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Le témoignage de Marine : Une opération pour Monsieur, 2 FIV et un petit garçon

Notre rencontre et notre désir d’enfant

Nous nous sommes rencontrés avec François, mon conjoint, il y a 5 ans dans un bar, celui où nous travaillions à cette époque-là.

J’ai rapidement compris, que je voulais que François devienne le père de mes enfants, alors que je n’en souhaitais pas avant. En effet, à 20 ans ma gynécologue m’avait diagnostiquée un SOPK important, en me disant que ça serait compliqué d’avoir des enfants, et que je devrais sûrement avoir recours à la PMA.

Je m’étais fait une raison en me disant que c’était plus simple de ne pas en avoir, mais quand j’ai entendu François a une soirée dire, alors même que nous n’étions encore qu’amis « je veux des enfants, pas tout de suite mais j’en veux » j’ai fait un revirement à 180 degrés, et la petite voix dans ma tête m’a dit « ça sera le père de tes enfants c’est une certitude ».

Après plusieurs péripéties, nous sommes en couple et rapidement la question de la contraception (après avoir fait des tests HIV etc.) se pose. Je lui dis « c’est ultra compliqué pour moi d’avoir des enfants, donc franchement on ne va pas se prendre la tête ». François est d’accord, et on se dit qu’au pire, on sera parents.

Passe une année et nos ami.e.s commencent à avoir des enfants. Le désir d’en avoir à notre tour n’est pas hyper présent, on vit, on est bien ensemble, mais on se dit toujours « comme on ne se protège pas, ça risque d’arriver ». Et d’un « mouais ça serait un peu la loose quand même » on passe tous les deux à « ouais ça serait chouette quand même ».

Les examens et l’opération de François

Au bout de 6 mois, toujours rien. J’ai toujours en tête ce que la gynécologue m’a dit « ça sera compliqué il faudra sûrement avoir recours à la PMA ».

Le rdv de ma gynécologue (une autre) tombe bientôt, je décide de lui en parler. Elle me fait faire une batterie d’examens, pour confirmer le SOPK et voir ou ça en est.

Je passe un scanner pelvien, qui se passe très mal. Le manipulateur radio rentre dans le vestiaire où je dois m’injecter dans l’anus et dans le vagin du produit pour le scanner et m’engueule parce que je prends trop de temps. Et fini par m’injecter le produit en intra veineuse sans me demander mon consentement pendant l’examen.

L’examen est atroce et le résultat l’est tout autant, on me diagnostique de l’endométriose sur des ligaments.

J’ai donc un SOPK toujours aussi important, et en plus de l’endométriose !

Je retourne voir la gynécologue qui se veut rassurante et qui me dit que nous devons encore essayer avec mon conjoint, et peut être faire plus attention aux dates. C’est ce que nous faisons pendant deux, trois mois. Elle me prescrit du duphaston.

Et puis, je ne sais pas pourquoi, mais je commence à me dire que peut être, le problème ne vient pas que de moi. J’achète un test spermogramme maison sur internet pour mon conjoint. On le fait, et ça montre qu’il n’y a aucun spermatozoïde. On se dit que ça doit être une erreur, vu que c’est acheté sur internet et on laisse ça, même si ça reste dans un coin de ma tête.

Trois mois après je retourne voir la gynécologue, et lui dit que ça fait un an que nous essayons d’avoir un enfant mais que visiblement ça ne fonctionne pas. Elle nous oriente vers un Professeur en PMA. On prend rdv, on a notre rdv quelques mois plus tard, et là, on ressort avec des batteries d’examens à faire pour moi et mon conjoint, et une impression de rdv complètement déshumanisé, et on se dit : « ok ça va être long » d’autant que le médecin nous dit : « on ne va pas y aller par 4 chemins, on commencera directement par une FIV ICSI ».

Les résultats reviennent, le spermogramme de François est à 0. C’est le choc, pour lui, pour moi. On pleure, on blague, on attend le prochain rdv avec Pr PMA. Au prochain rdv, le médecin lui demande de refaire un spermogramme. Le nouveau spermogramme se fait, et revient toujours à 0.

Il doit alors passer d’autres examens, une échographie, et rencontrer un urologue.

Le diagnostic tombe : « vous avez une azoospermie obstructive ». En gros, mon conjoint éjacule normalement mais sans spermatozoïdes car ils sont coincés, car le canal de l’épididyme est obstrué.

