Le témoignage de Séverine : une petite fille adoptée après un parcours de 5 ans de PMA
Le début de notre couple
La maternité n’a jamais été pour moi une urgence. J’ai rencontré mon mari assez jeune mais nous avons souhaité tous les 2 profiter de la vie, voyager et par la suite consolider nos projets avant d’avoir des enfants. Et un jour une petite horloge dans la tête se met en route. J’ai longtemps eu peur de la maternité ou plutôt de l’accouchement encore plus peur des démarches médicales de la PMA, mais un jour le désir d’enfant est plus fort…
Le début des essais bébé et direction la PMA
J’arrête la pilule. Rien ne se passe, mais pas de pression c’est sûrement normal. Ne surtout pas se mettre la pression ! J’essaie les tests d’ovulation… Tout ça sans résultat sauf peut-être nous bloquer un peu plus.
On finit par nous en remettre à des spécialistes et on prend rdv au centre PMA près de chez nous. Un nouveau monde s’ouvre à nous sans que nous en rendions compte au début, un monde qui va rythmer nos vies pendant 5 ans. Naïfs et désinvoltes que nous étions. On se rend compte qu’on n’est pas seuls. Loin de là…mais pour nous c’est sûr on aura seulement besoin d’un petit coup de pouce. Rdv avec le gynécologue et les biologistes qui nous confortent dans notre idée de légèreté. Nous allons commencer par une insémination artificielle puisque tous les examens n’ont rien montré de contraignant. Une procédure de routine… Simple, indolore et sans doute suffisante… nous en ferons 4… 3, de trop sans doute.
Début des FIV
Finalement c’est un peu plus compliqué que prévu mais avec les FIV, cette fois c’est sûr, ça ne peut pas louper. Pour moi c’est plus lourd médicalement, douillette que je suis (une sainte horreur des piqûres, des hôpitaux, des prises de sang). Mais on est dans le processus, on suit le menu à la lettre. Je me fais violence. Le prix à payer pour tomber enceinte. Puisqu’il semble que tout doive être plus compliqué pour nous, soit, je suis prête ! Heureusement je travaille maintenant près de chez moi, ce sera plus aisé pour le suivi. Car quand on attaque une FIV, il faut être disponible à tous niveaux. Stimulation quotidienne à heure fixe avec injection dans le ventre par une infirmière car je suis incapable de me les faire seule, prises de sang, rendez-vous de suivi chez le gynécologue.
Ma première ponction reste un souvenir épique. Toute à ma crainte de l’intervention qui s’est avérée finalement quasi indolore. Mon mari s’est rendu compte que son bracelet ne correspondait pas à son identité. Une erreur de bracelet qui aurait pu être grave !
Puis les icsi se sont enchaînées avec l’excitation d’une nouvelle tentative et les espoirs qui l’accompagnent. Les montagnes russes émotionnelles. En France, il y aura 6 transferts en comptant aussi les transferts d’embryons congelés. Après la déception de l’échec d’implantation, on reprend espoir et on se dit que la prochaine fois c’est la bonne. Les stimulations. Les prises de sang. Les suivis et mesures de l’endomètre. On se sent active. Puis la date du transfert ! Le jour J !
A la suite du transfert, le gynécologue dit toujours qu’on peut reprendre notre vie normalement sans précaution particulière. Je n’ai finalement jamais su s’il fallait rester tranquille jusqu’au jour de la prise de sang ou vraiment faire comme si de rien n’était (comme si c’était possible). Cette période d’attente reste pour moi le pire moment, on ne se sent plus active mais impuissante.
On est à l’écoute constante de son corps en interprétant chaque signe ou pseudo signe, on se sent démunie et on ne pense à rien d’autre. La tension monte jusqu’au jour tant attendu de la prise de sang. Point final de la tentative ou début d’une nouvelle aventure. Les résultats ont été pour moi souvent très joueurs, des négatifs purs et durs, des faux positifs « vite » négatifs et un vrai positif trop vite négatif. Beaucoup d’espoirs déçus et de larmes. On encaisse beaucoup pour avoir la force de recommencer. Mais chaque petit deuil laisse une trace.
