Un parcours de PMA : le ressenti de Pierre
Comment un homme vit-il cette expérience ? Eh bien, ce sont des moments très difficiles à traverser ! Au moment où on a annoncé à ma femme qu’elle ne pourrait pas avoir de grossesse naturelle, je n’avais pas vraiment un grand désir d’enfant. Evidemment, je voulais avoir une famille, un jour ou l’autre, mais je n’avais que 30 ans et il me semblait que nous avions tout le temps… jusqu’à ce qu’on nous dise que nous aurions beaucoup de difficultés à concevoir. Là, tout a changé : même si je n’étais pas complètement prêt, je me suis lancé dans cette aventure qui s’annonçait longue et ardue.
Je n’avais aucune connaissance médicale du sujet. J’ai toujours été en bonne santé, par chance, et avant de commencer les traitements contre l’infertilité, je n’avais croisé que peu de médecins. Quand je me suis retrouvé assis face à un spécialiste de l’infertilité et qu’il m’a dit que selon lui, Sophie et moi faisions partie des 25 % de couples dont l’infertilité était inexpliquée, je me suis demandé pourquoi je payais un type pour qu’il me dise qu’il n’avait aucune idée de ce dont nous souffrions. Je m’attendais à des réponses un peu plus précises et j’étais à la fois frustré et en colère.
Nous avons persévéré, car nous voulions savoir comment améliorer cette situation. Des examens ont révélé que Sophie avait des problèmes que seule une intervention pouvait résoudre. Pour moi, ça a été un soulagement, mais en même temps je n’ai jamais vraiment rejeté la responsabilité sur elle, parce que c’était une épreuve que nous vivions à deux. J’ai donc tout fait pour la soutenir dans la mesure du possible puisque la majorité des traitements ne s’adressaient qu’à elle. Ce n’est pas facile de regarder sa compagne souffrir ; on voudrait aider plus et partager son fardeau, mais c’est impossible.
Pendant plusieurs années, nous avons essayé de procréer naturellement, et puis nous avons placé tous nos espoirs dans la FIV. C’est là que la situation a empiré à mon sens parce que la première tentative a échoué et que la deuxième a conduit Sophie en unité de soins intensifs. Je me suis posé des questions : étais-je prêt à risquer la vie de la personne que j’aimais le plus au monde dans l’espoir d’avoir un bébé ? La réponse était « non » !
Cette expérience m’a ouvert les yeux : j’ai perdu toute confiance dans la FIV ; j’étais persuadé qu’il devait y avoir de meilleures méthodes. Je ressens aujourd’hui encore une grande colère quand je songe à cette époque. Nous avons changé de clinique pour notre plus grand bonheur et abandonné celle qui avait presque coûté la vie à ma femme : c’était le jour et la nuit. Je conseillerais à toute personne dans ce type de situation de faire ses propres recherches, de poser des questions et de se renseigner bien au-delà des brochures qui lui sont fournies. La FIV est une technique en développement permanent ; les spécialistes eux-mêmes étudient en permanence pour apprendre à améliorer leurs taux de réussite.
A l’intérieur du couple, montrez-vous toujours honnête : dites ce que vous ressentez et si une décision ne vous convient pas, ne le cachez pas ! Essayer d’avoir un enfant dans cette situation est très difficile, et épuisant émotionnellement comme physiquement. Soutenez-vous l’un l’autre, ne passez rien sous silence, et fixez-vous une date limite, même si cela vous semble inconcevable. Il faut que vous vous fixiez des limites ! C’est une nécessité ! Et le plus important : pendant tout le processus, restez positif, concentrez-vous sur votre projet – une photo de famille – et prenez soin l’un de l’autre.