Sélectionner une page

Témoignage de Corinne : un parcours PMA sans enfant

Je souhaitais apporter mon témoignage en tant que couple qui a vécu la PMA et qui en a maintenant fini avec tout cela.

Mon homme et moi, nous sommes rencontrés en 2005 par l’intermédiaire d’un site de rencontre. Tous les deux issus du même milieu, cela a de suite été comme une évidence entre nous.

A l’époque, on habitait encore chez nos parents et on se voyait que les week-ends habitant à un peu moins de 100 km l’un de l’autre.

Entre temps, il construisait lui-même notre future maison. On se téléphonait chaque jour mais la distance entre nous n’était pas facile à gérer.

En avril 2009, nous nous marions et très vite nous décidons alors de mettre un bébé en route. Sur le coup, la décision m’a parue un peu précipitée sachant que notre maison n’était pas encore achevée et pas encore habitable. Mais bon, on s’est dit, on verra bien…

On a d’abord habité 3 mois en appartement à mi-chemin entre nos deux lieux de travail puis on a déménagé définitivement dans notre maison en août 2009.

Mes règles arrivaient jusque-là à peu près régulièrement chaque mois et ma gygy d’avant déménagement m’avait prescrit de l’acide folique ; rien d’anormal concernant mes cycles donc on ne s’inquiétait pas.

En janvier 2010, les ennuis commencent, des cycles déréglés pour moi, hyper longs. Je consulte ma nouvelle gygy qui me met sous duphaston.

Je le prendrai 3 mois mais il ne fera pas toujours effet et du coup, ma gygy commence alors les examens me concernant : prise de sang hormonale, échographie endovaginale, résultat : tout est ok chez moi.

Puis elle me dit qu’il faudrait aussi que Monsieur fasse un spermogramme, un examen pas toujours simple à réaliser pour les hommes ! Etant donné ce qu’elle m’avait dit, je me souviens avoir dit à mon homme, je te laisse l’ordonnance là… et tu iras quand tu veux. J’ai été assez surprise, il y est allé assez rapidement d’ailleurs !

C’est là qu’on va découvrir quelque chose qu’on ne connaissait ni l’un ni l’autre : l’azoospermie.

Monsieur ne produit aucun zozo ; direction la PMA, premier rendez-vous en juillet 2010.

Les autres examens montreront alors que l’azoospermie est due à une délétion du chromosome Y sur la zone A ; pas la peine d’aller jusqu’à la biopsie testiculaire, il n’y aurait aucune chance de trouver des spermatozoïdes.

Octobre 2010 : il nous reste alors deux solutions : soit l’adoption, soit le don de sperme. On réfléchit et on se dirige vers le don de sperme.

Après avoir essayé d’avoir un enfant de nous deux, nous faisons notre deuil de cet enfant issu de nos propres gènes, issus de notre amour et nous dirigeons dans une nouvelle voie.

On attendra 14 mois avant de tenter une première insémination avec donneur.

Janvier 2012 : l’espoir est là, on fait notre première tentative ; mais premier échec. De janvier 2012 à avril 2013 : je ferai 6 IAD qui se termineront à chaque fois avec un résultat négatif.

Pourtant à chaque fois, j’ovule bien, malgré le fait d’être opk.

C’est dur… chaque résultat entraînera souffrance et pleurs mais on repart au combat, on réattaque et on y croit !

Avant de passer à l’étape suivante, les FIV avec donneur, je passe une hystéroscopie, tout est ok ; comme d’habitude… mais en attendant, on en est toujours au même point ; moi qui ne me voyait pas du tout aller jusqu’aux FIV, c’est raté !

Septembre 2013 : enfin une bonne nouvelle ! ! La FIV nous donne 5 blastocystes, un transféré nous donnera un +++. Je suis enfin enceinte ! ! Nous sommes les plus heureux ! La première écho montrera alors que le blasto transféré s’est divisé et nous attendons des jumeaux. Nouvelle pas forcément bonne d’après la gygy PMA, ces grossesses-là sont plutôt vouées à un échec ensuite. Effectivement, je vais faire une FC à 11 SA. La plus dure épreuve à vivre dans tout ce parcours. Je suis tombée bien bas moralement… Première fois que j’ai vu mon homme pleurer… Dur dur !

En mars, on refait un TEV (transfert d’embryon vitrifié) ; et là à nouveau un ++ ; je reste sur mes gardes… on ne se réjouit pas trop vite étant donné l’épreuve subie quelques mois plus tôt. Et à 4 SG, je perds du sang, je suis au travail… une collègue m’emmène aux urgences, on hésite entre la GEU ou la FC, le verdict tombe 2 jours après… les taux B-Hcg baissent, la FC est en cours.

