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Le témoignage de Stéphanie, 4 FIV en France, une FIV-DO en République tchèque et une grossesse après don d’ovocytes au Cecos

Le désir d’enfant et les premiers essais bébé

J’ai vécu 25 ans de ma vie sans connaître d’échec, sans connaître de difficulté particulière. Je vivais sur un petit nuage, j’étais jeune, belle, et surtout inconsciente. Il ne pouvait rien m’arriver à cette époque-là.

Je rencontre un jour l’amour, le vrai. De son côté, il n’a jamais connu de vraie relation, de mon côté je ressens que quelque chose se passe entre nous. Nous sommes le 7 juillet 2008. Après quelques années, nous nous installons ensemble. Nous construisons petit à petit notre nid d’amour. Nous sommes heureux. Puis voilà qu’un jour, nous souhaitons fonder notre propre famille. J’ai alors 25 ans.  J’arrête la pilule en mars 2012. Je rêve d’avoir de beaux enfants, je rêve même de jumeaux, je rêve d’annoncer d’une manière originale ma grossesse à mes proches, et d’offrir à mes parents ce qu’ils rêvent d’avoir. Une amie tout juste maman, m’explique comment faire pour tomber enceinte, comment utiliser des tests d’ovulation, comment faire des courbes de température et comment parvenir à exaucer ce rêve de maternité.

Après 6 mois d’essai, j’ai l’impression que quelque chose ne va pas. Les tests d’ovulation sont positifs et m’indiquent à chaque cycle le meilleur moment pour avoir des rapports. J’ai la poitrine qui explose presque à chaque ovulation, ma glaire est filante et transparente, je ressens des douleurs de nidation 8 à 10 jours après, des bulles à l’intérieur de mon ventre. Ça y est je sens que ça fonctionne enfin. Et à chaque fois, c’est la désillusion ! Mes règles débarquent.

Je ne comprends pas. Je consulte un gynécologue qui me prescrit de quoi « booster » mes ovulations, une prise de sang hormonale et une échographie à faire les premiers mois. A ce moment-là, je découvre à quoi ressemblent ces petits follicules qui apparaissent tantôt à droite, tantôt à gauche. Les résultats sont tous parfaits, le spermogramme de mon conjoint est tip top. Je suis vraiment rassurée. Je me dis qu’il faut laisser le temps au temps.

2 années passent ; mes règles sont toujours régulièrement là pour m’éloigner encore une nouvelle fois de mon rêve et mon désir de grossesse grandit de plus en plus. Je me rappelle régulièrement que je n’ai médicalement aucun problème. Je ressens de semaine en semaine de la tristesse que mon conjoint commence à exprimer ouvertement. On se répète en boucle que si ça ne fonctionne pas c’est parce que nous y pensons de trop.

Mon couple ne résiste finalement pas, pour des raisons également étrangères et qui me sont très personnelles.

Après la rupture, la rencontre d’un nouvel amour

L’année suivante, je rencontre sur un site de rencontre un jeune homme, d’une trentaine d’années. Il est beau, il n’a pas d’enfant, il ne fume pas, il est en pleine forme physique, pas un kilo en trop, il est sportif, attentionné. On s’entend à merveille et on passe de très bons moments ensemble.

Nous envisageons alors très vite de fonder notre famille, et ne perdons pas de temps. Mes 30 ans approchent à grands pas et je lui expose mes difficultés pour concevoir, tout en lui précisant que je n’ai aucun problème médical diagnostiqué.

Peu de temps après, je me réveille en pleine nuit avec d’atroces douleurs dans le bas ventre. J’ai tellement mal qu’il m’emmène aux urgences. Je ne comprenais pas trop ce qui m’arrivait, d’autant que j’avais des saignements qui s’apparentaient à de légères règles.

La prise de sang confirme bien ce que pensait le gynécologue des urgences, je suis bel et bien enceinte. La première échographie confirme bien la présence d’une poche avec un embryon de la taille d’un petit grain de riz.

La fausse couche

A ma 7ème semaine de grossesse (9 SA), j’ai remarqué que je saignais légèrement. Mes douleurs s’étaient atténuées et par mesure de précaution, je préférais tout de même consulter et me rends une nouvelle fois, avec mon conjoint, aux urgences gynécologiques. La gynécologue de garde m’annonce alors que ma grossesse s’est arrêtée, sans doute à 7 SA. Je fonds en larmes et mon conjoint, choqué, tombe carrément dans les pommes. J’ai eu la chance de tomber sur une gynécologue très à l’écoute et pleine d’empathie et de compassion. Elle nous expose les solutions qui s’offrent à nous : soit prendre un médicament qui permettra d’évacuer le sac qui contient l’embryon en hôpital de jour, soit faire une aspiration sous anesthésie générale. Je choisis la deuxième option, sans trop hésiter, après avoir passé plusieurs semaines à subir des douleurs très fortes. L’intervention se passe très bien, sans douleur. On me propose un suivi psychologique, que je refuse. On s’entoure de l’amour de nos proches et de nos amis et surmontons tant bien que mal ce douloureux épisode.

