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Le témoignage d’Aurore : de la PMA à l’adoption

Notre rencontre et nos projets ensemble

J’ai rencontré mon mari en 2004 alors que j’avais presque 16 ans et lui 17. Nous avons toujours été très heureux ensemble et nous avons dès le début de notre histoire planifié notre vie : on se mariera le 16 juin 2012 et le soir de notre nuit de noces nous mettrons en route notre premier enfant et nous serons donc parents à 23 et 24 ans pour la première fois et nous aurons 4 enfants dont nous avions, naturellement, déjà des idées de prénoms…

Cela me fait rire (jaune) d’écrire cela car aujourd’hui, 29 mars 2021, j’ai bientôt 33 ans, nous nous sommes bel et bien mariés (mais en 2013) et nous n’avons toujours pas d’enfant. Rien ne s’est déroulé comme prévu.

En effet, notre petit chemin du bonheur tout tracé a pris quelques virages et quelques bosses !

Mise en route du projet bébé

J’ai arrêté ma pilule en mars 2012. Le même mois, mon futur époux me faisait sa demande en mariage lors d’un week-end magique ! On s’est dit « tant pis, si nos essais bébé fonctionnent, nous repousseront le mariage » que nous avions prévu durant l’été 2013.

Les mois se sont enchainés avec le retour de mes règles chaque mois, à notre plus grand désespoir, mais on se doutait que cela ne marcherait pas du premier coup.

Puis est arrivé notre mariage, journée inoubliable remplie de bonheur.

En septembre 2013, nous allons voir, sur les conseils d’une amie, un bio énergéticien qui détecte chez mon mari une anomalie des spermatozoïdes et pour moi un souci d’ovulation.

Nous demandons donc au médecin de mon mari un spermogramme et là, notre monde s’effondre.

Oligo asthénospermie sévère, peu de chances d’avoir un enfant naturellement. On commence à nous parler inséminations, FIV…

Je pense avoir pleuré tous les jours durant la première année. Cela fut une des plus dures épreuves de ma vie. Je suis passée par beaucoup d’émotions : tristesse, angoisse, colère, désespoir. Je me demandais ce qu’on avait bien pu faire pour mériter ça. J’ai toujours été très proches des enfants et travaille même avec eux, je les ai toujours adorés, choyés, pourquoi cela m’arrivait-il ? Etais-ce un signe que mon mari et moi n’étions pas fait pour être ensemble ? Je me sentais privée injustement de ma féminité, l’impression d’avoir perdu un morceau de ma personne.

Nous rentrons en PMA

Nous avons donc commencé le parcours PMA dans un premier centre. Le médecin qui nous suivait nous a dit au premier rendez-vous « ça va marcher, vous êtes jeunes (25 et 26 ans), il n’y a pas de raison que cela ne fonctionne pas. J’avais une forte envie de lui répondre « Qui êtes-vous pour dire cela ? Un devin ? Dieu ? » Euh oui, j’étais dans ma période « colère contre la Terre entière » …

Première FIV, ponction de 11 ovocytes, nous sommes ravis. On nous demande à J3 de venir pour le transfert. On se dit « chouette, on pourra en congeler plein !» A notre arrivée au centre, on nous annonce qu’on a seulement 2 embryons de qualité médiocre encore en vie. Grosse douche froide !!!

Le transfert d’embryon n’a rien donné et le second n’a pas supporté la décongélation lors du TEC.

C’est reparti pour une deuxième FIV, puis une troisième, une quatrième. A chaque fois je produis beaucoup d’ovocytes (mon meilleur score :21 ! Quelle pondeuse !) mais à chaque fois la qualité n’est pas au rendez-vous… Les FIV 2 et 3 n’ont même pas abouti à un transfert. En plus des problèmes de spermatozoïdes de mon mari, j’ai une mauvaise qualité ovocytaire. A nous deux, on fait la paire ! On nous change un peu le protocole et la quatrième fut la bonne… Non, je rectifie, fut la presque bonne : fausse couche précoce mais on se dit qu’au moins cette fois, il y a eu une accroche.

Nous revoyons assez confiants notre médecin qui, lui, n’a que faire de cette grossesse biochimique et nous dit « si vous voulez on peut en refaire une mais je n’y crois pas trop. Je vous conseille plutôt d’aller faire un don d’ovocytes à l’étranger, les taux de réussite sont meilleurs qu’en France. » Et là, je vous passe tous les noms d’oiseaux que j’ai pu lui dire dans ma tête ! Il venait en quelques instants de réduire à néant nos chances d’avoir un enfant qui pourrait être, biologiquement parlant, de nous deux. Encore une mauvaise nouvelle à digérer.

On demande un second avis

Nous décidons de changer de centre pour avoir un second avis. Le nouveau centre nous parait beaucoup plus sérieux et nous propose de nombreux examens complémentaires. Nous ferons avec eux deux nouvelles tentatives qui se solderont par des échecs… Nous commençons à être blasés, vidés, découragés. Les piqûres, les échographies endovaginales, les hormones, les cachets, la progestérone et ses désagréments, l’attente des résultats, les déceptions : RAS LE BOL !!!

