Le témoignage de Laura : 5 ans d’essais, un bébé FIV et un bébé miracle
Mon témoignage apportera, j’espère, un espoir à celles qui n’ont pas de « réels » problèmes pour concevoir un enfant et qui, malheureusement n’y arrivent pas.
C’est une incompréhension totale et pourtant bien là. On nous rabâche sans cesse que c’est dans notre tête. Qu’au final, si on n’arrive pas à avoir un enfant, c’est vraiment à cause de nous et de notre « obsession ».
Alors oui, lorsque l’on se fait des piqures plusieurs fois par jour, que vous avez rendez-vous tous les deux jours pour faire des prises de sang et des échographies là où n’en peut plus que quelqu’un regarde, que tout est programmé au jour près, à l’heure près et que pour résultats, bien souvent, ça ne fonctionne pas… Oui, peut-être, peut-on parler d’une obsession d’arriver à avoir un enfant, au bout de quelques années d’essai.
Notre désir d’enfant
Ça a commencé pour nous très jeunes (et heureusement). J’ai voulu avoir mon indépendance très vite avec mon chéri et donc aussi de fonder une famille. Nous avions 21 ans quand j’ai décidé d’arrêter ma pilule. Au départ, je n’ai pas eu mes règles pendant 1 an. Très sincèrement, j’étais jeune et ça m’arrangeait bien de ne rien avoir. Mais au bout d’un an, je me dis qu’une consultation serait peut être nécessaire. Pas d’inquiétude, me dit le gynécologue, on va prendre Duphaston et tout sera réglé.
Alors oui, mes règles sont arrivées mais le bébé non. Au bout de 6 mois, j’y retourne et on me propose de commencer un médicament qui permettra de bien me faire ovuler d’ici 15 jours.
Dès le 1er coup, ça marche, je suis enceinte, nous sommes heureux. Un mois et demi après, j’apprends que je fais une fausse couche. Je relativise et me dis que beaucoup de femmes passent par ce moment-là pour le 1er essai.
Motivés, on retente … 3 fois, mais cela ne fonctionne pas.
Les IAC
Le gynécologue me propose donc de passer aux IAC. C’est parti pour cette nouvelle étape. On est toujours très confiants mais avec du recul, le gynécologue n’a fait aucun examen, ni contrôle pour savoir ce qui bloquait. Donc pour nous, aucun obstacle réel.
C’était donc piqure tous les jours pour stimuler les ovaires et faire grossir mes follicules. Contrôle bien sûr tous les 2 jours à plus de 30km de chez moi après le travail. Le contrôle se basait surtout sur une échographie pelvienne. Pour moi, à ce moment-là, rien de très contraignant au niveau emploi du temps, je gérais.
La 2ème IAC fonctionne. On ne s’emballe pas mais on pense vraiment que ça peut marcher. Mon petit embryon tiendra 1 mois et je fais une autre fausse couche. Ça commence à me faire du mal psychologiquement et je prends une pause de 6 mois, rien que pour nous mon chéri et moi.
On recommence donc et tente 2 autres IAC qui sont des échecs. Le gynécologue pense que quelque chose ne va pas et demande donc à ce qu’on se rapproche d’un centre de PMA spécialisé en FIV.
Nous voilà donc à la recherche d’un centre qui est bien souvent loin du domicile car ils sont peu nombreux. Par chance, nous habitons en région parisienne et il y a quand même quelques centres ouverts.
Une nouvelle pause s’impose puisque les délais pour un 1er rendez-vous sont de 4 mois. On attend donc et profitons de nos moments à deux.
L’arrivée en PMA
Juillet 2017, le gynécologue spécialisé nous reçoit. Il nous explique qu’on doit repartir de zéro. Faire une tonne d’examens : prises de sang, spermogramme, hystéroscopie, prélèvement vaginal, jusqu’à la recherche de nos ADN.
Je suis complètement démoralisée car tout ça va nous mettre quasiment 3 mois pour tout réunir. Alors on enchaîne, rendez-vous sur rendez-vous, examen par examen, pour certains qui font mal. Mais on y arrive et nous reprenons rendez-vous.
