Tout savoir sur le Coronavirus COVID-19 et la PMA en France
Le moins que l’on puisse dire c’est que la suspension des protocoles de PMA suite à la propagation du Coronavirus Covid-19 a surpris autant les patientes que les centres qui se sont retrouvés vite débordés et obligés d’improviser quant à la continuité des traitements, en particulier ceux qui ont commencé.
Dans cet article, nous allons rappeler la chronologie des événements et surtout ce que nous réserve l’avenir en matière de PMA en France après l’épidémie de COVID-19.
Article régulièrement mis à jour.
1.Derniers articles parus dans la presse sur le sujet de l’arrêt des centres de PMA suite à l’épidémie du coronavirus
Article de Sud Ouest : CHU Pellegrin Bordeaux
Article du Parisien : Clinique Pierre Cherest à Neuilly Sur Seine
Article général de Ouest France
Centre hospitalier des Quatre-Villes à Saint Cloud
Article du Monde
Clinique La Sagesse à Rennes
2.Les témoignages
3.Nous vous accompagnons en cette période difficile
4.Publication des recommandations de l’ESHRE (European Society of Human Reproduction and Embryology) du 27 février 2020
L’ESHRE est la société savante européenne sur tout ce qui touche à la PMA en Europe. Ses recommandations sont donc très écoutées et suivies.
Source : https://www.eshre.eu/press-room/eshre-news
Voici ce qu’elle annonçait sur son site le 27 février dernier :
Il est d’ailleurs à noter que le 23 Mars l’ESHRE a annoncé que son congrès annuel qui devait avoir lieu du 5 au 8 juillet à Copenhague est définitivement annulé.
5.Le 12 mars 2020, l’American Society for Reproductive Medicine (ASRM) a communiqué quelques grandes orientations.
L’ASRM est la société savante américaine sur la PMA.
Se fondant sur les informations disponibles pour le moment, l’ASRM a recommandé à tous les patients recourant à un donneur (de sperme ou d’ovule) ou à une mère porteuse d’éviter de tomber enceinte en cas de maladie.
Les patients dont le traitement de fertilité a commencé sont invités à congeler leurs ovules et/ou embryons et de ne pas procéder au transfert tant que le danger du Covid-19 n’est pas écarté.
Présidente de l’ASRM, Catherine Racowsky a ainsi déclaré :
« Comme tous les professionnels de santé à travers le monde, nous prenons l’apparition du Covid-19 très au sérieux. Nous réunissons un panel d’experts et utilisons toutes les données disponibles afin d’aider nos membres et leurs patients à adapter le planning de leur construction familiale face à l’émergence du virus. Nous travaillerons aussi vite que possible mais il nous faut du temps pour trouver les meilleures informations sur lesquelles nous pourrons baser nos recommandations. En attendant, nous prions chacun de se laver les mains, de ne pas se toucher le visage et de conserver autant de distance sociale que possible. »
6.Les courriers de l’agence de Biomédecine et des ARS
L’Agence de la biomédecine est un établissement public à caractère administratif français qui intervient entre autre dans le domaine de la PMA pour en encadrer les pratiques.
Courrier 1 : L’Agence de Biomédecine a envoyé un courrier directement à tous les centres le Jeudi 12 mars 2020
Dans ce courrier, il est noté de « proposer » aux couples de différer leur projet et bien entendu aux patientes infectées d’arrêter tout traitement pour ne pas tomber enceinte en étant infectée.
La phrase la plus importante est la dernière :
« Pour les patientes pour lesquelles cette mesure représenterait une réelle perte de chance (patiente en limite d’âge par exemple), les conditions de leur prise en charge seront discutées au cas par cas avec l’équipe pluridisciplinaire. »
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Courrier 2 : Les recommandations de l’Agence de Biomédecine par un courrier du Samedi 14 Mars 2020
Suite au flottement observé les premiers jours ou certains centres continuaient quand même leur activité alors que d’autres la stoppait complètement, l’Agence de Biomédecine a édicté il y a 10 jours un cadre de prise en charge en fonction de la situation de la patiente.
L’objectif principal de l’agence de Biomédecine est de “réduire le nombre de femmes exposées au Covid-19 en cours de stimulation et en début de grossesse”.
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Voici le courrier qui a été reçu. Vous noterez qu’il s’agit de recommandations et que chaque centre reste libre et indépendant de la direction à suivre.
Voici les 3 situations possibles :
1.Patientes atteintes du Covid-19
Il est recommandé d’arrêter le traitement.
