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Le témoignage de Dominique : du double don en Afrique au bébé miracle aux USA

Je m’appelle Dominique, j’ai 38 ans. Mon parcours vers la maternité a commencé en 2016, à la suite de ruptures et de déceptions amoureuses qui ont fait naître en moi le désir d’avoir un enfant.

Les premiers soucis de santé

Lors d’une consultation chez un gynécologue, on m’a diagnostiqué un myome en nécrobiose de 103 mm. À l’époque, vivant au Cameroun, j’avais peu confiance dans le système médical local et il m’a été conseillé de consulter un médecin étranger. En octobre de la même année, j’ai été opérée avec succès, mais le lendemain, j’ai développé un hématome qui a provoqué de la fièvre et des fluctuations de température.

Malgré cela, j’ai pu sortir de la clinique après quatre jours. Quelques jours plus tard, l’hématome s’est percé et j’ai perdu beaucoup de liquide après avoir simplement marché vers le réfrigérateur. Ma gynécologue, visiblement paniquée, m’a alors pris en charge, nettoyé la plaie, et je devais faire des pansements tous les jours, puis tous les deux jours, jusqu’en février 2017. Je ne pouvais pas prendre de douches complètes et je suis restée alitée durant toute cette période.

Des trompes apparemment bouchées

En mars 2017, j’ai enfin retrouvé la santé et commencé une nouvelle relation amoureuse. Après plusieurs mois sans succès pour concevoir, je suis allée consulter un autre médecin. Ce dernier s’inquiétait de la durée prolongée de la cicatrisation et m’a prescrit une hystérosalpingographie (HSG), qui a révélé une obstruction distale des trompes. C’est à ce moment-là que j’ai entendu parler de la FIV comme option de conception.

La découverte de la FIV

Cette découverte m’a profondément bouleversée. J’ai cherché des groupes de soutien anonymes pour des femmes dans ma situation. C’est ainsi que j’ai rejoint un groupe sur Facebook, où chacune partageait ses expériences, ses succès ou ses échecs. J’ai observé ce groupe pendant des mois, espérant y trouver du réconfort, mais même avec cela, je ne parvenais pas à soulager ma peine.

Le projet FIV

Il fallait d’abord trouver un centre hospitalier pour réaliser la FIV. J’ai voyagé entre Douala et Yaoundé au Cameroun, puis en Côte d’Ivoire, où j’ai appris que je n’étais pas éligible au programme de subvention.

À Yaoundé, l’indifférence ressentie lors de ma première visite m’a fait exclure cet hôpital. À Douala, j’ai enfin trouvé une clinique et un médecin qui pouvaient m’aider. Professionnelle consultante, j’étais souvent en déplacement, ce qui compliquait la réalisation des examens. Mon taux d’AMH de 0,8 ng/ml a révélé une réponse ovarienne insuffisante pour la fertilité. Malgré cela, un praticien a décidé de tenter une stimulation ovarienne.

J’ai reçu la dose pour trois personnes, car mes ovaires ne réagissaient pas après deux semaines. Lors de la ponction des ovocytes, ils en ont récupéré cinq, mais aucun n’avait de noyau, marquant la fin de mon premier essai de FIV. Le médecin m’a alors proposé de recourir à une donneuse d’ovocytes.

Le double don

La donneuse, moyennant compensation, a suivi le protocole et a produit cinq ovocytes nucléés qui ont été congelés. Célibataire à ce moment-là, j’ai sollicité un donneur parmi mes connaissances. Après plusieurs essais, il a fourni le sperme nécessaire, et la fécondation a eu lieu en laboratoire. J’étais heureuse et j’ai demandé une photo de cette étape, mais je ne l’ai jamais reçue. Le jour du transfert est arrivé, tout s’est passé très vite, et je suis rentrée chez moi. Mon nouveau compagnon est venu vivre avec moi pour m’assister. Quelques jours plus tard, j’ai repris le travail.

