PMA Info : L’analyse du spermogramme
Le laboratoire Gedeon Richter France et Fiv.fr vous présentent la série de vidéos « PMA Info », série de vidéos faites par des experts de la PMA et qui vous permettront d’y voir plus clair.
Le Professeur François Olivennes, gynécologue spécialisé en PMA (Paris) vous explique tout sur le spermogramme.
Bonjour je suis le professeur François Olivennes et je vais vous parler aujourd’hui de l’analyse du spermogramme.
Quelles recommandations avant de lire un spermogramme ?
Le spermogramme est donc l’examen qui permet d’évaluer la fertilité de l’homme, l’analyse de son sperme et de vérifier s’il y a des problèmes qui peuvent expliquer l’infertilité.
D’abord, et le plus important il existe des fluctuations physiologiques qui font qu’un spermogramme peut être variable d’un prélèvement à l’autre, il faut donc faire attention et bien se garder de prendre un diagnostic définitif sur une seule évaluation.
Deuxièmement et il est très important de savoir que le sperme qui est analysé est le reflet d’une fabrication qui a eu lieu deux mois et demi plus tôt et que pendant toute cette durée de deux mois et demi, il existe des facteurs qui peuvent altérer le sperme : de la fièvre, des infections, des consommations excessives d’alcool, un stress énorme ou des choses comme ça, donc n’oublions pas sur un examen donné de savoir s’il y a eu des événements dans les trois mois précédents qui peuvent perturber le spermogramme.
Aujourd’hui par exemple le covid perturbe considérablement le spermogramme et le spermogramme ensuite va être ré-évolué et peut-être normal alors qu’il était anormal sur un prélèvement puisque le sperme est fabriqué tous les jours.
Enfin il est nécessaire d’avoir un nombre de jours d’abstinence relativement fixe, non pas parce que le sperme va être meilleur comme le pensent certains patients, mais parce que comme ça tout le monde aura le même nombre de jours d’abstinence et ça sera standardisé.
C’est en général 3 à 5 jours.
Comment se passe concrètement le recueil de sperme ?
Le spermogramme va être fait dans un laboratoire avec un recueil par masturbation.
Il existe des cas rares où les hommes ne savent pas ou ne veulent pas se masturber.
Dans des cas précis, on peut faire appel à des préservatifs qui ont été mis au point, qui sont spécialisés dans le recueil du sperme parce qu’ils n’ont pas de spermicide et ça permet à ce moment-là au couple d’avoir un rapport, de récupérer le sperme et de faire son analyse, mais bien sûr c’est rare et c’est évidemment beaucoup plus compliqué.
Quels sont les paramètres d’analyse du sperme ?
Les données du sperme c’est trois paramètres essentiels : la concentration, c’est à dire le nombre de spermatozoïdes par millilitre de sperme : on va calculer ce nombre.
Ensuite il y a la mobilité puisque le spermatozoïde est une cellule mobile, c’est la seule d’ailleurs cellule mobile du corps humain et on va calculer le pourcentage de spermatozoïdes qui sont mobiles et cette mobilité il y en a plusieurs stades A B C D.
A c’est les plus rapides, B c’est rapide également et donc on s’intéresse à ces spermatozoïdes les plus mobiles qui sont ceux qui vont féconder l’ovocyte, donc concentration, mobilité et enfin ce qu’on appelle les formes typiques.
Quelles sont les valeurs usuelles du spermogramme ?
Les formes typiques c’est qu’on a classifié les spermatozoïdes, on les décrit ils sont composés d’une tête, de ce qu’on appelle une pièce intermédiaire et de ce qu’on appelle le flagelle qui est une sorte de petite queue qui bouge et qui donne la mobilité du spermatozoïde et on a pu s’apercevoir que certains spermatozoïdes ne sont pas typiques non ne sont pas normaux au sens de leur morphologie leur aspect.
C’est très important d’insister sur le fait que il n’y a aucun lien entre le sperme normal ou pas normal et le fait d’avoir un enfant normal ou pas normal.
Souvent les hommes qui voient qu’ils ont des formes typiques basses ont peur d’avoir des enfants anormaux, il n’y a aucun rapport, je dirais même plus : dans tous les pays du Nord depuis au moins 15 ans on analyse plus les formes typiques, car ça a été montré que ce facteur n’est pas un très bon facteur pour prédire les chances de grossesse.
C’est plus intéressant de s’intéresser à la numération et à la mobilité, les formes typiques c’est plus aléatoire.
Et donc ça a été abandonné dans ces pays, en France on garde un attachement à l’analyse de ces formes typiques.
Alors enfin, on va regarder donc ces trois paramètres et je vais vous donner quelques indications.
Evidemment il faut être prudent, des valeurs qui sont normales : la concentration on considère que la norme c’est 40 millions de spermatozoïdes par millilitre et on considère aussi que jusqu’à 20 millions par millilitre, il n’y a probablement pas tellement d’impact sur la fertilité, en dessous de 20 millions par millilitre on va à ce moment-là commencer à éventuellement évoquer la participation de l’homme dans les causes de l’infertilité.
La mobilité c’est un peu les mêmes chiffres c’est facile à s’en souvenir c’est 40% de la mobilité A+B donc les plus mobiles et jusqu’à 20% on considère que c’est à peu près acceptable.
En ce qui concerne les formes typiques c’est plus compliqué parce qu’il y a deux classifications : il y a une classification française qu’on appelle la classification de David pour laquelle la norme c’est au moins 20% de spermatozoïdes typiques et il y a une nouvelle classification qui est une classification sud africaine de Kruger et cette classification est beaucoup plus stricte, on appelle d’ailleurs ça Strict Critère (Strict Criteria) et là c’est 4% la norme si on a plus de 4% c’est normal, donc vous voyez évidemment quand on voit qu’on a 4 % de formes typiques, c’est toujours inquiétant parce qu’on s’attend à ce que quelque chose de normal ça soit 100%.
Le test de Migration-Survie
Il existe d’autres examens un tout petit peu plus spécialisés pour le spermogramme c’est ce qu’on appelle le test de préparation du spermatozoïde ou un test de migration-survie.
Ce test va récupérer les meilleurs spermatozoïdes : les plus mobiles et les compter, c’est un petit peu la même préparation qui sera faite pour une insémination et avec la valeur de ce test de migration survie on sait si le patient doit bénéficier d’une insémination ou d’une fécondation in vitro ou d’une ICSI : l’injection de spermatozoïde.
Schématiquement au-delà d’un million c’est des inséminations, en dessous d’un million c’est une FIV et en dessous de 500 000 c’est une ICSI, mais ces valeurs sont discutées, on a tendance aujourd’hui à faire assez facilement l’ICSI.
Un test de migration au-delà de 5 millions est parfaitement normal.
Les examens complémentaires du spermogramme
Il existe aussi des mesures plus fines des spermatozoïdes : fragmentation et décondensation de l’ADN des spermatozoïdes qui peuvent avoir un impact sur les taux de grossesse mais ces examens sont plus spécialisés.
Conclusion
A retenir : n’oubliez pas les fluctuations du sperme l’influence de différents facteurs, la fièvre certains médicaments, le stress, donc attention ne pas se baser sur un spermogramme pour en tirer des conclusions hâtives.