De la FIV au don d’ovocytes : comprendre le parcours
Dans le domaine de la PMA, de nombreux couples se trouvent face à une décision importante : accepter des cellules données. Cette transition, souvent de la Fécondation In Vitro (FIV) traditionnelle au Don d’Ovocytes (DO), est un cheminement qui nécessite une réflexion approfondie et une bonne compréhension. Examinons les facteurs qui conduisent à cette décision et ce qu’elle implique.
Quand le don d’ovocytes est-il recommandé ?
L’âge : un facteur déterminant
La préparation à la transition vers le don d’ovocytes commence généralement vers l’âge de 40 ans. Cependant, il est crucial de noter que la première baisse de la qualité des ovocytes survient dès 35 ans. À 42 ans, le taux de réussite des traitements FIV avec les propres ovocytes de la femme chute considérablement en raison de la diminution de leur qualité.
Pour mettre cela en perspective, chez les femmes de plus de 40 ans, il faut entre 12 et 15 ovocytes pour avoir une chance d’obtenir un embryon sain. Idéalement, cela devrait aboutir à 8 embryons, donnant 1 blastocyste sain. Bien que les femmes aient toujours donné naissance après 40 ans, aujourd’hui, c’est souvent pour la première fois, ce qui présente des défis particuliers.
Autres indications pour le don d’ovocytes
L’âge n’est pas le seul facteur. Des femmes plus jeunes peuvent parfois connaître une insuffisance ovarienne précoce due à diverses raisons :
– Génétique
– Facteurs immunologiques
– Endométriose
– Conséquences d’une chirurgie
– Traitement contre le cancer
Dans ces cas, l’utilisation du matériel biologique de la femme devient impossible, nécessitant le recours à des cellules données.
Il existe également des cas de « faibles répondeuses » – des femmes qui, malgré des résultats d’AMH (hormone anti-müllérienne) corrects, ne produisent pas d’ovocytes même avec des doses élevées de stimulation. Si 2 à 3 cycles avec les propres ovocytes de la femme échouent, le don d’ovocytes est souvent envisagé.
Le traitement en tandem : une option transitoire
Pour les femmes de plus de 40 ans n’ayant jamais eu d’expérience de FIV et à qui l’on conseille d’utiliser des ovocytes donnés, il existe une option appelée « traitement en tandem ». Cela implique d’utiliser à la fois les propres ovocytes de la femme et de féconder des ovocytes donnés le même jour par ICSI (Injection Intracytoplasmique de Spermatozoïde).
Le principal avantage de cette approche est psychologique – elle permet aux femmes de sentir qu’elles ont essayé un traitement avec leurs propres ovocytes avant de passer aux ovocytes donnés. C’est particulièrement bénéfique pour celles qui sont pressées par le temps, car les ovocytes donnés sont fécondés immédiatement, offrant une solution de repli si le traitement avec les propres ovocytes de la femme échoue.
Quand les gamètes d’aucun des partenaires ne peuvent être utilisés
Dans certains cas, ni les ovocytes de la femme ni les spermatozoïdes de l’homme ne peuvent être utilisés. Cela nécessite un traitement avec un embryon donné :
– L’enfant n’aura de lien génétique avec aucun des deux partenaires.
– L’embryon provient de jeunes donneurs ayant fait l’objet d’un dépistage génétique, ce qui augmente les chances de succès.
Cette situation peut survenir pour diverses raisons telles qu’une infertilité sévère masculine et féminine, des troubles génétiques, un âge maternel et paternel avancé, des échecs répétés de FIV, ou suite à des traitements contre le cancer.
L’utilisation d’embryons donnés dans ces cas présente plusieurs avantages :
– Des taux de réussite plus élevés grâce à l’utilisation de gamètes de jeunes donneurs en bonne santé
– Un risque réduit de troubles génétiques
– La possibilité pour les deux partenaires de vivre ensemble la grossesse et l’accouchement
– Souvent plus économique que plusieurs cycles de FIV avec leurs propres gamètes
Néanmoins, il est crucial que les couples bénéficient d’un accompagnement approprié pour aborder les aspects émotionnels et psychologiques de l’utilisation d’embryons donnés.