2.Patientes en cours de stimulation et qui ne semblent pas atteintes par le Covid-19
Il est envisageable de continuer le traitement afin de congeler les ovocytes ou les embryons, dans ce dernier cas le transfert devra se faire après la reprise.
3.Patientes qui ne semblent pas atteintes du Covid-19 et qui n’ont pas commencé leur protocole
Quelque soit la technique : Insémination, FIV, TEC, don d’ovocytes, préservation de la fertilité non urgente, il est recommandé de reporter les prises en charge.
Seule la préservation de fertilité urgente (cancer, etc) peuvent être débutées.
4.Donneurs de sperme
Un report est envisageable selon l’organisation de chaque CECOS.
Le 14 Avril, l’Agence de Biomédecine répond sur son site aux questions les plus souvent posées sur le covid :
En ce qui concerne la préservation de la fertilité en cas de cancer, des dispositions spécifiques ont-elles été prises pour faire face à l’urgence de certaines situations ?
Concernant la conservation d’ovocytes et de tissus germinaux, l’évaluation actuelle du ratio bénéfice/risque n’est pas en faveur de la poursuite de cette activité ; il est donc recommandé, sauf cas très particulier, de ne pas la conduire.
Concernant la conservation des spermatozoïdes, le ratio bénéfice/risque, spécifique à chaque patient, établissement et contexte épidémiologique, peut conduire à renoncer à une prise en charge.
Une dérogation liée à la limite d’âge est-elle envisagée / envisageable pour les femmes qui ont dû interrompre leur démarche d’AMP ?
Dans ses recommandations, l’Agence de la biomédecine préconise, dans le contexte actuel, de ne pas regarder l’âge et la diminution de la réserve ovarienne comme une urgence imposant la réalisation d’une AMP, quand bien même ils constituent habituellement des conditions conduisant à une prise en charge rapide.
Peut-on utiliser l’attestation de déplacement dérogatoire pour se rendre dans un centre de don ?
Non. L’utilisation de cette attestation n’est autorisée que pour des consultations et des soins ne pouvant être assurés à distance et ne pouvant pas être différés. Elle est également réservée aux consultations et aux soins des patients atteints d’une affection de longue durée. L’activité du don de gamètes ne rentre pas dans ces différentes catégories.
Par ailleurs, il est important de rappeler que dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire mis en place pour lutter contre la propagation du virus, il est impératif de respecter la mesure de confinement.
Comment les couples ayant démarré un parcours d’AMP sont-ils pris en charge pendant l’épidémie de Coronavirus ?
L’Agence de la biomédecine, en concertation avec les sociétés savantes, ayant recommandé d’arrêter et de reporter toute activité d’AMP, les couples concernés sont contactés par l’équipe médicale du centre qui les suit pour leur faire part de cette recommandation et pour apprécier ses conséquences sur leur démarche en cours.
Certains couples ont pu mener à bien la stimulation ovarienne et la ponction ce qui a permis d’obtenir des embryons. Par mesure de précaution, ces derniers ont été congelés et leur transfert reporté après l’épidémie.
L’activité d’AMP est-elle maintenue dans le contexte actuel de l’épidémie de Coronavirus ?
Les données scientifiques ne permettent pas, à l’heure actuelle, de connaître l’impact du Covid-19 sur la grossesse au stade précoce.
Dans ses recommandations, définies en concertation avec les sociétés savantes concernées, l’Agence de la biomédecine a conseillé aux centres de reporter les activités cliniques et biologiques d’AMP, quelle que soit la technique (fécondation in vitro, transfert d’embryon congelé, insémination artificielle, don de gamètes, préservation de la fertilité non urgente).
Ces recommandations sont destinées à tous les couples concernés par une technique d’AMP, qu’ils soient ou non infectés par ce virus.
En fonction de l’évolution du contexte, l’Agence de la biomédecine est susceptible de réviser ces recommandations.
Par ailleurs, il est important de rappeler que dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire mis en place pour lutter contre la propagation du virus, il est impératif de respecter la mesure de confinement.
Courrier 3 : Courrier interne de l’ARS Île de France envoyé aux centres de PMA du 24 Mars
Les agences régionales de santé (ARS) sont chargées du pilotage régional du système de santé. Elles définissent et mettent en œuvre la politique de santé en région, au plus près des besoins de la population.
