Le témoignage d’Alix, des fausses couches liées à une translocation, 2 FIV DPI et une petite fille
Notre histoire a commencé en 2018, avec mon compagnon nous nous sommes lancés dans les essais bébé. Plein d’optimisme, sans crainte vu que les faire-part de naissance pleuvaient de la part de nos proches…
En quelque sorte c’était notre tour ! Je tombe enceinte juste avant les vacances de Noël, tradition oblige on se tait, on garde la nouvelle pour nous mais ma famille s’en rend compte, nous félicite, en bref c’est génial. J’ai connu ma première fausse-couche une semaine après, sur le chemin du retour.
Grosse, non énorme, désillusion. Les commentaires déplacés de ma famille sur le fait que selon les statistiques c’est normal, et que nous nous projetions trop nous enfoncent dans notre douleur. Tant pis, on décide de mettre de la distance avec nos familles, nous ne les tiendrons au courant qu’après les trois mois.
Nous avançons, je retombe enceinte presqu’immédiatement. Nouvelle fausse-couche : le cœur ne bat pas à l’échographie, je dois me faire avorter. Je descends directement et seule dans le bureau d’une infirmière qui me tend en cachet en me jugeant du regard, elle ne sait sûrement pas que j’aurais tout fait pour le garder cet enfant si j’avais pu. À partir de là je suis suivie par une gynécologue de l’hôpital, les mois s’enchaînent je refais une fausse-couche précoce 5 mois plus tard.
Ma gynécologue est mutée, elle me donne donc sans beaucoup d’information tout un tas d’ordonnances pour des analyses à faire. Je viens d’une famille où tout le monde travaille dans le socio-médical, je tri donc les analyses en fonction des conséquences : je laisse le caryotype pour la fin je sais bien que si le problème vient de là, le parcours s’annonce long, difficile et qu’il nous faudra de la chance, beaucoup de chance…
Le résultat du caryotype
Les analyses s’enchaînent tout est Ok, jusqu’au caryotype.
Notre dernière chance en quelque sorte si cette analyse est aussi Ok, nous tomberons dans les >1% où les causes des fausse-couche sont indéterminées.
Les résultats nous parviennent, j’ai une translocation équilibrée. Je suis soulagée d’avoir enfin une réponse, que le problème vienne de moi et pas de mon compagnon, et en même temps mon monde s’effondre cela fait maintenant 18 mois que nous essayons d’avoir un enfant, que ce projet rythme nos vies, et je comprends que ce ne sera pas facile peut-être même impossible.
Entre-temps j’ai retrouvé une gynécologue, exceptionnelle, qui en recevant mes résultats les transmet directement à un ancien collègue généticien à Montpellier. Elle m’explique ce qu’est le DPI (diagnostic pré-implantatoire) qui est nécessaire et nous obtient un rdv pour le mois suivant.
Nous nous rendons à Montpellier, morts de trouille, pour savoir ce qui nous attend. À ce stade nous ne savons même pas si nous serons acceptés pour un DPI, si nous devrons attendre un don d’ovule, ou abandonner notre projet bébé… Je reprends la pilule avec tout ce qu’on nous a dit plus question de laisser faire la nature, de toute façon c’est ce que le médecin nous conseille. Et pour être honnête les fausse-couche à répétition nous on atteint mon compagnon et moi.
Le rendez-vous se passe bien on ressort avec beaucoup de questions toujours plus d’analyses à faire pour monter notre dossier. Nous sommes en décembre. 6 mois pour remplir le dossier et recevoir tous les résultats, pour certaines analyses les délais sont extrêmement longs. On nous donne rdv pour un conseil pluridisciplinaire début août je crois.
Nous voyons toute l’équipe, ils sont charmants mais on sent que leurs plannings sont ultra-tendus.
On nous explique que je dois contacter la sage-femme tous les mois, au premier jour de mes règles pour savoir si c’est notre tour.
Premières règles premier appel, lorsque j’informe que je suis sous pilule, on m’explique que du coup nous allons être décalé il va falloir attendre pour faire l’essai mais je dois quand même continuer d’appeler.
La 1ère FIV DPI
C’est le début des montagnes russes émotionnelle, l’espoir chaque mois, l’angoisse de l’appel et la désillusion. Trois mois plus tard c’est notre tour !!! L’angoisse repart de plus belle, j’ai de la chance : mon employeur est au courant, je ne suis pas embêtée pour aller passer les échographies et les prises de sang. Je bataille tous les deux jours avec le laboratoire pour qu’il envoie mes résultats avant midi. Le jour de la ponction arrive, j’angoisse est-ce que j’ai tout fait correctement, est-ce que je vais avoir assez d’ovules, seront-ils sains ?
Je ne me souviens plus trop de ce premier essai, juste de la peur et de l’espoir. Je ressors de l’intervention et je retourne bosser. C’est une erreur, j’ai super mal, j’ai de la fièvre. Je me rends donc aux urgences c’est 2 ou3 jours avant l’implantation, on ne sait même pas encore si un embryon est viable. J’ai l’impression de tout foirer.
J’appelle Montpellier pour leur dire que je suis à l’hôpital ils me rassurent et en profitent pour me dire qu’un embryon est viable ! Je suis reboostée, c’est reparti pour un tour. L’implantation se passe bien. Nous sommes à la veille des vacances de Noël, et nous partons rejoindre nos familles en espérant que l’histoire ne se répète pas. L’implantation ne prend pas, c’est un coup dur nous n’avons plus que trois essais… Et nous repartons pour les montagnes russes.
La 2ème FIV DPI
En mars 2020, nous sommes à nouveau appelé, on commence un deuxième essai, mais le Covid arrive. On stoppe tout. Et on attend encore… Juillet 2020, le service rouvre nous sommes prioritaires, je n’ai pas repris le boulot donc l’enchaînement entre les prises de sang et les échographies se déroule avec bien moins de stress. La ponction se déroule bien, nous n’avons encore une fois qu’un seul embryon viable mais de très bonne qualité. On retente le coup. C’est mon anniversaire on y voit un signe avec mon compagnon. Et cette fois ça fonctionne !!!
Nous avons commencé la grossesse dans l’angoisse, la première fois que nous avons entendu le cœur de notre fille battre est le plus beau jour de ma vie. Elle a deux ans maintenant, et elle illumine notre quotidien. Et je remercie toute l’équipe de Montpellier pour nous avoir aidé. Sans eux, nous n’y serions sûrement j’aimais parvenus.
Le parcours est difficile parce que l’on se sent seuls, perdus et pour ma part j’étais carrément jalouse des autres femmes qui tombaient enceintes si facilement, mais il vaut le coup !
Ma mère m’a dit une fois, que lorsque je tiendrai enfin mon enfant dans mes bras j’oublierai toutes les difficultés que nous avons eu. C’est vrai, on oublie, parceque sa présence vaut mille fois nos efforts et nos difficultés.
Mon message aux autres couples : tenez bon, parlez-en si vous pouvez, parce que les fausse-couche et la PMA ne doivent plus être des tabous.
Bonne journée à toutes et à tous
Alix