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Témoignage d’Elisa : 2 FIV et un bébé

Elisa, 33 ans

Notre parcours PMA:

D’aussi loin que je me souvienne cela a toujours été une évidence : devenir maman, avoir des enfants.

Les années défilent, les histoires d’amour aussi, le premier amour mais pas le bon, le second toujours pas le bon, le troisième absolument pas le bon. Et puis à 27 ans, il y a Lui, le vrai de vrai, celui dont on est sûre, au bout d’à peine dix minutes que ce sera « le père de mes enfants ». Tout va très vite, emménagement, vacances à deux et arrêt de pilule dans la foulée. Nous voulons un enfant.

Ça commence.

Les premiers mois sans que rien ne se passe, ne me semblent pas si alarmants. Je sais qu’on ne tombe pas enceinte dans l’immédiat, qu’avec la pilule prise pendant 10 ans, cela peut prendre du temps… ça va arriver !

Je consulte tout de même ma gynécologue habituelle qui m’examine, me dit que tout va bien et qu’il faut être patiente.

Soit!

Puis cela tourne à l’obsession

J’achète des tests d’ovulation, je multiplie les tests de grossesse dès que j’ai un peu de retard, je calcule tout, j’installe l’application clearblue (très mauvaise idée) sur mon téléphone, je fais la chandelle après les rapports (programmés), je pleure, je pleure beaucoup, souvent. Quand mes règles arrivent, c’est à chaque fois une souffrance. Mais l’espoir de « la prochaine fois ça va marcher » revient.

Les mois passent, se suivent, on essaye, on espère et finalement toujours rien. On avance, on se marie, on construit une maison, je crée mon entreprise.

Toutes les personnes autour de moi tombent enceintes les unes après les autres. Je suis heureuse pour chacune d’elles, comment être jalouse d’une telle nouvelle ? Mais chaque annonce de grossesse me fouette le visage et me rappelle égoïstement que MOI je ne le suis toujours pas.

Il y a aussi toutes ces commentaires (déplacés et inutiles) de certaines personnes : « Et vous c’est pour quand ? », « Vous voulez de l’aide ? », « moi dès que je l’ai voulu je suis tombée enceinte » (et j’en passe) je réponds toujours avec un sourire forcé mais chacune de ces phrases me transpercent le cœur.

En septembre 2016

Après presque trois ans d’essais, nous sautons le pas et décidons de prendre rendez-vous avec un médecin spécialisé dans l’infertilité, réputé pour sa froideur mais surtout pour son professionnalisme.

Nous avons un premier rendez-vous « diagnostic » avec une multitude de test à faire chacun.

Un mois plus tard, le verdict éclate. Mon mari a des spermatozoïdes trop lents, pas assez mobiles. On ne pourra pas faire un enfant « normalement ». Nous devons nous faire aider médicalement.

S’en suit une longue et douloureuse période, l’acceptation… Longue période où le dialogue se fait rare, où chacun de notre côté faisons le deuil d’une grossesse « naturelle » et où cela devient, au sein de notre couple, un sujet tabou…

En Mars 2017, nous revoyons le médecin et on programme une FIV ICSI. Le processus est lancé.

On enchaîne les rendez-vous médicaux, les prises de sang…

En septembre 2017

On commence le protocole antagoniste court sur une durée de quinze jours. C’est parti. Piqûres chaque soir après le travail à 20h pétantes. Mécanique. Je me sens irritable et fatiguée moralement.

C’est épuisant la PMA, c’est comme débuter une course sans savoir où est la ligne d’arrivée. C’est terrifiant.

La ponction ovarienne se fait sous anesthésie générale et le biologiste nous annonce 7 ovocytes.

Puis finalement seuls 2 ont « survécu »…

Le premier transfert a lieu quelques jours après.

Les fameuses trois semaines d’attente. Dis comme ça, ça n’a l’air de rien. Mais ce sont les trois semaines les plus longues de ma vie…

Je ne veux pas sortir, je ne veux voir personne, pour éviter les « tu vas voir ça va marcher », « Essaye de ne pas y penser », » je connais une fille ça a marché du premier coup » ou pire « je connais un couple ça a marché au bout de 8 ans » etc.

