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Le témoignage d’Alicia : 15 ans de PMA, 7 FIV ICSI, 3 FIV avec don de sperme et une petite fille

Notre Rencontre et le Début de Notre Vie Commune

Nous nous sommes rencontrés, mon mari et moi, en 2007. Lui avait alors 24 ans, et moi 21 ans. L’année suivante, nous avons décidé de nous installer ensemble. Dès cette époque, je ressentais déjà le besoin de créer une famille, un désir qui remontait à mon adolescence. Qui aurait cru que cela prendrait près de 15 ans pour se réaliser ?

Les Premières Tentatives et les Déceptions

Après un an d’essais infructueux, nous avons pris rendez-vous avec notre médecin traitant, qui nous a conseillé de faire des examens dans un centre de procréation médicalement assistée (PMA). Notre premier centre était public, et les rendez-vous et examens se sont rapidement enchaînés. Quelques semaines plus tard, le verdict est tombé : mon mari souffrait d’oligospermie sévère et moi, du syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), probablement lié à mon poids de 116 kilos à l’époque.

Nous nous sommes mariés en 2009, deux ans après notre rencontre, première étape pour accéder à notre premier protocole de fécondation in vitro par micro-injection. À l’époque, je n’avais pas conscience que mon poids, ma mauvaise alimentation, et mon hygiène de vie avaient un impact sur notre fertilité. Les échecs se sont succédé : trois FIV ICSI sans succès, malgré des embryons nombreux à chaque tentative. Nous étions découragés et perdus. Le manque d’humanité de notre centre nous a poussés à changer.

Changement de Centre et Nouveaux Défis

Nous avons décidé de changer de centre pour notre quatrième et dernière tentative remboursée par la sécurité sociale. Nous avons pris une pause d’un an pour construire notre maison, puis avons choisi le meilleur centre de notre région. Nous avons repris les examens depuis le début. Notre nouvelle gynécologue était très compétente en termes d’examens, mais le feeling ne passait pas. Finalement, nous avons trouvé un autre gynécologue dans le même centre, dont nous avons tout de suite apprécié l’approche.

Les années passaient et il fallait que je réagisse. Mon conjoint ne pouvait guère améliorer sa qualité spermatique, mais moi, je pouvais faire quelque chose. En 2016, j’ai décidé de subir un by-pass gastrique, perdant ainsi 40 kilos. Notre nouveau gynécologue était génial, zen, à l’écoute et très professionnel. Je retiendrai toujours ce qu’il nous a dit au vu de notre dossier : « Ne vous inquiétez pas, je ne vous lâcherai pas tant que vous n’aurez pas votre bébé dans vos bras. »

À la septième FIV en 2020, nous avons eu notre premier test positif suite à un transfert d’embryon frais. Ce test positif nous disait que nous pouvions y arriver, que la vie grandissait en moi et que mon corps acceptait ce petit être. Malheureusement, les semaines passant, le gynécologue n’était pas confiant. Ce petit embryon, dont le cœur battait, ne se développait pas correctement et cela s’est terminé par une fausse couche à 9 semaines.

Les Donneurs et les Dernières Tentatives

Notre gynécologue a compris que la qualité spermatique ne nous permettait pas d’obtenir des embryons de bonne qualité et nous a orientés vers un centre de don, le CECOS. Premier rendez-vous l’année suivante, on nous a parlé du protocole et de l’attente moyenne d’un an. Nous avons passé une commission, un psychologue, plusieurs médecins, tous voulaient s’assurer que nous étions sûrs de notre choix. Nous avons rempli des questionnaires, dont un sur les critères physiques de mon mari. C’était assez étrange de cocher des cases sur la couleur des yeux, des cheveux, la taille, les maladies, etc.

Mon mari avait du mal à accepter cela au début. Il se sentait démuni, me répétait sans cesse que sans lui je pourrais avoir un enfant, et voulait que je trouve un autre homme. Mais ma décision était prise depuis longtemps : c’était avec lui et personne d’autre. Il est l’homme de ma vie et, après toutes ces épreuves, nous avons survécu. Ce qui nous attendait ne nous abattrait pas.

Notre dossier a été accepté et nous avons reçu un premier don en 2021. C’était tellement étrange d’aller chercher des « paillettes » de spermatozoïdes dans un endroit et de les transporter jusqu’à notre centre. Nous avons fait, dans un premier temps, quatre inséminations avec donneur. Mes ovules semblaient de meilleure qualité depuis ma perte de poids. À chaque tentative, c’était un échec. C’était dur, mais mon mari semblait rassuré, le problème ne venait pas seulement de lui. Il était plus détendu et moi aussi. Une nouvelle FIV ICSI avec donneur a abouti à une nouvelle fausse couche, puis à une troisième.

