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Le témoignage de Lucie : 2 IAC, 5 FIV, 6 transferts et la naissance d’un petit Jules en janvier 2022

Un parcours PMA de 5 ans : 2 inséminations artificielles, 5 FIV, 6 transferts et la naissance d’un petit Jules en janvier 2022

Un parcours impensable mais nous avons gagné la partie et notre petit amour est là !!!

5 ans pendant lesquels ta vie est organisée en fonction des traitements, des RDV médicaux, des heures de piqûres à respecter, des prises de sang, du temps passé sur la route pour se rendre aux examens et RDV et des longues heures dans les salles d’attente.

Il faut s’armer de patience car il faut attendre toujours attendre, patienter après chaque échec, entre chaque cycle, pour obtenir un RDV … nous sommes nombreux en PMA …. et quand le Covid se mêle à tout ça.

Des hauts, des bas, beaucoup de bas, peu de douleurs physiques et d’effets secondaires liés aux traitements heureusement mais beaucoup de douleurs morales

Des mois à subir et à mettre ta vie entre parenthèse et à être démoralisée.

Je me suis souvent sentie bien seule à l’âge ou toutes mes amies tombent enceintes, peut être parfois incomprise, déçue que certains ne prennent pas la peine de comprendre ce qu’est une FIV, de se renseigner un peu sur le sujet, mais je retiens aussi le soutien de mes parents, de ma sœur, de quelques amis ainsi qu’un entourage professionnel bienveillant, compréhensif qui m’a permis de me rendre à tous mes RDV sans aucun commentaire et avec beaucoup de soutien.

 

Le parcours PMA : plus de 300 piqûres, environ 70 RDV médicaux, plus de 100 prises de sang et beaucoup d’obstacles

J’ai 35 ans, j’ai arrêté la pilule à mes 30 ans

Après une première année d’essais sans résultat, je décide de consulter ma gynécologue afin de faire un bilan avec elle en espérant qu’elle me prescrive des analyses ou examens pour me rassurer.

La consultation a été décevante elle me redonne RDV dans un an, aucun examen prescrit ! Sa phrase de conclusion m’incite à consulter un autre médecin : « Les jeunes vous êtes toujours pressés d’avoir un bébé, il faut être patients ». A ce moment j’étais loin de me douter du parcours qui nous attendait et du temps qui s’écoulerait avant que je tombe enceinte.

Entre 2017 et fin 2018 j’ai consulté plusieurs gynécologues différents et réalisé tous les examens et analyses possibles relatifs à la recherche des causes de l’infertilité : hystéroscopies, échographies, hystérographies, prélèvements divers. Mon conjoint a de son côté effectué tous les tests qui permettent de diagnostiquer les problèmes masculins.

Tous nos résultats se sont révélés normaux. Les médecins ont donc conclu à une infertilité inexpliquée. Cependant, pendant ces années nous évaluions régulièrement mon taux d’AMH qui était très bas pour mon âge et qui n’a cessé de baisser. Je suis actuellement à un taux de 0,2 à 35 ans.

Fin 2018, je commence les inséminations artificielles (intra-utérines) auprès d’une gynécologue en cabinet, deux échecs : elle me conseille de prendre RDV dans un centre pour envisager une FIV.

Habitant dans le 91, aucun centre n’existait alors près de chez nous. Nous nous renseignons sur les hôpitaux proposant des FIV et choisissons la clinique des Noriets à Vitry sur Seine. Entre avril 2019 et novembre 2019 nous réalisons 3 FIV : peu d’ovocytes prélevés à chaque fois et seulement 3 embryons au total, un embryon implanté à chaque FIV.

Première FIV avril 2019 : 4 ovocytes prélevés, 1 seul embryon, implanté à J2 – Premier échec

Seconde FIV juillet 2019 : 5 ovocytes prélevés, 1 seul embryon, implanté à J5, fausse couche à 3 semaines

Lorsqu’à cette seconde FIV après le transfert la prise de sang est positive, première fois que je suis enceinte, nous sommes persuadés que tout est gagné et que le combat est terminé. Nous déchantons très vite lorsque le taux de Beta-hcg de la deuxième prise de sang n’a pas significativement augmenté et a baissé à la troisième analyse. Deuxième échec.

A la suite j’ai un kyste placé sur l’utérus, nous retardons le traitement et laissons passer plusieurs cycles pour qu’il disparaisse naturellement avec mes règles.

Troisième FIV novembre 2019 : 7 ovocytes prélevés, 1 seul embryon, implanté à J5 – Troisième échec

Je reste mitigée sur ma prise en charge pour ces trois premiers essais.

Pour les 3 FIV le traitement et la méthode sont restés similaires. Aucune recherche n’a été effectuée sur les causes éventuelles des échecs.

J’ai beaucoup souffert du fait qu’il n’était pas possible de parler à ma gynécologue par téléphone ou mail entre les RDV ou après les échecs. L’aspect psychologique était très peu pris en compte pour ne pas dire pas du tout.

 

Nous changeons de centre pour l’hôpital Foch

Pour notre dernière FIV, nous décidons de changer de centre et choisissons l’hôpital Foch réputé pour son centre de PMA.