Je m’enferme dans une bulle malsaine, je reste seule et je vais sur internet sans arrêt, je vais sur des forums (pas les meilleurs) de FIV, où l’on lit de tout et n’importe quoi, il faut prendre du recul ce que je suis alors incapable de faire. Je fais donc ça à longueur de journée, je pleure tout le temps, j’ai des idées très noires, je n’ai plus faim. Je n’arrive pas à relativiser. Je sombre toute seule dans une espèce de spirale où je ne pense qu’à une chose : il faut que ça marche. Je n’ai jamais jamais de ma vie espérer quelque chose d’aussi fort.

La veille des résultats, je me dispute très violemment avec mon mari.

Les hormones, le stress, l’espoir, la culpabilité, la colère… les derniers mois de traitement, les piqûres. Tout explose. J’en veux à tout le monde mais surtout à moi parce que je ne me reconnais pas. J’ai perdu mon sourire, ma joie, ma bonne humeur. Lui non plus ne me reconnait plus, il ne sait pas quoi faire depuis le début. Il ne sait pas comment se positionner, il s’en veut terriblement, n’arrive pas à me le dire et du coup a choisi le silence…

Depuis tout ce temps, on s’est perdus. On en a oublié l’essentiel. On veut tellement un enfant qu’on s’est oubliés nous.

On se parle enfin

Il n’y a aucun « coupable », c’est le meilleur des maris, je n’ai jamais remis ceci en question. Si on m’avait prédit qu’on passerait par toutes ces épreuves avant notre rencontre, j’aurai fait EXACTEMENT les mêmes choix.

On redevient un couple, une équipe. Et pour la première fois depuis le début du parcours, on apprend à relativiser. Notre amour est solide.

Le lendemain, je vais tremblante à ma prise de sang.

3 heures après, le résultat tombe : NEGATIF

Coup dur évidemment.

Mon mari prend les choses en main, il prend un rendez-vous pour le prochain transfert et m’emmène en week-end.

Rebelote, une quinzaine de jours après. Deuxième transfert.

Mais cette fois, j’aborde ces 3 semaines de façon complètement différente. Je sors, j’en parle à tout le monde, je fais un déménagement, je travaille, je vis normalement…

Les 3 semaines passent.

Le 27 novembre, je fais ma prise de sang.

Résultat : POSITIF

Je suis enceinte … Le bonheur est intense !

J’appelle le secrétariat du centre de PMA pour leur annoncer la nouvelle. Douche froide.  » Attendez 48h il faut que le taux double »

Le taux double finalement très bien. Et ne fera qu’augmenter les prochains jours.

Les semaines qui suivent sont aussi source de stress, nous sommes partagés entre une joie immense et une peur encore plus grande d’avoir une mauvaise nouvelle.

Et puis un matin de janvier, alors qu’il ne fait que la taille d’un pois chiche, on entend son petit cœur battre. Le bébé est bel et bien là.

Ça y’est, nous pouvons enfin nous accorder une pause dans toute cette angoisse dans laquelle nous vivons depuis des mois.

Je respire comme si je vivais en apnée depuis tellement longtemps.

7 mois plus tard, après une grossesse sereine, notre magnifique petit garçon est arrivé.

INDESCRIPTIBLE.

Ecrire tout ça me fait replonger dans cette période si difficile, que j’avais totalement occultée.

Je n’ai aucun remède, aucune solution à donner, chaque histoire, chaque expérience, chaque personne est différente.

Je peux néanmoins vous donner un conseil :

PARLEZ. Parlez à votre conjoint évidemment mais PARLEZ aussi à quelqu’un d’extérieur à votre couple, à une amie, à une collègue, à un psy, à un voisin. Mais parlez. EXTERIORISEZ.

Ma mère et ma sœur, pendant tout ce parcours, ont été mes piliers. J’ai pu tout leur confier, mes craintes, ma colère, mes espoirs. J’ai pu crier, pleurer et tout dire sans retenue.

Parce que oui c’est injuste. Vous en voulez à la terre entière. Pourquoi la chose la plus facile, la chose la plus humaine qui soit « donner la vie » peut être si difficile pour certains. Pourquoi est-ce que ça tombe sur nous.

Je ne vais pas vous mentir. Ce sera un long chemin, un pénible chemin. Mais faites confiance à la médecine. Elle peut faire des miracles.

En attendant, vivez ! Le meilleur reste à venir.

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