S’ajoutent à ça les annonces de grossesses des copines, belles-sœurs, sœurs, collègues, voisines. Chaque fois c’est comme un couteau planté dans notre cœur. Il faut faire bonne figure, on ne va pas empêcher les gens de vivre mais je peux vous garantir qu’à chaque fois cela m’occasionnait quelques nuits blanches et des crises de larmes mais sans jamais rien montrer aux autres. Vous voyez les images des villes après les bombardements lors de la guerre, voilà comment j’aurais pu décrire mon moi intérieur : ra-va-gé !

Nous avons essayé tant de choses. Nous avons vu des ostéopathes, des magnétiseurs, des acupuncteurs, j’ai fait de la sophrologie, consulté une psy, fait du yoga, essayé l’homéopathie, on m’a même fait acheter une pierre pour repousser les mauvais esprits, j’en passe et des meilleurs. Toute notre vie tournait autour de ça, on en parlait tout le temps, on était devenus malheureux et aigris.

On a dépensé une somme folle pour tous ces praticiens mais on avait l’impression de mettre toutes les chances de notre côté et on ne le regrette pas.

Le don d’ovocytes

Nous avons tout de même décidé de faire appel à un troisième centre pour, cette fois, avoir recours à une FIV avec don d’ovocytes. Cela a été un long travail surtout pour moi. Mon mari l’a très vite accepté mais moi j’avais besoin de faire le deuil de notre enfant biologique, de notre grande fratrie rêvée. Cela m’a pris du temps, beaucoup de temps mais c’était nécessaire. Ma psy m’a beaucoup aidé à faire ce travail et je recommande à tous les couples en PMA d’y avoir recours.

Nous n’avons malheureusement pas eu le soutien escompté par nos familles. Celles-ci, ayant peur de nous blesser, préféraient ne pas nous en parler et évitaient volontiers le sujet mais sans jamais nous demander notre avis sur la question. J’en ai énormément souffert et en souffre encore.

Nous avons eu le droit à deux dons d’ovocytes de deux donneuses différentes mais là encore il ne s’est rien passé. A l’heure actuelle, il nous reste un embryon vitrifié mais nous ne savons pas encore quand nous le transfèrerons, nous n’avons qu’une idée en tête : clore le chapitre PMA mais impossible pour nous de renoncer à notre dernier TEC et garder cette petite phrase dans la tête « et si celui-ci avait été le bon… »

Le chemin de l’adoption

En parallèle, avant de commencer la fiv do, nous nous sommes renseignés sur l’adoption. Nous avons demandé et obtenu notre agrément.

Aujourd’hui, nous nous concentrons sur ce projet qui est notre nouveau parcours du combattant.

Être parents, pour nous, ne sera pas une chose facile mais on se l’est promis : on va y arriver !

Aujourd’hui, nous regardons avec du recul ce parcours qui a rythmé nos vies pendant 8 longues années. Il n’a pas été simple ni joyeux mais nous a appris tellement de choses.

Nous sommes, et cela peut-être encore plus grâce à la PMA, un couple très soudé. Nous pouvons parler facilement de tout, nous osons parler de nos sentiments, nos émotions.

On se dit souvent qu’après tout ce que l’on a appris durant notre parcours PMA, parcours d’agrément pour l’adoption, nous serons certainement de meilleurs parents ou du moins plus avertis ! Nous ne renonçons pas à devenir parents comme certains en font le choix (et que nous respectons) mais nous le serons différemment de la plupart des couples.

L’adoption amène elle aussi son lot de questions et de stress mais on essaie de prendre la vie du bon côté et de profiter malgré tout car on a la chance d’être tous les deux, d’être en bonne santé et de s’aimer !

Conclusion

Si je pouvais donner quelques conseils aux couples en PMA c’est de garder à l’esprit qu’on n’a qu’une seule vie et que malgré la PMA, elle continue et c’est à nous de décider si on voit le verre à moitié plein ou à moitié vide.

Au sein du couple, il faut parler et se dire les choses et prendre soin l’un de l’autre. On a souvent la sensation que l’homme ne nous comprend pas ou le vit mieux mais c’est une façade, les hommes cachent leur tristesse mais n’en souffrent pas moins.

N’ayez pas honte de vos ressentiments envers les femmes enceintes, les gens qui ont des enfants mais qui se plaignent toujours, ceux qui s’en occupent mal… On a le droit d’être en colère et un peu… jalouses.

Et pour terminer : respectez-vous et respectez vos limites. Votre corps vous appartient et seules vous pouvez décider de ce que vous voulez en faire !

2 commentaires

  1. Swan

    Ton histoire est la mienne…..
    Tjs dans ce parcours de PMA, toujours en attente de 8ans après le jour où tout a basculé… et Agrément en cours pour la deuxième fois ….
    Je me retrouve en toi avec tes doutes, tes coups de gueule…. Dingue comme si tu racontais mon histoire ….

    Réponse
    • Aurore

      Bonsoir Swan
      Je viens de voir ton message s’il y a deux ans, je ne savais même pas que mon témoignage avait été publié.
      Où en es-tu? Nous, nous avons eu l’immense chance d’adopter un bébé pupille qui nous comble de bonheur depuis plus de 2 ans.
      Aurore

      Réponse

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