Le vieillissement de l’utérus : une considération importante
Il est essentiel de comprendre que l’utérus vieillit également. À mesure qu’une femme avance en âge, elle fait face à des risques accrus pendant la grossesse, notamment :
– Fausse couche
– Diabète gestationnel
– Hypertension artérielle
– Prééclampsie
Le vieillissement de l’utérus présente plusieurs défis :
- Diminution du flux sanguin : Avec l’âge, le flux sanguin vers l’utérus peut diminuer, affectant potentiellement l’implantation et la croissance fœtale.
- Modifications de la muqueuse utérine : L’endomètre peut s’amincir ou devenir moins réceptif à l’implantation embryonnaire.
- Risque accru de fibromes : Les fibromes utérins sont plus fréquents chez les femmes plus âgées et peuvent interférer avec l’implantation et la grossesse.
- Changements hormonaux : Les modifications hormonales liées à l’âge peuvent affecter l’environnement utérin.
- Risque accru de problèmes placentaires : Les femmes plus âgées sont plus susceptibles de rencontrer des problèmes placentaires.
Pour atténuer ces risques, les spécialistes de la fertilité recommandent souvent un bilan de santé pré-conceptionnel complet, un suivi étroit tout au long de la grossesse, et l’utilisation potentielle de médicaments pour améliorer le flux sanguin utérin.
En raison de ces risques accrus, il est fortement recommandé de n’utiliser qu’un seul embryon par transfert, quelle que soit l’origine des ovocytes. Cette approche, connue sous le nom de transfert électif d’embryon unique (eSET), aide à réduire le risque de grossesses multiples, qui peuvent compliquer davantage le processus de gestation pour un utérus plus âgé.
Approches alternatives
Si un couple n’est pas prêt à passer aux ovocytes donnés, il existe des options alternatives :
1. Stimulation douce : Cette méthode implique une utilisation minimale de médicaments, visant à ne récupérer qu’un seul ovocyte. Elle est plus douce pour l’organisme et est recommandée pour les femmes qui ne produisent qu’un ou deux ovocytes lors du prélèvement, même avec des doses élevées de stimulation.
2. Cycle naturel : Cette approche n’implique aucune stimulation, s’appuyant uniquement sur les processus naturels du corps.
L’importance d’un traitement personnalisé
Il est crucial de souligner que chaque cas est unique. Les généralisations en matière de traitement de la fertilité ne sont ni possibles ni souhaitables. Au contraire, chaque couple doit être traité individuellement, avec des recommandations basées sur :
– Les antécédents médicaux personnels
– Les antécédents médicaux familiaux
– Les résultats des examens effectués
Conclusion
Le passage de la FIV au don d’ovocytes est un parcours complexe et profondément personnel. Bien que l’âge soit un facteur important, ce n’est pas le seul à prendre en compte. Diverses conditions médicales, la réponse aux traitements précédents et les circonstances individuelles jouent toutes un rôle dans la détermination de la meilleure ligne de conduite.
À mesure que la médecine de la reproduction progresse, des options comme le traitement en tandem et la stimulation douce offrent des étapes intermédiaires pour ceux qui ne sont pas encore prêts à passer complètement au don d’ovocytes. Toutefois, il est important d’avoir des discussions ouvertes et honnêtes avec votre spécialiste de la fertilité pour comprendre toutes les options disponibles et prendre la meilleure décision pour votre situation unique.
N’oubliez pas que l’objectif n’est pas seulement d’obtenir une grossesse, mais d’avoir un bébé en bonne santé et un parcours de grossesse sûr pour la mère. Avec une réflexion approfondie et les conseils d’experts, les couples peuvent naviguer sur cette voie difficile mais potentiellement gratifiante vers la parentalité.
Article rédigé par le Dr Kristýna Frühaufová, directrice médicale de Gynem Prague