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FIV : deux hommes nous livrent leurs vécus à travers leur couple

Prises de sang, échographies, injections hormonales, opérations… Les protocoles que les femmes doivent suivre au cours d’une FIV semblent sans fin, et tout le monde sait que la pression d’un tel parcours se concentre essentiellement sur la femme. Mais qu’en est-il des hommes ?

Si les femmes ont l’impression de ne rien contrôler ou presque pendant une FIV, c’est un sentiment encore plus prégnant pour les hommes. Certes, ils peuvent accompagner leur partenaire aux rendez-vous et faire eux-mêmes les injections hormonales. Mais la plupart se demandent surtout de quelle façon ils pourraient se montrer utiles.

Les hommes et les femmes ne sont pas affectés par les épreuves qu’engendre une FIV de la même manière. Il se pourrait que cette différence soit liée à la façon dont hommes et femmes pensent et agissent traditionnellement. Dans cette optique, la femme est souvent considérée, par les autres comme par elle-même, comme l’élément émotionnel et impliqué dans les relations du couple.

Dans un couple touché par l’infertilité, on observe souvent que la femme cherche à protéger son partenaire masculin de sa propre douleur physique et morale en endossant la responsabilité du traitement. On invoque souvent le motif que les femmes craignent en effet de voir leur partenaire partir pour une autre femme qui ne serait pas infertile.

De leur côté, les hommes sont traditionnellement considérés comme les pourvoyeurs de fonds d’un couple ou d’une famille. Ils doivent protéger le foyer de dangers réels ou imaginaires et se sentent souvent submergés par l’intensité des émotions de leur partenaire féminin et leur incapacité à vraiment le comprendre. Une hypothèse suggère que les hommes tendent ainsi à se concentrer sur leur travail, un domaine où ils ont davantage de succès.

 

Le témoignage de Nicolas, 33 ans

Nicolas et sa femme ont commencé à s’interroger sur leur fertilité après deux ans d’essais sans succès. Après les tests standards, sa femme découvrit qu’elle n’ovulait pas. Des analyses plus poussées indiquèrent qu’elle avait également un endométriome ovarien de 6 cm qui devait avant toute chose être retiré. Les problèmes de fertilité du couple ne s’arrêtaient pas là. De son côté, Nicolas souffrait d’un sperme « pauvre » contenant moins de cinq millions de spermatozoïdes.

Découvrir cette infertilité chez l’un comme chez l’autre affecta autant Nicolas que sa femme. Après s’être remis du choc, ils décidèrent de tout tenter pour résoudre le problème et de changer de mode de vie pour voir si ça jouait vraiment un rôle : alimentation, activité sportive, loisirs… Tout y passa. Si Nicolas ne ressentait pas de difficulté à parler de leur histoire à ses collègues au travail, sa femme avait plus de mal, vis-à-vis de sa famille et de ses amis, qui demandaient régulièrement à quel moment ils allaient se décider à fonder une famille.

Côté émotionnel, Nicolas se sentit au départ peu affecté, car lorsque lui et sa femme commencèrent à essayer d’avoir un enfant, il ne se sentait en réalité pas vraiment prêt à avoir une famille. En revanche, sa femme s’impliquait si profondément dans le processus que lorsqu’il apparaissait qu’elle n’était pas enceinte, elle était la première à filer chez le médecin pour comprendre ce qui n’allait pas. Au début, Nicolas et sa femme n’étaient donc pas dans le même état d’esprit. Nicolas pensait simplement que ça arriverait lorsque ce serait le moment. Mais lorsqu’il apprit que lui-même était aussi infertile, la pensée qu’il pourrait ne jamais fonder de famille le poussa à faire tout ce qui était en son pouvoir pour rendre le miracle possible.

L’épreuve de l’infertilité changea les relations de couples entre Nicolas et sa femme. Nicolas se plaît du moins à penser qu’il comprend mieux les émotions de sa femme depuis qu’ils ont fait face au problème ensemble. La difficulté les a poussés à prendre soin de leur santé, à agir davantage en tant que couple et à valoriser la qualité des moments passés ensemble.