Il a un traitement pendant trois semaines, et doit refaire un spermogramme, qu’il fait et qui revient de nouveau à 0. On décide presque de fêter les spermogrammes à 0, plutôt que de déprimer. On se dit qu’on doit profiter à fond d’être que tous les deux avant qu’un nouvel être arrive dans notre vie.

Suite à ces spermogrammes à 0, il doit donc se faire opérer.

J’ai vraiment un conjoint génial, car à aucun moment il rechigne sur les examens, et est ok pour tout.  Quand on lui dit qu’il doit se faire opérer il me dit « bah écoute, au moins on est à 50/50 dans ce parcours, et on subira tous les deux des choses ».

De mon côté tout est en pause car on doit d’abord s’occuper de mon dude, avant de s’occuper de moi. En effet, il doit se faire opérer mais nous ne sommes pas certains qu’il y ait des spermatozoïdes, ni qu’ils soient de bonne qualité.

Pendant ce temps-là c’est l’explosion des bébés autour de nous ! Tous.tes nos ami.e.s nous annoncent qu’ils vont être parents. On décide directement avec François que le parcours en PMA ne soit pas un tabou, et on en parle !!!

François se fait opérer, le chirurgien revient nous voir après l’opération et nous dit « écoutez, il y en a PLEIN !!!! J’ai collecté 26 paillettes, et il faut 1 paillette par FIV ». On est super contents, mais François ne réalise pas trop, tant la douleur est intense. Il est arrêté un mois, et on reste au lit pendant deux semaines à regarder les JO.

La FIV

Septembre, c’est mon tour ! On commence le traitement, pour faire une ponction ovarienne. J’ai des examens tous les trois jours, des prises de sang. Tout est très déshumanisé et je parle plus aux secrétaires qu’au médecin, mais c’est leur protocole, nous n’allons pas changer maintenant de médecin donc je me tais et je m’agace dans mon coin.

Au bout d’une semaine, je revois le médecin qui me dit « le traitement ne fonctionne pas, on arrête ce protocole, on attend un peu et on reprendra plus tard ».

Je suis triste, dégoûtée, j’y croyais.

En Novembre on reprend un traitement, le protocole fonctionne, je vais avoir ma ponction ovarienne. La ponction se passe, le labo nous rappelle deux jours plus tard pour nous dire qu’aucun embryon n’a pris, et qu’il n’y aura pas de transfert. Je suis dévastée d’autant que le médecin avant de m’opérer m’a dit « à mercredi pour le transfert ». J’en veux à mon médecin, de son manque d’humanisme, de soutien, et de son enthousiasme qui m’avait fait croire qu’il y aurait un transfert.

Nous sommes fin Novembre, on ne peut pas refaire de protocole tout de suite, il y a les fêtes de fin d’années.

Je revois le médecin mi-janvier, et on recommence.

La 2ème FIV

A ce moment-là je me dis que j’en ai marre, que c’est le dernier protocole que je fais, et que j’ai besoin d’une pause. Ma psy qui me suit depuis des années me dit « et si vous n’y arrivez jamais, vous ferez quoi ? » ça me fait comme un électrochoc et je me dis que je n’ai pas envie de vivre que pour ça, comme c’est le cas depuis 6 mois. Je dis à mon mec, c’est le dernier après on fait autre chose de notre vie.

D’autant que nous rencontrons plusieurs personnes qui nous disent « ah ça a fonctionné pour untel au bout de 10 ans ». Et on se dit qu’on ne veut pas cette vie-là pendant 10 ans.

Pendant les deux protocoles précédents, j’étais à fond, je ne buvais plus une goutte d’alcool (même pas un verre de vin au resto), je ne fumais plus une clope (alors que je fumais très très peu, quelques-unes en soirée uniquement), je mangeais que des trucs pour favoriser l’ovulation.

Ce protocole-là, je bois, je fume, je me vois proposer un joint en soirée et je ne dis pas non, je mange n’importe quoi (je reste vegan quand même), et clairement je n’arrête pas de dire à mon mec « bon je le fais, mais je suis sûre que ça ne va pas marcher. Soi-disant notre médecin c’est le meilleur mais je suis sûre que c’est du gros mytho ».

Le médecin change le protocole, devient un peu plus humain, il s’ouvre un peu.

Le protocole change et on décide de ne plus faire les injections à la maison mais chez une infirmière. François m’accompagne tous les soirs chez l’infirmière, on sympathise, on se marre. Mon mec est toujours aussi présent et dès qu’il peut se libérer vient avec moi, ou m’appelle à la fin du rdv, il est toujours au rdv depuis le début pour les injections, et les opérations.