Le 3 février 2021, j’ai fait le test sanguin de grossesse prescrit par mon médecin, et le résultat était négatif. Trois embryons avaient été transférés, mais aucun ne s’était implanté. J’ai pris un congé au travail, et je suis rentrée chez moi, profondément triste. Mon médecin m’a suggéré de continuer les essais, mais tout cela avait un coût. Je suis entrée dans une profonde dépression, j’ai démissionné et je me suis isolée.

Quelques mois plus tard, j’ai reçu une lettre d’immigration pour les États-Unis, et je me suis concentrée sur ma carrière jusqu’à mon départ du Cameroun le 30 novembre 2021.

Une surprise inattendue

Un an plus tard, installée au Texas, j’ai commencé à faire des rencontres, et en novembre 2022, j’étais en couple. Cette relation m’a épanouie, et le désir de maternité est revenu. En discutant avec mon partenaire, il pensait que je devais vivre sans ce stress et laisser les choses se faire naturellement. Un soir, il m’a dit : « Bébé, bébé, s’il te plaît, je veux que tu viennes dans ce ventre. » J’étais gênée par sa croyance, voire son ignorance.

Le 29 janvier, à 5h30, mon test de grossesse s’est révélé positif. Je n’y ai cru qu’après huit semaines, lors d’une échographie d’urgence où j’ai vu mon bébé nager dans mon utérus. Incroyable, mais vrai.

La naissance d’Alexia

Ma grossesse s’est bien déroulée, et le 21 septembre, à 01h02, ma fille Alexia est née par césarienne. Je n’aurais jamais cru vivre cela, après tout ce que la science et les médecins m’avaient dit. Aujourd’hui, je vois la vie différemment. J’ai un enfant, ma fille Alexia, avec qui je veux vivre toutes les étapes de sa vie et préparer son avenir. J’aime dire que je l’aime pour cinq, en pensant aux quatre embryons qui ne sont jamais venus au monde, mais une voix intérieure me dit de l’aimer tout simplement.

L’après-FIV

Le cabinet médical au Cameroun me réclame encore les frais de congélation des deux embryons restants, alors que j’avais demandé leur destruction après mon échec. Des mois plus tard, n’ayant pas reçu de confirmation de leur destruction, j’ai envoyé un email au médecin, qui m’a informée qu’ils n’avaient jamais été détruits et m’a réclamé les frais de congélation. Malgré ma tentative de réclamation, il m’a répondu : « Les embryons ne sont pas congelés dans de l’eau minérale. » Ce langage m’a choquée. J’ai initié des paiements via Western Union, mais j’ai ensuite demandé la suspension des frais pour des raisons de santé et financières. Je n’ai pas repris les paiements.

Mon sentiment est partagé entre confusion et douleur. Pourquoi payer pour des embryons qui, selon eux, n’avaient aucun noyau et ne pouvaient pas être fécondés, alors que j’ai conçu naturellement des années plus tard ? Une partie de moi ressent de l’abus, mais c’est tellement courant en Afrique.

Conclusion

J’espère que ce témoignage pourra sensibiliser d’autres femmes qui se battent pour exercer ce droit naturel à la vie. Les hommes, conjoints, époux, familles, collègues, et employeurs, qui soutiennent ces femmes amazones doivent comprendre que ce parcours est long et psychologiquement éprouvant. Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de recevoir ce soutien.

1 commentaire

  1. Josette LOTIN

    Wow je me retrouve tellement dans son histoire ! Fivette du Cameroun également, je peux deviner sans aucun doute dans quel centre elle était à Yaoundé. J’y ai commencé Mon parcours également, et j’ai pu constater que c’était juste un gros business basé sur le désespoir des couples infertiles. Aucune empathie, violences médicales quotidiennes, aucune communication même quand on pose les questions, tout est organisé pour toujours vous faire payer toujours plus (la PMA n’est pas subventionnée). Etant à bout financièrement après 4 échecs FIV, nous avons décidé de souffler un peu avant de vous relancer dans ce parcours du Combattant lorsque nos finances nous le permettront à nouveau.
    Anyway, très contente de voir la fin heureuse, ça fait toujours plaisir. Je prie fort pour avoir un dénouement similaire. Beaucoup de bonheur Dominique !

    Réponse

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