Notre rencontre et notre désir d’enfant

Je suis Justine, j’ai 37 ans et je suis l’heureuse (et fatiguée) maman d’un petit prince qui s’appelle William et qui est âgé de 21 mois maintenant.

Son papa et moi, nous sommes rencontrés sur Internet alors que nous étions adolescents. À l’aube des premiers réseaux sociaux, nous échangions des jours (et parfois des nuits) sur Caramail. Nous nous sommes ensuite perdus de vue, puis Jean-Philippe m’a retrouvée et est venu me rejoindre dans ma région, le Pas de Calais en 2013.

Très vite, l’envie d’être 3 est arrivée.

Courant 2015, bébé n’étant toujours pas là, je décide d’en parler avec ma gynécologue qui nous prescrit une série d’examens. Bilan : Infertilité inexpliquée, c’est le début de l’histoire PMA.

On commence notre parcours PMA

Nous sommes dirigés vers un centre de la région qui a de bonnes statistiques pour des inséminations et nous découvrons ce qui plus tard deviendra une simple routine : prises de sang, spermogrammes, injections, échographies… Je ne suis pas très à l’aise avec les traitements, l’idée de m’injecter des produits m’angoisse et je dois prendre sur moi pour chaque étape. J’essaie de rester forte malgré les effets indésirables et de limiter les larmes.

Le premier protocole IAC est un échec, je suis en hyperstimulation et dois prendre un traitement médicamenteux. Nouveau cycle, nouveau départ, nouveau protocole et nouvel échec … je ne me sens pas soutenue, je tombe sur un praticien avec un comportement choquant lors d’un contrôle. Je sors du centre en larmes en pensant que je ne suis pas capable psychologiquement de continuer et sans aucune marque d’empathie ou de bienveillance du personnel malgré le fait que je sois entrain de pleurer. Nous décidons de faire une pause en ayant l’espoir qu’une grossesse naturelle arrivera.

Les années passent et nous n’avons toujours pas pu fonder notre famille.

Nous changeons de centre de PMA

Début 2020, c’est avec un peu d’appréhension que nous décidons de reprendre le chemin de la PMA et c’est finalement suite à la réponse d’Aurélie sur le forum.fiv.fr que nous nous dirigeons timidement vers un autre centre PMA de notre région. L’approche est différente, nous avons un suivi avec un psychothérapeute qui travaille avec l’équipe du centre, ce qui avec le recul manquait cruellement dans le premier. Rapidement, nous pouvons démarrer un protocole pour une insémination (4 inséminations sont prévues, 4 chances de concrétiser notre projet). La gynécologue a entendu ma crainte d’une grossesse multiple, la stimulation est légère et une infirmière vient me faire les injections à la maison. Je suis un peu plus sereine parce que je me sens davantage accompagnée. Je décide également de consulter une acupunctrice-homéopathe qui m’aidera beaucoup dans les moments plus difficiles du parcours.

Le soutien du forum

Juillet, septembre, octobre, novembre 2020 : nous enchainons les différents protocoles et inséminations, sans succès. Le moral en prend un coup, je trouve un peu de soutien sur le forum et échange beaucoup avec Amandine, nous partageons nos expériences. Ses mots m’aideront beaucoup à avancer pour la suite.

La prochaine étape est la FIV, ce que je redoute plus que tout. L’intervention m’angoisse, l’anesthésie, tout cela couplé à l’anxiété développée par cette « période COVID », je ne m’en sens pas capable émotionnellement. Notre couple est aussi affecté par ces « échecs », nous avons besoin de temps.

Mars 2021 : un début d’espoir, beaucoup de larmes suite à une séance d’acupuncture puis un retard de règles et une deuxième petite barre qui fait son apparition ! Le sourire revient, le bonheur fragile se garde secrètement. Je fais une prise de sang, le taux de BHCG est positif. Je veux y croire plus que tout, je veux que ce taux double dans 48h. Nous voulons y croire !

2^ème prise de sang : c’est la douche froide, le taux a baissé. A-t-on le droit d’espérer encore ? Juste un peu ? La vie, les jours suivants diront que non. Ce ne sont pas de simples saignements, c’est mon cœur entier qui saigne et je laisse couler des litres de larmes sous la douche en me demandant pourquoi ? pourquoi nous ? pourquoi moi ? pourquoi tout est difficile ?

