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Le témoignage de Mailys : 4 IAC, une FIV et une petite fille

Notre désir d’enfant

Bonjour, je m’appelle Maïlys, j’ai 33 ans en couple avec mon conjoint depuis 13 ans. Nous avons toujours rêvé fonder une famille, mon désir d’enfant est arrivé sur le tard à cause d’une enfance compliquée. De plus à l’époque nous n’avions pas la situation financière pour accueillir un enfant. Un jour, j’ai un déclic je suis prête à devenir mère, j’ai alors 28 ans. Nous avions un travail stable tous les deux et bientôt une maison, nous pouvons commencer les essais bébé. Les semaines passent, malgré un nombre incalculable de tests d’ovulations positifs aucune grossesse à l’horizon. Au bout de 8 mois d’essais infructueux je comprends que quelque chose ne va pas, persuadée que le problème venait de moi je m’empresse d’aller voir un gynécologue sans attendre, je sors de ce rdv avec un bilan hormonal pour moi et un spermogramme pour mon conjoint.

Direction la PMA

Les résultats en mains je retourne chez mon gynécologue qui m’annonce que mon conjoint à un problème au niveau de ses spermatozoïdes, ils sont peu mobiles avec beaucoup d’anomalies et qu’une grossesse naturelle ne sera pas possible. Il me conseille de me diriger vers un centre PMA sur Toulouse.

Les semaines passent, mon conjoint à un peu de mal à accepter la nouvelle, je n’ose pas appeler le centre de PMA, c’était l’inconnu pour nous. Et puis un jour je me lance me disant que de toute façon nous n’avions pas le choix si nous voulions un enfant. Ça y est le 1er rdv est fixé dans quelques mois.

Notre 1er rdv se passe plutôt bien, nous repartons avec un tas d’examens à faire. Je travaille dans la restauration rapide avec des horaires compliquées et dans ma tête je ne savais pas comment j’allais gérer la PMA et mon travail. Nous faisons nos examens en quelques semaines. Toujours le même résultat rien de mon côté, mon conjoint les mêmes soucis au niveau de ces spermatozoïdes mais ce n’est pas si catastrophique que ça selon la gynécologue. On me propose quand même de faire une hystérosalpingographie pour écarter un éventuel problème au niveau des trompes. L’examen se passe bien, ras, tout est normal. Je passe également une IRM pelvienne et fait une coloscopie car j’ai de fortes crampes et malaises intestinaux pendant mes règles au point où je me retrouve couchée à vomir pendant des heures et incapable de faire quoique ce soit. Là encore toujours rien, j’ai apparemment le côlon irritable. Les anticorps de ma thyroïde sont très élevés et ma TSH à la limite de la norme pour la PMA où il faut être en dessous de 2,50, j’en fais part à la gynécologue qui me dit que si je le souhaite je peux aller voir un endocrinologue par rapport à ces résultats. Je prends rdv, il durera 5mn, me coûtera 60€ pour me dire ce n’est rien : vous êtes mince vous n’êtes pas en hypothyroïdie Madame.

1ère stimulation

On nous propose d’abord de faire une IAC pour commencer. On m’explique le déroulement du protocole avec les injections le soir, les échographies pelviennes le matin. Mon centre PMA étant à 1h de route de chez moi je ne savais pas comment j’allais gérer avec mon travail. J’ai des horaires décalés ou j’enchaîne ouverture et fermeture finissant tard le soir jusqu’à 2h du matin.

J’essayes de caler ma 1ère stimulation pendant mes congés payés. Heureusement pour moi j’ai la chance d’avoir des cycles réguliers. Nous sommes en pleine période de Covid. Malheureusement ça tombe sur nous. Ma 1ère IAC est annulée après plusieurs jours de piqûres pour rien.

La deuxième IAC sera négative, la 3ème sera stoppée car risque de grossesse multiple ainsi que la 4ème. Mes ovaires réagissaient trop ? même avec de faibles dosages.

La FIV

La gynécologue décide de me passer en FIV rapidement car chez moi les IAC ne donnent rien et je produis minimum 3 follicules matures à chaque fois, elle sent que je suis à bout et c’est le cas, j’y ai passé tous mes congés payés pour rien sans compter les nombreux trajets en voiture. J’ai même fait une stimulation ou je me piquais sur mon lieu de travail en cachette en plein rush, entre le stress et la fatigue mes ovaires n’ont absolument pas réagi et la stimulation s’est soldée par un échec. C’est décidé pour la FIV je me mets en arrêt maladie.