La Victoire Finale

Je suis anéantie, mon cœur s’émiette, je ne sais plus quoi faire, quoi penser. Mon corps souffre de tous ces traitements, avec 4 kilos pris à chaque tentative, des douleurs, de la fatigue. J’enchaîne les arrêts de travail car la PMA n’est pas compatible avec mon travail en EHPAD où je ne peux pas m’absenter au jour le jour. Que faire ?

Je décide de tenter le tout pour le tout. La dixième et dernière tentative est décidée, après celle-ci, nous arrêtons. Les années ont passé, mon corps ne se remet plus comme avant et psychologiquement, il faut accepter et commencer à vivre. Arrêter de toujours remettre au lendemain, de ne rien programmer en se disant toujours « oui mais… oui mais si cela fonctionnait… »

Pour cette dixième FIV ICSI avec donneur, nous obtenons les meilleurs résultats jamais obtenus, avec 5 embryons en mai 2023 et le transfert d’un embryon. Après cette attente interminable (les 12 jours après le transfert en attente de prise de sang), c’est une nouvelle fois négatif.

Je décide d’explorer tout ce que je n’avais pas encore exploré, enchaînant les rendez-vous : ostéopathie, acupuncture, réflexologie, naturopathie, thérapie avec une sage-femme spécialiste des blocages émotionnels inconscients liés à l’enfance et à l’histoire familiale. Cette thérapie m’a fait un bien fou, comme quoi tout ce que je pensais avoir réglé avec mon enfance, mon passé, n’était en fait qu’illusion. Après cinq séances dures et intenses où j’ai déversé toutes les larmes de mon corps, mon cœur a guéri et laissé place à ce petit être tant attendu.

En juillet 2023, nous avons transféré un autre embryon. Je ne me pose aucune question, nous avançons, nous vivons, nous programmons nos vacances, et je n’arrête même pas de travailler. Le résultat de la prise de sang est positif avec un taux défiant tout ce que nous avions connu jusqu’ici. Mais les trois fausses couches ont laissé des traces, nous restons sur la réserve. Nous avançons, certes, mais jusqu’où ?

La Grossesse Tant Attendue

La deuxième et la troisième prises de sang montrent des taux élevés, pas besoin d’en faire cinq ou six pour atteindre 1000. Comme nous devons partir en vacances, il faut absolument faire une échographie avant de partir, car avec une FIV, il y a toujours un risque de grossesse extra-utérine. L’échographie à un mois montre bien un petit embryon avec un rythme cardiaque tout à fait satisfaisant pour le stade, rien à voir avec nos expériences précédentes lors de mes fausses couches. Doit-on enfin y croire ? Le gynécologue reste aussi sur la retenue. Nous avançons, nous verrons.

Pendant nos vacances, je suis bien malade avec des nausées à n’en plus finir, bon signe ? J’ai également des pertes sanguinolentes pendant notre séjour. À cet instant, je me dis que le cauchemar continue, je fais encore une fausse couche. Autant dire que les vacances deviennent vite stressantes, j’ai hâte de passer ces 15 jours, de rentrer et de recontrôler en échographie dès notre retour. Nouvelle échographie, et quelle évolution : un bel embryon avec une évolution parfaite. Nous y croyons enfin.

La Naissance de Notre Petite Fille

Le premier trimestre, et ce jusqu’au quatrième, est rythmé de nausées mais surtout de beaucoup de stress, peur de perdre ce petit être encore une fois. Jusqu’à la 24ème semaine où je commence à être plus détendue. Les échographies s’enchaînent, tout va bien, notre petite fille grandit bien et se développe correctement. Nous commençons à acheter des petits vêtements, à créer cette chambre désespérément vide depuis des années. Ma grossesse n’est pas si facile, il faut dire qu’à 37 ans, le corps ne réagit plus comme avant et avec le by-pass, le côté alimentation est assez compliqué. Mais peu importe, notre bébé sera bientôt là.

Notre petite fille arrive le 31 mars 2024, un doux dimanche de Pâques. Après quatre jours de déclenchement et une césarienne en urgence avec des complications pour maman. Mais notre petite fille va bien, elle est magnifique et nous émerveille chaque jour qui passe. Nous lui racontons son histoire et avons tout consigné depuis des années dans un petit livre qui lui sera dédié pour son avenir, ce qui l’aidera à se construire.

Conclusion

Ce qu’il faut retenir de notre histoire, c’est l’importance de se soutenir, de s’écouter, de s’aimer à la folie, de communiquer et surtout d’avoir la foi. Ne jamais rien lâcher avec force et persévérance permet de surmonter toutes les épreuves. Ensemble, on va plus loin, et avec beaucoup d’amour, on surmonte tout.

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