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Témoignage d’Anaëlle, plusieurs FIV et un petit garçon

« Vous êtes en salle de réveil, Madame A. On a réparé votre trompe.
C’est bon, il n’y aura plus de problème désormais… », me dit l’assistante du médecin avec un sourire rassurant.
A ce moment précis, je crois avoir pleuré. Un sentiment de sérénité m’avait envahi. J’étais comme apaisée par cet heureux dénouement.
Et j’avais même une sensation étrange: celle d’avoir accouché.
C’était une telle délivrance…

SAUF QUE.

Sauf qu’en fait, j’étais presque seulement au début de mon combat.
Que les dires de cette femme se sont révélés faux.
Et qu’en effet, j’étais en salle de réveil car il fallait bien ouvrir les yeux sur ce qui m’attendait ensuite…
Il faut dire qu’en même temps que j’apprenais qu’on m’avait soi disant rendue de nouveau fertile, j’apprenais qu’on m’avait décelée une endométriose.
Pas significative selon le chirurgien, donc il faut l’oublier.
Mouai, bon, ok, pas tellement convaincue mais je vais tenter de le croire…
Mais quand même, j’en ai une et je sais qu’elle va évoluer, c’est ainsi, alors faut vraiment se grouiller avant que cette maladie me cause davantage de mal.

Avant cette intervention, j’avais déjà fait un panel d’examens médicaux, même une IRM de l’hypophyse !
C’est d’ailleurs à ce moment-là que mes parents ont su que je ne parvenais pas à tomber enceinte : au moment où les examens s’enchaînaient et devenaient plus sérieux.

J’ai vu de nombreux médecins, eu des traitements dont les effets me rendaient si malade que j’avais du mal à ne pas m’écrouler.
« Qu’est-ce que tu as Anaëlle, tu n’as pas l’air bien ?! » – « Non non, ça va aller t’inquiète, ce n’est rien, juste un truc que j’ai du choper… »
Tu parles.

Ma soeur m’avait même offert un petit pilulier pour ranger mes comprimés quotidiens. Un petit objet rétro et girly à la fois, c’était ma petite touche de gaieté dans ma triste routine.
Ce traitement n’a finalement pas marché.
Mais je me rattachais à ma croyance en Dieu. Je considérais qu’il y avait toujours un mal pour un bien.
Alors je prenais justement ce mal en patience.

Une fois seulement, pendant quelques semaines à peine, j’ai repoussé ce Dieu qui semblait m’avoir oubliée.
Cet épisode n’a pas duré longtemps mais je crois avoir eu besoin de ce laps de temps d’abandon, de rejet, pour revenir ressourcée et bien plus positive et forte. Ma foi s’était alors intensifiée et mes espoirs étaient grandissants.

Les jours ont suivi, les rendez-vous, les prises de sang et les examens aussi.
Et puis un jour, je reçois des résultats d’une énième analyse, et le couperet tombe…
Je me souviens avoir ouvert cette enveloppe en arrivant au travail, c’était devenu si machinal et je n’attendais rien de particulier. Enfin, c’est ce que je pensais.
Finalement, j’ouvre, et là: je me retrouve choquée, le souffle coupé et les larmes qui n’en finissaient plus de couler.

Je n’ai même pas la réserve ovarienne d’une femme de 50 ans. Elle est quasi inexistante…
Je m’effondre littéralement et je rentre chez moi pour digérer la nouvelle dans mon cocon.
J’avais besoin d’être dans ma bulle, et pleurer, pleurer, pleurer…
J’avais besoin de me laisser aller, de m’emmener ne serait-ce que quelques heures au fond du gouffre pour mieux me relever. Tel un phénix, je renaissais ensuite de mes cendres.

Ce vide dans mon ventre que je ressentais, ce sentiment de ne pas être capable de faire ce que la plupart des femmes font, cette fertilité qu’on m’avait ôtée…
Ce « moins » m’a finalement apporté tellement plus.
Plus de courage, plus de force, plus d’endurance. Plus d’amour et plus de coeur aussi.

Moi l’angoissée, moi l’hypocondriaque, j’ai du accepter de faire un enfant avec la médecine.
La sophrologie, la relaxation, le sport m’ont beaucoup aidé. J’étais plus zen et libérée.
J’apprenais à me laisser porter par toute cette équipe médicale qui s’agitait autour de moi.
La confiance que je leur accordais était telle que je ne me laissais pas submerger par mes émotions et par la crainte.
Je ne voulais pas me torturer l’esprit davantage, c’était assez difficile comme ça, alors je me laissais faire un point c’est tout.

Se piquer, encore et encore.
S’injecter quotidiennement ces hormones, non sans conséquence.
Jamais je n’aurais pu croire que j’allais être capable de rentrer moi-même une aiguille dans mon corps.
Mais je l’ai fait.
Au début, c’était étrange, je n’étais pas très à l’aise. Puis, c’est devenu mécanique.
Parfois, je me rendais chez l’infirmier, pour certaines piqûres plus compliquées ou parce que j’avais juste envie de lâcher prise.

Voilà, c’était devenu ma vie et tout comme le pilulier girly que j’avais avec mon ancien traitement, je m’accompagnais là aussi d’un accessoire que j’affectionnais particulièrement.
Telle une fermière avec son panier d’oeufs, je me rendais à la pharmacie chercher mes injections avec mon petit sac isotherme à fleurs sous le bras.
C’est tout bête, mais c’était ma manière à moi d’apporter ma petite touche et rendre toutes ces procédures moins impersonnelles.

« Vous êtes en salle de réveil, madame A. »
Cette phrase, je l’ai entendue à plusieurs reprises depuis ma toute première intervention.
Je l’ai entendue notamment lors de mes FIV.
Mes cicatrices sont là pour me rappeler ce jour-là, ces jours-là.
Elle sont ma fierté d’avoir réussi à mener un tel combat.
Elles sont ma victoire contre mon infertilité.
Elles sont mon histoire, celle de notre couple, celle de notre fils.
La plus belle histoire jamais écrite…

 

Retrouvez Anaëlle sur son blog : https://monmanegeenchante.com/

 

2 commentaires

  1. Yas

    Une magnifique histoire ..
    Merci de nous la faire partager , je me suis retrouvée dans ton combat , ces quelques lignes me redonnent espoir .
    MERCI

    Réponse
    • monmanegeenchante

      Je suis très touchée par votre commentaire. Et je suis contente d’avoir pu vous redonner de l’espoir, c’est l’essentiel.
      N’hésitez pas à me lire davantage sur mon blog, j’y parle notamment de mon parcours et de ses différents côtés et ressentis. Belle continuation à vous

      Réponse

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