Vient le jour de la ponction, avant de partir je dis à François « je ne vois même pas pourquoi on y va, il va encore ponctionner pour rien, n’y allons pas ». François rigole, et me dit « on ne peut pas savoir on y va, on verra bien, de toute façon c’est la dernière mais on va jusqu’au bout ».

La ponction se fait, le médecin ne me dit pas à dans trois jours pour le transfert, et je me dis « ah bah voilà maintenant il sait bien que ça ne va pas fonctionner du coup il ne m’a rien dit, lui non plus n’y crois plus ».

On rentre, on passe la journée en amoureux avec François, et je n’arrête pas de lui dire « je n’attends pas l’appel du labo, de toute façon ça ne va pas marcher ». Je mets, je crois, mon portable en silencieux. Je ne me souviens plus s’ils m’appellent le jour même ou le lendemain, mais quand je les ai au téléphone, je suis distante. Dans ma tête je me dis « oui oui il y a des embryons, allez, allez, de toute façon il va bien y avoir un problème et ça ne va pas fonctionner au final » Puis ils me disent « on vous attend dans 5 jours pour le transfert ».

Je ne réalise pas trop, je le dis à mon mec, il est super heureux.

Le transfert se fait, on rentre, et je dis à François « de toute façon ça ne va pas tenir ». Je fais des tests de grossesse tous les jours, et tous les jours c’est négatif : je reviens triomphante devant François : « j’avais raison ça n’a pas marché ». Il rigole à chaque fois, on en rigole.

Et puis, à un moment donné je comprends que ça n’a pas fonctionné et je me mets à pleurer pendant 2h. Je ne rigole plus du tout. Je me dis : « je fais le deuil de ma maternité, je me disais comme un jeu que ça ne fonctionnait pas mais en fait ça n’a vraiment pas fonctionné ».

Le 14 février je me réveille tôt, j’ai mal aux seins, et je me dis, « allez j’en fais un dernier pour être sûr que vraiment ça n’a pas marché et que ça annonce mes règles ».

Avec François on a toujours trouvé que la Saint Valentin c’était nul, mais ce jour-là, je lui offre un test de grossesse positif en lui disant « c’est positif, mais t’emballe pas, ça ne va pas tenir ».

A chaque prise de sang post transfert, à chaque écho, je lui dis « t’emballe pas, on ne sait jamais ».

Notre bébé est arrivé ! Ma conclusion

Je lui dis moins, aujourd’hui, j’ai 30 ans, François 34, j’ai accouché le 02.11.2022, 9 mois pile après le transfert, Lilio est arrivé pile le jour de son terme !

Nous sommes hyper heureux. Ma grossesse s’est formidablement bien passée, notre bébé va bien, grandit bien, et l’accouchement s’est hyper bien passé de manière plutôt physiologique.

Alors voilà, on nous a dit qu’il fallait 10 ans, on est resté 2 ans et demi en parcours de PMA.

On nous a dit qu’il faudrait sûrement plusieurs FIV, et la quasi-première a fonctionné.

On m’a dit de faire tout un tas de truc paramédical que j’ai fait : hypnose, psy, acupuncture, naturopathe etc. Je ne sais pas ce qui a pu m’aider, mais je crois que l’acupuncture m’a aidé, je crois aussi que j’ai dépensé tout un tas d’argent que je n’avais pas forcément.

La seule chose que je sais, c’est qu’au moment où j’ai vraiment lâché, ou il n’y avait plus d’enjeu car vraiment je n’y croyais plus, et je me projetais dans autre chose c’est là que ça a fonctionné. Et j’ai détesté entendre « faut pas y penser et ça arrive » mais je crois que ce n’est pas de ne pas y penser mais d’y penser différemment, sans enjeux.

Pendant ces deux ans et demi de parcours nous en avons toujours parlé autour de nous, et nous avons eu 35 naissances autour de nous !

Je me suis dit au début que c’était injuste puis j’ai décidé de me réjouir pour les autres et de ne plus me comparer parce qu’on n’était pas dans le même parcours. Et je me suis toujours dit que si on faisait vivre ne serait-ce qu’un an de PMA à des futurs parents, il y aurait encore moins de bébé sur terre que maintenant, et plus de séparations et de divorces.

Bref, ce que j’aimerais que l’on retienne de mon témoignage et ce qui a fonctionné pour moi, c’est qu’il faut finalement ne plus y croire pour toujours y croire, et tout est possible peu importe les obstacles !

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