Quatrième FIV février 2020 : 7 ovocytes prélevés, 2 embryons, 2 transferts (TEC)

Le traitement est différent, le procédé également : on nous propose pour la première fois d’essayer directement un TEC (transfert d’embryon congelé après freeze-all).

Premier transfert : fausse couche à 3 semaines

Pour le premier transfert d’embryon à ma quatrième FIV, lors de l’échographie organisée juste avant le transfert, le gynécologue me décèle un fibrome. Cette fois il faut opérer. Nous sommes en mars 2020, je subis une hystéroscopie opératoire et quelques jours après le confinement est annoncé : le centre de PMA de Foch ferme pendant la crise sanitaire, nous ne pourrons envisager un transfert seulement en septembre.

Deuxième transfert : nouvel échec

En septembre 2020, l’épisode de la seconde FIV se reproduit de façon similaire : ma première prise de sang est bonne, je suis enceinte et les deux suivantes annoncent clairement que la grossesse n’aboutira pas.

L’équipe de FOCH me prescrit des analyses plus poussées, notamment génétiques, pour comprendre mon taux d’AMH anormalement bas pour mon âge et creuser les raisons des échecs d’implantation. Les résultats sont normaux, les recherches génétiques réalisables ne permettent pas d’aller plus loin.

Démunis, nous réfléchissons à notre capacité et notre force à recommencer à nouveau une FIV mais sommes persuadés qu’il faut tout tenter et décidons de demander l’autorisation pour une 5ème FIV. Demande acceptée par le comité PMA de Foch : nous le savons c’est notre dernière chance.

Nous rencontrons parallèlement le médecin de l’hôpital spécialisé dans le don d’ovocytes car sommes obligés de commencer à envisager cette option. Nous commençons même à discuter d’avoir recours à la PMA en Espagne.

Cinquième FIV mai 2021 : 7 ovocytes prélevés, 2 embryons, premier transfert : un beau bébé qui a aujourd’hui 2 mois et un embryon congelé qui nous attend sagement pour une éventuelle nouvelle tentative.

Les 3 prises de sang post transfert sont parfaites et tous les examens d’après seront bons et encourageants.

Jules est né le 19 janvier 2022 en pleine forme et tout va très bien.

 

Conclusion

Nous avons encore du mal à y croire et à réaliser le chemin parcouru mais nous y sommes. Je tenais donc à témoigner car pendant 5 ans je n’ai jamais souhaité arrêter malgré les difficultés d’un tel parcours ! Pour n’avoir aucun regret, il fallait aller jusqu’au bout des possibilités qui s’offraient à nous légalement et en France.

Je remercie l’équipe de Foch qui a été très professionnelle, l’organisation dans le centre est optimale mais pendant toutes ces années je n’ai jamais trouvé un gynécologue qui m’a apporté le suivi que j’aurais aimé avoir humainement et psychologiquement.

J’aurais souhaité plus de bienveillance, de considération, pouvoir m’adresser à quelqu’un en particulier si questions pour mes traitements, en cas de doute. En 5 ans aucun ne m’a proposé de prendre RDV avec un psychologue ou de faire de la sophrologie, de l’acupuncture, je me suis renseignée seule sur ces sujets qui accompagnent un parcours PMA et c’est dommage.

Je déplore aussi que la France ne soit pas aussi avancée que certains pays sur la PMA, car j’ai compris au cours de conversations ou dans mes diverses lectures que mon parcours aurait été différent sur certains points dans d’autres pays notamment grâce aux analyses possibles sur les embryons avant transfert.

Enfin même si un centre a maintenant ouvert dans le 91, nous avons passé des heures et des heures sur les routes pour nous rendre à nos RDV faute d’un centre près de chez nous, ce qui ajoute des contraintes à un process déjà compliqué et demande beaucoup d’organisation pour réussir à ne pas pénaliser son activité professionnelle en parallèle. J’imagine que le problème est le même pour beaucoup de femmes en France et certainement davantage pour celles qui ne vivent pas en Ile de France.

Je garde en mémoire un gynécologue que j’ai rencontré lors d’un passage aux urgences car j’ai perdu un peu de sang en début de grossesse. Ce docteur à la retraite mais en activité le week-end m’a apporté en 30 minutes de consultation ce qu’aucun médecin ne m’a apporté en 5 ans grâce à ses mots et sa bienveillance mais surtout à une fin de consultation qu’il a conclu en me disant « Ma chère dame, quand on se bat comme vous on finit toujours par y arriver ».

Je réserve la conclusion à mon conjoint, mon amour de toujours qui m’a accompagnée, soutenue et qui a été présent tout au long de ce parcours. Il m’a donnée la force et le courage de me battre et de continuer malgré nos échecs. Il a suivi de près les traitements, préparait les piqûres, s’est renseigné sur tous les sujets relatifs à ce parcours, était là pour les RDV et m’a encouragé à toutes les étapes en étant certain que nous « allions y arriver ».

Jamais je n’aurais pensé vivre une telle épreuve mais je ne peux que vous inciter à ne rien lâcher et à vous battre jusqu’au bout. Je vous souhaite beaucoup de force et de courage. »

Lucie

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