Nous mettons un peu de temps pour nous remettre de cet événement et pensons qu’une nouvelle grossesse arrivera rapidement et permettra d’oublier tout ça. Mais le temps passe…et rien ne vient. Je retourne voir mon gynécologue qui me propose alors de tenter des inséminations avec le sperme de mon conjoint. Nous misons tout sur cette première tentative, mais malheureusement elle se soldera par un échec. Nous nous relevons rapidement, et entamons une deuxième tentative, en vain. S’en suit une 3ème puis une 4ème tentative, toujours sans résultat. Les échecs successifs sont lourds, nous commençons à perdre tout espoir.

Le temps passe et les années défilent. J’ai alors 31 ans. Je lis beaucoup d’articles sur le sujet et commence à m’intéresser activement aux témoignages de filles passées par la PMA. Mon AMH est plutôt bonne (2,8) et les médecins sont très confiants sur l’issue d’une nouvelle tentative qu’on appelle : la Fécondation In Vitro.

Direction les FIV

Je supporte très bien les traitements, m’injecte quotidiennement l’hormone qui stimule mes ovaires, me rends tous les deux jours chez mon gynécologue pour faire une échographie de contrôle et la prise de sang, et je suis à la lettre les recommandations de l’équipe médicale. La ponction aura lieu un mercredi. Je suis très stressée mais finalement tout se passe à merveille sans aucune douleur. Verdict : 6 ovocytes ponctionnés dont 5 matures. Je trouve que c’est très peu. Mon compte-rendu laisse effectivement apparaître la phrase suivante « mauvaise répondeuse ». Mais on me répète en boucle qu’il n’en suffit que d’un seul. La biologiste m’appelle deux jours plus tard pour m’indiquer qu’ils n’ont obtenu qu’un seul embryon qui sera transféré le lendemain.

Le transfert se passe encore une fois très bien, sans douleur et le résultat doit tomber 14 jours après. Encore une fois je suis confiante et à l’écoute du moindre symptôme pouvant évoquer une grossesse…

Douze jours après, je désenchante ! Mes règles sont là. Je comprends très vite que ça n’a pas fonctionné. La prise de sang confirmera le résultat : négatif. Et nous voilà à nouveau au bas de la montagne russe, désemparés…

Après un cycle de repos, nous enchaînons rapidement sur une nouvelle tentative avec la méthode ISCI (Injection du sperme de mon conjoint par la biologiste dans les ovocytes prélevés). Nouvelle méthode, nouveau traitement. Je me dis qu’il faut savoir apprendre de ses erreurs et trouver la bonne recette. La deuxième ponction a lieu : 8 ovocytes prélevés. Le résultat est selon moi, un peu meilleur que la première fois. 8 ovocytes = 8 chances d’obtenir le bon embryon. Je reprends le travail le lendemain de la ponction et mon téléphone sonne. Mon cœur se met à battre la chamade. Je ne m’attendais pas à avoir un appel de la biologiste le lendemain alors que la dernière fois, elle m’avait appelé deux jours après. Je comprends rapidement au ton de sa voix qu’il y a un problème. Elle n’a réussi à avoir aucun embryon ! Je suis dévastée. Je pleure toutes les larmes de mon corps sur mon bureau. Mes collègues ne comprennent pas bien ce qui m’arrive, mais ma peine est trop lourde à contenir.

L’équipe médicale est encore une fois très confiante sur mon dossier et les chances d’aboutir à une grossesse. On me dit que le déclenchement s’est peut-être fait un jour trop tard.

Nous tentons une troisième tentative, en adaptant une nouvelle fois le protocole et le traitement, mais sans m’étaler plus amplement, la troisième tentative s’est finalement apparentée en tous points à la seconde : 8 ovocytes prélevés, 0 embryon.

Direction le don d’ovocytes et le CECOS

La seule explication possible selon le gynécologue est la mauvaise qualité de mes ovocytes. Il m’oriente donc vers le don et vers une consœur spécialisée. S’en suit une longue période de doutes, de remise en question. Il me faut du temps pour accepter ce nouvel échec et surtout pour faire le « deuil » de mes propres ovocytes. Je dois me faire à l’idée que mon enfant n’aura jamais mon patrimoine génétique, ne me ressemblera jamais.

Nous nous résignons à nous inscrire au CECOS et surtout sur la longue liste d’attente pour obtenir une donneuse. On nous annonce entre 18 mois et 2 ans d’attente tout en conservant la possibilité d’une quatrième tentative avec mes propres ovocytes.

La quatrième tentative aura lieu en février 2020, tout juste avant le premier confinement. Et à notre grande surprise, 13 ovocytes ont été prélevés dont 11 matures qui donneront un unique embryon transféré à J3. Encore une fois, on me confirme qu’à la vue de ce résultat, je dois effectivement avoir un problème de qualité ovocytaire. Le résultat du test de grossesse effectué 14 jours anéantira mon seul et dernier espoir d’obtenir une grossesse avec mes gamètes.