Nicolas et sa femme sont finalement parvenus à avoir un merveilleux petit garçon et envisagent un deuxième bébé. Cependant, on a diagnostiqué à Nicolas des problèmes aux testicules. Si Nicolas souhaite recourir à nouveau à la FIV, il reste conscient que c’est plus facile à dire qu’à faire…

Le témoignage de Jeremy, 38 ans

Jeremy et sa femme ont traversé six cycles de FIV. Sa femme n’a en effet plus qu’une seule trompe après une grossesse extra-utérine. A 40 ans, elle ne dispose en outre plus que d’une faible réserve ovarienne. Si elle est déjà maman d’un enfant né d’une précédente relation, Jeremy n’a pas d’enfant et tous deux veulent un bébé ensemble. Voilà pourquoi ils se lancent dans un parcours de FIV. A aucun moment ils n’envisagent de recourir à un don d’ovocytes.

Au quatrième cycle de FIV, la femme de Jeremy tombe enceinte et les premières étapes de la grossesse se déroulent sans complications. Mais l’échographie de la 12e semaine détecta une déficience chromosomique sévère ainsi que des anomalies de croissance qui les obligèrent à mettre fin à cette grossesse qu’ils attendaient depuis si longtemps. Ils décidèrent de tenter deux cycles de FIV supplémentaires qui se soldèrent malheureusement par un échec. Ils s’accordent actuellement une pause dans leurs tentatives de FIV. Lors du dernier essai, ils pensaient s’arrêter là mais la femme de Jeremy se sent prête pour une nouvelle tentative l’année prochaine.

Mettre fin à la grossesse a été une décision difficile qui a affecté autant Jeremy que sa femme. Tous deux complètement abattus, ils en font encore le deuil et en ressortent brisés émotionnellement. Si sa femme est partante pour un nouvel essai, Jeremy ne s’en sent pas la force et sent bien que cette différence l’éloigne de sa femme en dépit de tous ses efforts.

Jeremy n’a jamais autant pleuré que lorsque lui et sa femme durent renoncer à la grossesse de la quatrième FIV. Sa femme a eu recours à une aide psychologique mais Jeremy voulait seulement essayer encore et reprendre leur vie. Le plus difficile a vraiment été d’arrêter la seule grossesse qui eut lieu après tous ces essais.

S’il devait tirer une conclusion de ce combat contre l’infertilité, Jeremy dirait que ce parcours a mis son couple au défi plus d’une fois, pour lui qui plaçait le bonheur et la vie de couple au-dessus de tout.

Si Jeremy a passé toutes ces années en se convainquant que la FIV allait fonctionner, ce qui a été le cas une fois, il essaie désormais de se détacher de cette idée fixe de succès. Sa femme veut faire un dernier essai mais Jeremy s’avoue assez pessimiste sur le résultat. Pour le moment, ils font une pause et s’accordent des vacances bien méritées. Son conseil ? Traverser les épreuves ensemble et rester heureux.

Des témoignages enrichissants

Les émotions comme le deuil, la colère, la peur et d’autres encore sont ainsi communes à bien des personnes et des couples qui se lancent dans un parcours FIV. Elles s’ajoutent au sentiment parfois lourd à porter d’avoir un corps qui fonctionne mal ou qu’on ne contrôle pas. Les hommes connaissent des hauts et des bas autant que les femmes, bien que sous un angle différent.

Ces deux témoignages confirment que le partenaire masculin a bien tendance à prendre en charge l’aspect financier du parcours de FIV et se montre prêt à tout pour y parvenir.

Affronter l’infertilité et passer par la FIV peut être difficile mais voici quelques conseils bénéfiques pour les deux partenaires :

-Communiquez ouvertement l’un avec l’autre.

-Prenez conscience qu’il n’y a pas de bon ou de mauvais sentiment.

-Connectez-vous à vos émotions. N’hésitez pas à envisager une thérapie ou une aide psychologique.

-Partagez les étapes du traitement avec votre partenaire et restez ouvert aux changements que ce traitement peut entraîner.

-Essayez de ne pas mettre votre vie sur pause et rappelez-vous pourquoi vous et votre partenaire avez décidé de vivre ensemble au départ.

-Partagez les joies comme les déceptions de votre expérience de l’infertilité. L’intensité de ces émotions s’en trouvera apaisée et vous vous rapprocherez de votre partenaire, dans un plus grand respect l’un de l’autre.

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