Voilà encore 4 mois de passés. Le gynécologue trouve des ovaires polykystiques chez moi, qui ne me font pas ovuler du tout, avec un des facteurs sanguins qui n’amène pas assez mon sang à l’utérus (sûrement la raison des FC), une TSH élevé et pour mon chéri, des zozos pas assez actifs.
Au final, je remercie ce gynécologue d’avoir pris le temps d’avoir fait faire tous ces examens et je ne suis vraiment pas sûre que tous le font.
Il décide donc de retenter une dernière IAC car il pense qu’on peut tout de même y arriver. Et oui, ça fonctionne avec une nouvelle grossesse. Mais que très peu encore une fois, puisque 1 mois après ce petit embryon part. Je l’ai su le jour de Noël 2017.
Ça a été très compliqué à gérer car nous n’avons absolument rien dit à personne sur notre parcours. Personne ne savait tout ce que l’on faisait. Il y a eu des rendez-vous familiaux auxquels nous n’avons pas pu assister dont un enterrement où nous n’avons pas pu aller car je me faisais inséminer ce jour-là. Je pense que certaines personnes nous en ont voulu même après leur avoir expliqué le pourquoi de notre absence.
Mais sachez, que pour tous ceux qui ne passent pas par la case PMA, tout ça, nos rendez-vous, nos piqures, pour eux, ce n’est rien de bien fatiguant. Ils ne comprennent pas pourquoi on peut être aussi fatiguée, ni les contraintes que cela nous impose.
Même à l’heure d’aujourd’hui, vu que je n’ai rien dit pendant le parcours, les personnes autour de moi pensent que notre étape PMA a été très rapide et que ce n’est rien de bien compliqué.
J’ai peut être fait une erreur en ne disant rien mais, vraiment, pour ma santé psychologique, je ne pouvais pas entendre à chaque essai : « alors ça y est ? ». Et le dire que NON, ça ne fonctionne pas. Que mon corps avait encore été faible et n’a pas pu protéger son embryon. Encore et encore.
Donc ce Noël 2017 a été compliqué à gérer. Je ne voulais rien dire et je perdais encore une fois mon bébé. Je ne voulais pas boire d’alcool, ni manger cru, j’espérais encore qu’avec mes efforts, bébé serait sauver mais ça ne se passe pas comme ça.
La perte de poids et la FIV
Retour à la PMA en janvier. Mon gynécologue me dit que pour avoir accès aux FIV, il me faut perdre 3 kilos car il ne faut pas dépasser un certain IMC.
J’ai été et je suis toujours un peu contre cet avis car je ne vois pas en quoi 3 kilos peuvent changer la façon d’avoir mon bébé. Mais il est catégorique et je me mets donc à ne manger clairement que des haricots verts et du jambon.
Mars arrive et j’ai atteint l’objectif des -3kilos. Le début d’un nouveau chapitre s’ouvre, la FIV.
J’y crois beaucoup. Le gynécologue me met en plus sous anti-coagulants le temps du protocole avec progestérone et ensuite sous Aspégic 500 pour bien faire circuler mon sang et éviter la fausse couche. Les traitements sont beaucoup plus lourds car plusieurs follicules doivent être gros pour pouvoir les prélever le jour J et les féconder.
Les doses d’hormones sont donc plus grosses. Contrôle tous les 2 jours à 1h de chez moi, à 7h du matin puis ensuite 1h de trajet à nouveau pour entamer ma journée de travail. Clairement, j’étais crevée.
Le rendez-vous est pris pour ponctionner mes follicules. Tout se passe bien, nous avons obtenu 12 beaux follicules. Mais après l’opération, je n’étais vraiment pas bien, je faisais une crise d’angoisse. C’est passé la journée suivante mais j’ai eu l’appréhension de devoir recommencer si cette tentative ne fonctionnait pas.