Nous allons en République Tchèque pour un don d’ovocytes

Je décide alors d’adhérer à l’Association « Les Cigognes de l’Espoir » et de rejoindre les groupes Facebook « En attente d’un don d’ovocyte en France ou à l’étranger ». Je rencontre plein de femmes qui sont dans ma situation et me sens moins seule. On me conseille de me tourner vers l’étranger. Mon choix se porte alors vers la République Tchèque, compte tenu de mes origines des pays de l’Est, et plus particulièrement vers la clinque de Zlin.

Mon gynécologue me confirme qu’il me suivra coûte que coûte, même à l’étranger, et même si cela peut poser un problème moral et de déontologie. Après avoir effectué toutes les démarches avec la clinique, transmis les caractéristiques souhaitées relatives à la donneuse, obtenu un accord de la CPAM pour la prise en charge de cette tentative à l’étranger (à hauteur d’environ 1800 euros pour un coût total de 5100 euros hors transport et frais d’hébergement), et démarrer un protocole médical en vue de préparer mon endomètre à l’accueil d’un embryon, nous nous envolons vers Vienne puis rejoignons en voiture la clinique qui se trouve à environ 300 km, en République Tchèque. En arrivant, nous avons un peu l’impression d’arriver dans un autre monde. Le personnel est très souriant, très sympa, notre coordinatrice française, très à l’écoute et l’hôtel qui se trouve dans la clinique ne nous laisse pas penser que nous sommes dans un établissement de santé. Jour après jour, on nous informe du résultat obtenu : 10 ovocytes prélevés, 9 ovocytes matures et 7 ovocytes fécondés. A J5, nous prenons la décision de transférer 2 blastocystes expansés de qualité 1.

9 jours après, la prise de sang tant attendue confirmera le début d’une grossesse mais avec un taux bien plus faible que ce que j’ai pu lire des témoignages de femmes ayant fait le même parcours : 25 Ul/l. 48h, le résultat confirmera bien qu’il y a une grossesse évolutive, le taux ayant plus que doubler. Nous apprendrons à la première échographie qu’un seul des deux embryons s’est accroché et pour la première fois de notre vie, nous entendons battre son petit cœur. Je fonds littéralement en larmes. C’est enfin un succès !

Mais notre bonheur sera de courte durée. Lors du rendez-vous prévu pour la T1 (à 12 SA), nous découvrons avec stupeur que l’embryon a cessé de grandir et que son petit cœur s’est arrêté. Ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort ! Nous nous répétons sans cesse cette phrase et bizarrement la deuxième fausse couche est plus facile à vivre psychologiquement que la 1ère, même si la désillusion était immense.

Cette fois, je choisis sur les conseils de mon gynécologue de faire une intervention médicamenteuse en hôpital de jour. La douleur physique a été bien importante que la douleur mentale. Je pense n’avoir jamais connu une douleur plus intense mais au moins cette « évacuation » me permettra de tourner une page sur une nouvelle tentative, plus rapidement.

Enfin plus rapidement, c’est ce que je pensais… L’hystéroscopie diagnostic faite deux mois après l’intervention révèlera des restes de trophoblastes dans la trompe utérine droite, en d’autres termes, des restes de ma grossesse non évacuée. Vu la localisation, mon gynécologue refuse d’intervenir chirurgicalement de peur d’abimer mon utérus. Il me dit qu’il faut du temps et que ça s’évacuera au fur et à mesure.

Retour au CECOS

Trois mois après, le CECOS m’appelle enfin pour m’annoncer qu’ils m’ont trouvé une donneuse. Après 20 mois d’attente, c’était enfin mon tour. Je recommence les traitements en vue de préparer mon endomètre et mon premier transfert a lieu en janvier 2022 et se soldera malheureusement par un énième échec. Je ne sais même plus combien il y en a eu avant.

Nous n’en oublions pas de vivre, de nous aimer et de profiter du temps qui passe, même sans enfants. Les difficultés passées ont soudé nos liens au lieu de nous éloigner. Nous nous aimons comme jamais !

En mai 2022, un nouvel appel du CECOS m’annonce qu’on m’a attribué une nouvelle donneuse. Je suis ravie et commence immédiatement le jour même mon nouveau protocole médical pour préparer mon endomètre, avec un traitement un peu plus lourd encore mais plus adapté. Le transfert d’un J5 a lieu un 21 juin, un an jour pour jour après mon dernier transfert effectué à Zlin.

Je crois aux signes que peut nous apporter la vie, je crois que les échecs peuvent effectivement nous rendre plus forts et je crois surtout que tout vient à qui sait attendre. La PMA est un parcours du combattant digne de la Légion Étrangère. Seuls les plus forts et résistants s’en sortent et après ce long combat, nous n’avons peut-être pas encore gagné la guerre mais nous misons désormais tous nos espoirs sur ce petit être vivant. Nous venons effectivement d’apprendre qu’il s’est bel et bien accroché… La suite au prochain épisode…ou dans 8 mois !

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