Il a dû refaire un spermogramme qui a malheureusement confirmé le résultat précédent. Une biopsie des testicules a été faite pour voir si des spermatozoïdes pouvaient être récupérés directement au niveau des testicules mais ça a été un nouvel échec.

 

Direction la PMA

Parallèlement à cela, nous avions engagé un processus de PMA. Tant que tous les examens n’avaient pas été effectués pour lui et que les chances de trouver ne serait-ce que quelques spermatozoïdes étaient présentes, le personnel médical nous parlait de FIV. Nous avons dû avoir un entretien avec un psychologue pour savoir si nous étions prêts à avoir un enfant avec une aide médicale. Même si le but n’était que de nous accompagner dans cette période difficile, nous nous sommes sentis jugés. Notre dossier devait passer en commission et il était demandé au psychologue de donner son accord pour que l’on puisse ou non poursuivre le processus.

Je trouvais la démarche tellement injuste. Est-ce que quelqu’un d’autre que les deux membres du couple donne son accord quand la procréation se fait de manière naturelle ?

Le don de sperme comme unique solution

Petit à petit, les chances d’avoir un enfant issu de lui s’amenuisaient jusqu’au jour où les médecins nous ont très clairement dit que cette fois-ci, il n’y avait plus aucun espoir, si nous voulions un enfant nous allions devoir nous orienter soit vers l’adoption soit vers un don de sperme.

Pour moi, la décision est prise. Notre enfant ne serait pas génétiquement celui de mon conjoint mais je voulais le porter, pouvoir vivre une grossesse.

Pour mon chéri, ça a été plus difficile. Il lui fallait du temps. Du temps pour accepter. Pour faire le deuil de son enfant biologique.

Il s’est senti dévalorisé. Blessé dans son rôle d’homme. Il a aussi eu peur que je parte, que je n’accepte pas sa stérilité.

Nous avons parlé des heures et des heures. Je l’ai rassuré. Je crois que mon amour pour lui et mon désir d’avoir un enfant étaient tellement forts que je me fichais de savoir que la petite graine soit la sienne ou celle d’un autre. Le principal était que l’on fonde notre famille et que quoiqu’il arrive il ne serait pas le géniteur mais il en serait bien le père.

La différence entre ces deux mots n’a que peu d’importance pour la plupart des gens mais pour nous, elle était grande. Le géniteur donne le sperme qui va permettre la fécondation alors que le père est celui qui aime, chérit son enfant et lui apporte tout ce dont il a besoin.

Le don de sperme en France

La loi française autorise le don de sperme de manière strictement anonyme.

Le donneur est choisi en fonction des critères de ressemblance physique des parents.

Si ça fonctionnait, tout était donc mis en œuvre pour que notre enfant ressemble à mon chéri.

Une fois les formalités administratives effectuées (délais de réflexion de 6 mois, passage devant le juge des affaires familiales afin de notifier le fait que mon conjoint devrait reconnaître l’enfant à sa naissance) nous étions enfin prêts à nous lancer dans cette nouvelle aventure.

La FIV avec don de sperme

J’ai commencé le traitement de stimulation des ovules en décembre 2018. Tous les mois, je devais me faire des injections dans le ventre qui permettaient de stimuler mes ovules et ainsi donner plus de chance de réussite lors des inséminations de sperme.

Les deux premières tentatives ont été des échecs. A chaque arrivée des règles, j’avais le moral dans les chaussettes. Mon chéri, lui me disait de ne pas perdre espoir. Il était sûr que ça allait fonctionner.

La troisième tentative a été faite le 15 mars 2019. Je n’y croyais pas trop. J’avais des douleurs au ventre comme des douleurs menstruelles mais les jours passaient et mes règles ne venaient pas.

Je me souviendrais toujours de ce dimanche matin-là. Je me suis levée la première. J’avais un test de grossesse qui trainait dans le placard depuis de longs mois. La date de validité était même dépassée.

Je me suis dit qu’il fallait que je le fasse. Mon retard de règles était de sept jours. Il fallait que je sache.

 

Je suis enceinte !

Quand j’ai vu la barre sur s’affichait sur le test de grossesse, je n’en croyais pas mes yeux. Ça y est j’étais belle et bien enceinte !

Les larmes coulaient, coulaient, coulaient jusqu’à ce que j’annonce la nouvelle à mon chéri. Nous avions réussi. Nous allions devenir parents.

Notre petite puce est née le 25 novembre 2019. Quasiment 4 ans après avoir arrêté la pilule. Ce fut le plus beau jour de ma vie.

Ma grossesse s’est bien passée mais il m’a fallu presque 5 mois avant d’y croire vraiment. J’avais des échos de contrôle tous les mois et même quand je voyais son petit cœur battre, je n’y croyais pas.

J’ai vraiment réalisé que j’allais devenir maman le jour où ma fille est née.

J’ai choisi de vous raconter mon histoire pour vous donner de l’espoir. Personne ne sait jamais comment l’histoire va se terminer mais il faut tout essayer. Ne jamais perdre espoir. Je souhaite à tous les parents qui traversent une épreuve similaire de pouvoir un jour être aussi heureux que nous.

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