Direction l’étranger
Après 3 ponctions en France et 6 transferts, nous décidons avec mon mari de faire une tentative à l’étranger. On a entendu parler de l’Espagne (c’est proche de chez nous et ils semblent avoir de bons résultats). Jusque-là, je m’étais dit que les moyens étaient identiques n’importe où en France ou en Espagne. Mon gynécologue du centre de PMA nous l’affirme. Mais après l’énième échec, je décide de me faire suivre par une spécialiste à Paris et tenter une FIV en République tchèque.
Cette nouvelle gynécologue nous fait faire de nouveaux tests, surtout à mon mari cette fois. Ça faisait longtemps que je me disais qu’il y avait eu peu de recherches de son côté. Pour ma part, j’avais déjà fait une batterie d’examens et on a demandé à mon mari un simple spermogramme. Cependant, en quelques années, ma réserve ovarienne est diminuée. A ce moment-là, j’ai regretté de ne pas avoir voulu changer de spécialiste avant pour avoir d’autres avis. De nouvelles perspectives s’ouvraient avec de nouveaux espoirs.
J’allais donc me faire suivre à Paris. Pour la clinique à l’étranger, nous avons hésité entre l’Espagne et la République tchèque. Nous avons monté un dossier de remboursement pour la Sécurité sociale. En effet, c’était ma dernière tentative remboursée et je rentrais encore dans les critères de prise en charge. Ils m’ont également informé des différences de procédures des 2 pays.
Notre choix s’est tourné vers la République tchèque, la clinique Reprofit de Brno. J’y ferai des ICSI avec don d’ovocytes. Tout se passe assez rapidement et efficacement. Mon seul regret : ne pas avoir fait ce choix plus tôt. L’accès au don d’ovocytes est plus long et compliqué en France. Et quand l’infertilité n’est pas avérée. Pour ma part les résultats ont été bien meilleurs sûrement grâce au don d’ovocytes et sûrement aussi grâce au suivi de cette spécialiste parisienne. Ma deuxième et dernière tentative en République tchèque a presque été un succès avec un positif assez faible mais positif qui a doublé les premiers temps. L’attente des résultats de prise de sang sont un calvaire et les résultats laissant place à interprétation.
Il me restera l’émotion de cette unique échographie où pour la première et unique fois j’ai entendu battre un petit cœur en moi. Pour la première fois des larmes ont coulé de joie depuis le début de notre parcours PMA. Hélas la douleur a été d’autant plus forte quand à l’échographie suivante le silence lourd et morbide m’a fendu littéralement le cœur. J’ai mis énormément de temps à me remettre de ce deuil d’une grossesse à peine effleurée.
Une demande d’adoption en parallèle de notre parcours de PMA
Mon parcours PMA s’est arrêté là car au moment où je me préparais à une dernière tentative après des examens complémentaires, une autre porte s’est ouverte m’offrant la maternité tant attendue : l’adoption. En débutant mon parcours pour l’adoption, j’ai commencé des séances psy. Après l’acupuncture, la chiropractie et l’ostéopathie, je cherchais toujours l’origine des troubles. C’était compliqué pour moi de ne pas pouvoir trouver de cause à notre infertilité. On ne le préconise finalement pas assez mais je pense que c’est quelque chose qui peut aider quand on entame un processus médical aussi intense que la PMA.
C’est un parcours qui met à l’épreuve le couple de par les émotions intenses qu’il implique. Mais aussi une certaine introspection sur sa propre enfance et sa famille.
Notre procédure d’adoption menée en parallèle (même si extrêmement déconseillé car c’est un autre parcours intense qu’il est difficile de mener en parallèle) a abouti sur une proposition d’attribution et mis un point final à tout notre parcours médical qui aura duré 5 ans.
A 42 ans, nous sommes les parents comblés d’une merveilleuse petite fille de 3 ans !
Séverine