Nous commençons la FIV

Juin 2021 : c’est décidé nous tenterons la FIV. Avec le recul, je pense que ce qui m’a donné le courage ce sont les échanges avec Amandine et le partage de sa propre expérience ainsi que les échanges avec mon homéopathe/acupunctrice. C’est souvent en sortant de sa zone de confort, en dépassant ses propres limites que quelque chose de beau se produit, et qu’importe l’issue on y gagnera en confiance en soi.

Le 24 Juin est programmée la ponction. Plus l’échéance approche, plus le stress monte … l’homéopathie et l’acupuncture sont toujours mes alliées.

6 ovocytes ponctionnés, suivra l’appel quotidien du laboratoire pour connaître leur évolution après fécondation. Je n’en garde pas un bon souvenir, nous étions chaque fois sous tension. L’objectif était d’obtenir un embryon (J5). De 6 ovocytes, nous sommes passés à 4, puis 2 embryons et finalement un seul sera transféré. Il faut garder espoir. Avec Jean-Philippe, nous faisons le maximum pour être dans un bon état d’esprit malgré le stress et les tensions.

Après le transfert, nous avons quelques minutes pour pouvoir nous mettre dans notre bulle. Nous écoutons de la musique mais aussi une méditation. Enfin, nous croisons les doigts pour qu’il s’accroche. La prise de sang est prévue quelques jours avant mon anniversaire, j’aurais peut-être le plus beau des cadeaux.

9 Juillet 2021 : le taux est positif ! Nous sommes heureux, je dois faire une nouvelle prise de sang le 12 juillet afin de voir comme la dernière fois si le taux évolue correctement.

12 Juillet 2021 : le taux a énormément diminué, même scénario qu’en Mars. Je dois malgré tout refaire une prise de sang mais au fond je n’y crois plus

Le jour de mon anniversaire, aucune envie de faire la fête juste une envie d’être seule et de pleurer. C’est tout mon corps qui saigne ce jour-là. Mélange de colère, tristesse, découragement. Est-ce que tout cela arrive parce qu’il faut renoncer ?

La gynécologue de la PMA décide de me prescrire une biopsie de l’endomètre et une IRM pelvienne. S’agit-il vraiment d’une infertilité inexpliquée ? Je passe les examens et décide dans le même temps de me faire vacciner contre le COVID, en particulier pour faciliter les démarches PMA.

23 Août 2021 : je prends contact avec le centre PMA afin de connaitre le résultat de l’IRM et je leur demande également un avis car j’ai un retard de règles. J’ai évidemment réalisé des tests de grossesse urinaires à la maison mais tous sont négatifs. Je leur demande si la vaccination a pu perturber mes cycles. C’est effectivement possible, l’équipe me conseille d’attendre.

29 Août 2021 : Toujours aucunes règles, je suis inquiète. Cycle de 46 jours alors qu’ils ont toujours été réguliers entre 26/28 jours. Je décide de faire un énième test : il y a une deuxième barre ! Cette fois, pas d’emballement, il faut se préserver. Je me rends au laboratoire le lendemain matin pour faire un dosage BHCG et progestérone. Jean-Philippe et moi attendons nerveusement les résultats.

30 Août 2021 : 777mUI ! Jackpot ! Au fond de moi, je me dis que ce taux n’est pas un hasard, c’est le destin ! enfin la chance qui nous sourit ! Je prends rdv avec la gynécologue ; dans le même temps, j’apprends que l’IRM a révélé des endométriomes ovariens et que je suis enceinte ! La suite, vous la connaissez déjà, nous attendons un petit garçon, notre futur petit prince.

Il m’a fallu un peu de temps pour partager ce témoignage mais j’espère qu’il pourra apporter un peu d’espoir à vous toutes qui traversez un parcours similaire. La route est longue et sinueuse, parfois on voudrait renoncer et dans ces moments-là, le soutien que l’on peut trouver est important. Cela peut être le soutien d’un parent, d’une sœur, d’un ami, d’un professionnel de santé, quelques mots échangés sur un forum. A toutes les personnes que j’ai pu croisées sur ma route et qui m’ont donné la force de continuer, sincèrement : MERCI !