Une cœlioscopie faite entre temps et une prise de sang pour vérifier ce qu’il en est avec les fausses couches.Le caryotype révélera un léger souci qui entraîne ces fausses couches.S’en suivront alors deux nouveaux TEV mais qui se solderont directement par un échec.

On refait une FIV en février 2015 mais pas de blasto donc pas de transfert ; même chose en avril 2015… En juillet 2015, le résultat est encore pire, aucun embryon.

Là, ça devient très dur d’enchaîner toutes ces FIV pour ne rien avoir au bout ; y aller étape par étape pour ne même pas pouvoir avoir un transfert.

On réfléchit avec Monsieur et on se renseigne. La gygy nous dira alors que mes ovocytes sont de mauvaise qualité, 3 FIV en 2015, ça fait beaucoup.

Je lui parle alors de l’accueil d’embryon. Elle nous dirige vers le Cecos qui s’en occupe. Nous avons alors rendez-vous début décembre 2015 avec la biologiste, la gynécologue et la psychologue qui décident de nous accorder deux transferts de deux embryons.

Nous sommes heureux et confiants. Avec des embryons issus d’un autre couple, nous avons à nouveau nos chances.

Plusieurs examens à faire :  prélèvement vaginal, échographie mammaire ; hystéroscopie + biopsie de l’endomètre et ensuite revoir la gynécologue.

On se dit qu’on a d’abord essayé tous les deux, puis avec donneur et là, la prochaine étape sera l’accueil d’embryon. On sait ce que cela engendre ; on sait aussi que si cela fonctionne, notre enfant sera en droit de nous poser des questions mais on est prêt à assumer.

Il y a à nouveau de l’attente mais les examens à faire et le rendez-vous au tribunal nous permettent d’avancer tout de même.

Je ferai alors un TEC en juillet 2016 et résultat un léger taux positif mais un FC très précoce. Le second TEC avec accueil d’embryon aura lieu en février 2017 et le taux sera négatif.

A ce moment-là, on reprend rendez-vous en PMA, la gygy que nous avons déjà vue et revue me prescrit à nouveau de nouveaux examens, on espère refaire une FIV-D.

Nous avons encore un peu d’espoir même si dans la salle d’attente je me dis que je ne veux plus venir ici encore bien longtemps… non, je ne peux plus ! Attendre… toujours attendre pour ne rien avoir au bout !

En juillet 2017, j’y retourne à nouveau avec les résultats des différents examens mais là, elle m’annoncera que le staff s’est réuni et une nouvelle FIV-D n’est pas envisageable dans les conditions actuelles. Mes ovocytes sont de trop mauvaise qualité, mon caryotype n’est pas au mieux.

Quinze traitements au total, des cancers dans la famille dont je lui ferai part ; cela me fait peur et d’un côté je comprends leur décision.

Beaucoup de fatigue, de larmes, d’espoir mais à un moment, il faut aussi être raisonnable, nous parlons beaucoup avec mon homme et décidons de nous arrêter là.

Cinq mois sont passés et je dois dire qu’il y a des hauts et des bas mais je dois aussi avouer que je revis ! J’ai décidé de voir le côté positif de cette vie à deux sans enfant et je dois dire qu’il y en a plus qu’on ne croit !

Ma collègue qui connaît notre parcours me dit que je suis épanouie et j’en suis fière. Elle, a cinq enfants et bien des soucis alors je me rassure comme je peux.

J’ai essayé de résumer ici toutes ces années de souffrance, de PMA, de rendez-vous médicaux mais aussi les rendez-vous à côté : l’ostéopathe ; l’acupuncture, toutes ces médecines parallèles auxquelles qui pourraient nous aider.

Je voulais surtout montrer que la PMA n’est pas un long fleuve tranquille et qu’on peut en ressortir les bras vides. Aller en PMA, fréquenter des médecins qui s’y connaissent très bien pour faire un bébé ne signifie pas forcément qu’on aura un enfant très vite.

Pour finir mon écrit, je m’adresse aux fivettes, futures fivettes, femmes en PMA, si je peux donner un conseil avec le recul, c’est de ne pas hésiter à faire des pauses, ne pas se précipiter pour faire les traitements même si on a envie d’enchaîner, d’aller le plus vite possible parce qu’un mois, ça compte énormément mais croyez-moi, lâchez prise un mois ou deux s’il le faut et vous vous sentirez revivre !

Merci de m’avoir lue.

2 commentaires

  1. GOGOUA Edwige

    Vous êtes très forte! Bon courage par la suite

    Réponse
  2. Karen

    Témoignage très touchant. Merci beaucoup. Et vous avez beaucoup de courage. Bravo

    Réponse

Laisser une réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Share This