Nous devons refaire encore et encore tous les examens dont bilan hormonal, spermogramme et spermoculture, à force on ne les compte plus, mon classeur PMA commence à peser. Tout s’enchaîne, mon dossier passe en commission très rapidement, on m’annonce que je vais pourvoir commencer au prochain cycle.

Enfin quelque chose de concret, la FIV, j’en suis sûre ça va marcher. Ma TSH est malheureusement trop haute je ne peux pas faire de stimulation sur mon prochain cycle tant qu’elle n’est pas régulée. Je dois donc prendre rdv rapidement avec un endocrinologue. Je suis un peu énervée car ce problème de TSH n’est pas nouveau. Je décide de changer d’endocrinologue qui pose directement le diagnostic de la thyroïdite d’Hashimoto, me prescrit du Levothyrox à prendre pendant plusieurs semaines et m’explique qu’il faudra continuer à le prendre pendant toute la grossesse si je tombe enceinte.

Après 3 semaines de traitement, ça y est ma TSH est dans la norme je peux enfin me projeter dans cette stimulation, tous les examens sont à jour, c’est parfait. Dans ce parcours PMA c’est souvent moi qui devais prévenir le gynécologue que tel ou tel examen allait périmer et qu’il fallait le refaire. Je ne trouve pas ça tellement normal. Heureusement que je faisais attention à ça sinon je me serais souvent piquée pour rien avec un protocole annulé au dernier moment à cause d’une spermoculture ou d’un bilan hormonal périmé.

La stimulation :

Nous partons sur une FIV combinée FIV ICSI. Je prends rdv chez mon médecin traitant, une femme compréhensive qui est elle aussi passée par la PMA, elle m’arrête sans hésiter. Je pose un arrêt de 3 semaines. La stimulation commence, ce sont les mêmes traitements que pour mes IAC, j’ai donc l’habitude. Ma stimulation se passe bien, mais mon taux d’œstradiol monte en flèche j’ai déjà beaucoup de follicules même avec de petits dosages pour une FIV. Je termine ma stimulation avec un taux d’œstradiol un peu haut, le déclenchement se fera au decapeptyl pour éviter l’hyperstimulation. La ponction se fait sous anesthésie locale, tout se passe bien et même un transfert frais est possible. Sur 9 ovocytes matures nous obtenons 6 embryons dont 2 au final, 1 J3 que l’on me transfère dans la foulée et 1 J5 vitrifié.

La grossesse

Je tombe enceinte, c’est un miracle et le taux d’HCG augmente normalement toutes les 48h. De nature stressée je n’arrive pas à rester sereine. Je prends rdv avec mon gynécologue de ville, celui qui m’a dirigée vers la PMA pour le suivi de grossesse. Entre temps je me fais arrêter par la médecine du travail pour toute la durée de ma grossesse. Cette grossesse est trop précieuse pour moi je ne prends aucun risque. Je suis à 16sa je sens mon bébé bouger, tout va bien mais je commence à avoir quelques contractions de Braxton hicks.

Le test de la trisomie effectué au deuxième trimestre sans la clarté nucale mon gynécologue m’annonce que je dois faire un DPNI car le taux est un peu bas mais que je ne dois pas m’inquiéter mon bébé n’est pas trisomique, c’est juste de la prévention. Je fais ma prise de sang et pour une fois je suis sereine. 10 jours passent toujours aucune nouvelle de mon gynécologue je me dis que tout va bien. Et pourtant, un matin mon gynécologue m’annonce au téléphone que le DPNI est revenu positif à la trisomie 18. Je suis anéantie. Une amniocentèse d’urgence est programmée, je suis alors à 17sa et sens mon bébé bouger depuis un petit moment.

Le sort s’acharne encore sur nous après un parcours PMA ce n’est pas possible. Je me sens vide de l’intérieur, quelque chose s’est brisé en moi et je pleure toutes les larmes de mon corps. Je suis inconsolable et je n’arrive plus à me projeter dans cette grossesse, car pour moi s’est terminé, je vais devoir mettre fin à cette grossesse tant désirée, la trisomie 18 étant une trisomie très grave ou les bébés ne survivent pas. L’amniocentèse se passes bien, je reste couchée pendant une dizaine de jours car il peut y avoir un risque de fausse couche.

