Le témoignage de Célia : 3 FIV et une petite fille
Qui écouter ? Qui croire ?
Août 2016, nous sommes prêts à nous lancer dans l’aventure bébé.
Un mois plus tard, oh, qui voilà ? Un petit kyste hémorragique. Un contrôle par IRM et le résultat est là, il s’agit d’un endométriome. La gynécologue me rassure, pas de souci pour une grossesse !
Janvier 2017 : je consulte un gynécologue remplaçant pour un nouveau kyste. J’ai droit à un tout autre discours, beaucoup plus alarmiste : « l’endométriose peut vous causer des soucis de fertilité ! Quel est votre suivi avec votre gynéco habituelle ? Il ne faut pas rester comme ça à attendre ! D’ici 6 mois, si pas de grossesse, il faudrait procéder à une opération etc. »
Je sors de là complètement perdue ! Qui a raison, qui a tort ? Qui croire ? 2 gynécologues, 2 avis totalement opposés.
Je prends rendez-vous avec un spécialiste de l’endométriose.
Avril 2017 : la rencontre avec le spécialiste. Il nous annonce que sans aucun examen précis, impossible de se prononcer sur nos chances de fertilité. Avant d’envisager une opération, il faut donc connaitre notre fertilité à chacun. Il nous dit clairement « nous parlerons quand nous aurons toutes les cartes sur la table ».
S’enchainent alors les divers examens, hystérosalpingographie, prises de sang, spermogramme, rendez-vous avec l’urologue etc. Le résultat tombe, il y a bien un souci.
La bonne nouvelle
Août 2017 : le gynéco nous confirme ce que nous avions bien compris : une grossesse naturelle n’est pas impossible, mais sans certitude de réussite. C’est comme, dit-il, jouer au loto. Vous pouvez jouer tous les jours, peut-être un jour vous gagnerez, peut-être pas. Sauf que dans ce cas précis de la fertilité, nous n’avons pas toute la vie devant nous pour « jouer ».
Il nous annonce donc que nous devons passer par une FIV ICSI.
Le mot est prononcé. Nous n’y connaissons rien mais bientôt tous ces mots : OATS, ponction ovarienne, spermogramme, hystérosalpingographie, follicules, n’auront plus aucun secret pour nous.
Nous sommes heureux, réellement ! Ce qui en surprendra sans doute beaucoup. Car certes, nous rencontrons un problème, mais il y a une solution ! Quelle chance !
On repart de ce rendez-vous plein d’espoir !
Première tentative
Décembre 2017 : je découvre tout ce monde parallèle autour de la FIV. Je fais ce qu’on me dit de faire, les piqures que je laisse le soin de faire aux infirmières, les échos, les prises de sang. Je ne me pose pas vraiment de questions. J’accueille cet inconnu comme il vient.
Je réagis plutôt bien au traitement, pas d’effets secondaires, mais pas énormément de follicules. Je me dis que la qualité est plus importante que la quantité. En vrai, j’essaye de voir du positif partout ! Le jour de la ponction arrive et avec elle, l’anxiété.
Seulement 2 ovocytes, je suis déçue.
Vient le jour du transfert, 1 seul embryon, de qualité moyenne. Vu le peu d’enthousiasme du biologiste, je comprends qu’il faut rester prudent sur les chances d’implantation, mais, comme il le dit lui-même, « il mérite qu’on lui donne sa chance ».
15 jours après, résultat négatif. Je suis déçue. J’aurai tellement aimé que ça marche.
Les piqures sont toujours dans mon frigo, je les garde, au cas où, pour la 2eme tentative, si le traitement reste le même.
Deuxième tentative interrompue
Avril 2018 : on change de traitement, on repart dans le cycle des piqures, prises de sang etc. Traitement ok, quasi pas d’effets secondaires. Mercredi soir je dois déclencher l’ovulation !
Mercredi matin, je reçois un appel, mon beau-père vient de faire une grave hémorragie cérébrale. Nous prenons la route, 1100 km. Evidemment, nous annulons le déclenchement, la ponction, et avec ça, l’espoir de devenir parents rapidement. 3 semaines après, plus aucun risque vital, et surtout, aucune séquelle. Un miracle !
Troisième tentative : en mode guerrier
Sur les deux premières tentatives, nous étions dans un état d’esprit plutôt passif « on verra bien, il faut espérer… ». Cette fois-ci, nous partons en mode guerrier. Il FAUT que ça marche. Ca DOIT marcher ! Comme si nous menions un combat.
Je décide de me faire moi-même les piqures afin d’être active dans cette tentative. J’ai envie de prendre en main cette nouvelle tentative.
Ponction : 8 ovocytes prélevés, 7 sont fécondés, qui nous donnent 6 embryons blastocystes, tous d’excellente qualité ! Waouh !
On nous montre les embryons en vidéo en direct, et plus précisément celui qui a été choisi, « l’embryon parfait, comme dans les livres » commente le biologiste.
Toute l’équipe est très confiante, j’ai envie d’y croire vraiment, pour la première fois.
Si bien que lorsque j’arrive chez moi, je décide de jeter tous les anciens traitements et piqures qui trainaient dans le frigo au cas où, pour une prochaine tentative. Cette fois-ci, je me dis « je n’en aurai plus besoin ». Je n’ai plus envie de les garder pour « au cas où… si jamais… ».
Je suis enceinte
Et le résultat tombe : je suis enceinte ! Une vague de bonheur m’envahit, qui se mêle aussi à l’anxiété. Pourvu que cette grossesse aille au bout.
9 mois plus tard j’accouche d’une merveilleuse petite fille ! Bizarrement je ne pleure de joie que 3 jours après, car enfin, oui, je m’autorise à y croire ! Elle est là, en bonne santé ! Nous sommes allés au bout !
Elle a aujourd’hui un an, et nous comble de bonheur. Je mesure chaque jour la chance que j’ai d’avoir eu un parcours si facile, si rapide ! Je savoure chaque instant avec elle, elle est si précieuse !
Conclusion : Le sentiment de rester sur le quai
Je trouve que le parcours PMA ressemble fortement au fait d’attendre un train, sur le quai de la gare.
Pendant ce parcours PMA, j’avais le sentiment que les autres voyageurs, arrivaient, montaient tous dans le train, alors que moi je restais indéfiniment sur le quai, et je ne pouvais pas monter.
J’attendais alors en me disant : le train suivant sera le bon. Et puis le train arrivait, des gens qui n’avaient même pas attendus le 1er train, montaient direct dans ce train, et moi, je restais encore sur le quai. Et je les regardais partir. En me disant qu’il ne restait encore plus que 2 trains pour moi. Et l’angoisse de ne pouvoir, encore une fois, y monter.
Un jour, en expliquant ça à une amie, elle m’a dit « c’est peut-être que tu n’es pas sur le bon quai, ton train t’attend ailleurs ». Je ne sais pas pourquoi, mais ça m’a fait énormément de bien, comme une lueur d’espoir.
Je souhaite à chacune d’entre vous, chaque couple, de trouver le bon quai, et de pouvoir monter, enfin, dans ce train !