2 jours après, 5 petits embryons se sont formés et on me demande de choisir si je préfère qu’on m’insémine un J3 ou un J5. On m’explique qu’un J5 aura plus de chances de tenir car il se sera déjà développé pendant 5 jours et ira directement s’agripper sur mon endomètre. On décide donc de laisser le J5 arriver. Nous arrivons pour le transfert du J5 et on m’annonce que deux très beaux embryons sont encore là. On m’en transfère un et cryogénise l’autre. C’est parti, je démarre l’Aspégic pour ne pas faire de fausses couches.
15 jours après, la prise de sang m’indique un beau taux mais je ne suis pas confiante. J’ai très peur que ça recommence. Et malheureusement, il n’a pas tenu 1 mois. J’ai fait ma fausse couche en plein milieu d’un restaurant pour l’anniversaire de ma mère. J’étais tétanisée, en larmes, ma famille ne comprenait pas. On est vite partis mais j’ai eu beaucoup de mal à m’en remettre, d’autant plus que des questions arrivaient de la famille, questions auxquelles je ne pouvais pas me dérober. Ça a été vraiment compliqué mais je n’ai pas lâché.
On a su par la suite que mon endomètre était un peu trop épais donc l’embryon était en décalage. Mon embryon était à J5 alors que mon endomètre à J7. Ça ne pardonne pas.
Le TEC
Je pense alors à mon 2ème petit embryon qui attend. Je donne mon accord au gynécologue pour faire le TEC en juillet.
Le protocole recommence comme pour une IAC avec à nouveau les contrôles. Mi-juillet, le personnel décide que mon endomètre est prêt à recevoir mon petit J5.
Et comment vous dire… Je savais que c’était bon, que ça y est, ça allait fonctionner. L’instinct de maman ?
15 jours après, taux positif. 1 semaine après, les taux sont toujours bons. Mon chéri ne veut pas se projeter mais moi je le sais. Ça y est, notre bébé va enfin voir le jour. Et les mois passent et bébé grandit en moi. Je suis heureuse, tellement…
Le relais est passé du centre FIV à mon hôpital d’accouchement pour mon 3ème mois.
L’arrivée de bébé et un deuxième bébé miracle
Je garde toujours mon traitement Aspégic jusqu’a 7 mois et demi de grossesse.
10 avril 2019, j’ai 26 ans, mon bébé est là. Je ne réalise pas. C’est tellement fou ce que mon corps a pu faire malgré toutes ces difficultés. Je l’ai détesté et maintenant je le remercie. Réellement, je crois que je me suis sentie maman 2 mois après sa naissance.
Et puis, pour les 6 mois de mon amour, j’apprends que je suis de nouveau enceinte. Et là, même évidence, je sais que mon 2eme bébé va naître. Que ce ne sera pas une énième fausse couche. J’ai eu très peur alors j’ai demandé de suite de l’Aspégic. Mais c’était tellement impossible pour moi de tomber enceinte naturellement. Je ne comprends toujours pas.
23 Juillet 2020, mon deuxième amour naît.
5 ans pour avoir mon 1er bébé, 6 mois pour avoir mon 2ème.
Conclusion
Sincèrement, je ne réalise toujours pas d’avoir accouché de deux enfants. L’amour est tellement fort, tellement fou, tellement au-dessus de tout que je ne réalise pas.
A toutes, tenez bon. Imposez-vous face au médecin. Demandez de faire tous les examens possibles pour pouvoir trouver le petit truc qui coince.
Ne vous laissez jamais intimider devant un professionnel.
Croyez-moi, l’instinct est plus fort que tout. Si vous savez au fond de vous que quelque chose ne va pas, alors ne lâchez rien. Je vous jure, la récompense d’avoir son enfant est magique.
Mille fois je le referais.
Je pense parfois à ces bébés, ces embryons qui ont tenu 1 mois et je me dis, que si je m’étais imposée plus rapidement, de faire des examens, d’avoir des traitements, peut-être que ces bébés seraient avec nous à l’heure d’aujourd’hui.
Ne perdez pas confiance en vous. Rien que d’entamer ce parcours est une preuve de courage, de confiance et d’amour, pour vous et votre moitié. La base de tout.