L’attente des résultats est insoutenable je passe mes journées à pleurer, je suis même aller voir une voyante. Au bout de 3 jours les résultats provisoires du test FISH tombent, il n’y a absolument rien, c’est un véritable miracle mais il faut attendre le caryotype complet du bébé qui lui prend 3 semaines pour écarter la trisomie.

Après 3 longues semaines je reçois enfin le résultat par téléphone, le caryotype de mon bébé est tout à fait normal. La conclusion de mon gynécologue est une trisomie en mosaïque confinée au placenta. Donc mon bébé est tout à fait normal mais mon placenta trisomique. C’est une petite fille ce que je savais au fond de moi depuis le début de ma grossesse. Je suis aux anges. Ça y est je vais enfin pouvoir me projeter.

Le reste de ma grossesse est très compliqué, j’ai un utérus très contractile et des douleurs atroces au coccyx et au bassin. Je ne peux absolument rien faire car le moindre mouvement me provoque des contractions, debout, assise, couchée allant jusqu’à plus d’une centaine par jour même au repos à partir du 7ème mois de grossesse. Je tiens le coup, je pleure tous les jours, je n’en peux plus, je souffre, les mouvements de mon bébé me font terriblement mal et je ne supporte plus ces contractions à longueur de journée, je vis un cauchemar au quotidien, Je craque ! J’ai dû aller une dizaine de fois aux urgences mais toujours le même discours le col ne bouge pas. Je repartais chaque fois avec une ordonnance de Spasfon et de Doliprane mais sans résultat. Je prenais entre 6 et 8 Spasfon par jour mais les contractions étaient toujours là. Même manger était une épreuve pour moi avec des contractions toutes les 10 minutes, je finissais par me lever et allais me coucher, parfois même je mangeais allongée sur mon lit. Les trajets en voiture étaient devenus impossibles. À ce moment Je me dis que je n’ai pas le droit de me plaindre car j’ai la chance d’être enceinte et que beaucoup de femmes rêveraient d’être à ma place et pourtant, je souffre ! À 34sa ma valise que j’ai mis des semaines à faire à cause de mon état est enfin prête, je sais que je n’irai pas à terme. À 36sa je commence à bouger un peu plus car je n’en peux plus, cela fait des mois que je passe mes journées sur mon lit en plein été, volets fermés avec une chaleur étouffante.

C’est finalement à 37sa+5 que Jade nous a rejoint, un soir de pleine lune. Un accouchement rapide ou j’ai vraiment souffert des contractions de travail à la limite du supportable. C’était terrible car la douleur était localisée au niveau des reins. Lorsque l’on m’a posé Jade sur moi je me suis dit que c’était irréel, je n’ai pas eu d’émotions sur le moment, je n’arrivais pas à y croire. La journée avait été tellement intense entre la douleur des contractions et le fatigue sans avoir pratiquement mangé ni bu de la journée que j’étais comme déconnectée. Ça y est mon bébé est enfin là après 5 longues années, un parcours PMA compliqué et une grossesse horrible.

Conclusion

Pour conclure, cette grossesse à était pour moi un cauchemar du début jusqu’à la fin et l’accouchement une délivrance. Même en PMA nous avons le droit de détester être enceinte, à l’heure où j’écris, je ne suis pas sûre de vouloir retenter l’expérience. Mon corps à énormément souffert entre la PMA et la grossesse. Je n’ai pas repris mon travail car physiquement je ne pouvais pas. Je suis actuellement en congés parental pour m’occuper à temps plein de ma fille que j’allaite. Aujourd’hui j’aime ma fille plus que tout, c’est mon miracle et on peut dire qu’elle revient de loin. Elle va faire 4 mois dans quelques jours et c’est une petite fille merveilleuse déjà pleine de vie. C’est l’amour de ma vie.

Même si ce parcours est semé d’embûches, il faut se battre jusqu’au bout car le résultat en vaut la peine. J’ai fait beaucoup de concessions pendant ce parcours, j’ai décidé de mettre mon travail entre parenthèse, je me suis alitée de moi-même pendant ma grossesse, ce qui m’a permis de tenir jusqu’à 37sa+5 et d’avoir ma fille à mes côtés aujourd’hui.

Maïlys

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