Un courrier du 24 Mars détaille la raison des déprogrammations :
« Cette déprogrammation a pour objectif d’augmenter très significativement la capacité de soins critiques, prioriser l’accueil de malades de patients Covid-19, prioriser l’affectation des
personnels et la mise à disposition des matériels nécessaires à leur fonctionnement, contribuer à la fluidité de l’aval des soins critiques au sein de leur établissement ou en appui des établissement mobilisés par le Covid-19 de leur GHT ou de leur territoire. »
-Les consultations et tous les actes techniques doivent donc être suspendus jusqu’à nouvel ordre.
-Concernant la préservation de la fertilité, les instructions sont claires :
« En conséquence plus aucun traitement de stimulation pour prélèvement d’ovocytes dans le cadre de la préservation de la fertilité pour cancer ne doit être entrepris de même plus aucun
recueil de sperme, ni prélèvement de tissu germinal. Sauf exception. »
-Des centres complètement fermés après les derniers actes de préservation de fertilité pour la cancérologie :
« A titre exceptionnel et si l’état de santé de la patiente le permet le prélèvement d’ovocytes pour des femmes en cours de stimulation nécessitant une préservation de la fertilité dans le cadre de la cancérologie pourra être réalisée Puis les centres de PMA devront être fermée, jusqu’à nouvel ordre. »
–Pour les dernières ponctions, le document détaille le protocole à respecter pour tous :
« Les couloirs et ascenseurs doivent être dégagés de toute personne lors du transfert au bloc.
Le patient doit porter un masque chirurgical durant le transfert vers la salle d’opération ou de préparation.
Les personnels chargés du transfert et de l’accueil au bloc opératoire doivent être munis d’un masque chirurgical. »
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Courrier 4 : Les recommandations de l’Agence de Biomédecine au 25 Mars
C’est un courrier précisant les recommandations suites aux dernières avancées et qui réduit encore le champ des possibles :
1.Il est préconisé aux centres de ne rien faire même pour des raisons d’âge et de réserve ovarienne altérée
« Il est préconisé, dans le contexte actuel, de ne pas regarder l’âge et la diminution dela réserve ovarienne comme une urgence imposant la réalisation d’une AMP, quand bien même ils constituent habituellement des conditions de prise en charge rapide. »
2.Toutes les activités usuelles doivent être reportées.
3.Autoconservation ovocytaire dans le cadre d’un cancer : il est maintenant recommandé de l’arrêter.
4.Don de sperme : il est fortement recommandé d’interrompre le processus.
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7.L’application de ces recommandations dans les centres
Chaque centre est libre de juger au cas par cas de la nécessité ou non de continuer un protocole. Cela dépend aussi du statut du centre (privé ou public), c’est pour cela que des disparités ont été observées à situation égale.
Mais dans leur grande majorité tous les centres ont suivi les recommandations en stoppant leur activité et pour certains ont ou vont adapter leur structure à l’accueil de patients atteints par le covid-19.
Voici quelques exemples de messages lus sur les sites internet des centres :
8.Les conséquences sur l’avenir de votre parcours PMA
Cet événement tout simplement sans précédent et pose beaucoup de questions pour les patientes qui doivent recommencer un protocole de PMA :
-Quand les protocoles vont-il reprendre ?
-Lors de la reprise un test de covid-19 avant de commencer un traitement sera-t-il obligatoire ?
-Comment et sur quels critères seront gérées les patientes en file d’attente depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois ?
-Les centres vont-ils accepter alors qu’ils seront débordés de prendre en charge les patientes qui ont plus de 43 ans mais dont le traitement aurait dû commencer avant le Covid-19 ? La « perte de chance » dont parle l’Agence de Biomédecine.
-Combien de temps prendra la résorption de ce « stock » de patientes ?
-etc…
Une chose est sûre, le législateur sera probablement contraint de reporter une nouvelle fois la promulgation de la loi de Bioéthique, ainsi que les décrets d’application attenants. En effet, à quoi bon inclure en AMP des couples de femmes, des femmes célibataires ou celles qui vont autoconserver des ovocytes alors que les délais d’attente seront considérablement allongés ?
9.Les recommandations de l’ESHRE pour le désir de grossesse, la grossesse et la conception
Source : https://www.eshre.eu/press-room/eshre-news
Dans un post du 19 Mars, l’ESHRE s’est voulu rassurant :
Compte tenu de l’incidence croissante de l’infection par le coronavirus Covid-19 et des initiatives généralisées pour limiter sa propagation, l’ESHRE réaffirme sa recommandation aux membres de la Société de suivre les conseils des gouvernements locaux et nationaux, en particulier les mises à jour quotidiennes des conseils nationaux, et la conformité est encouragée lorsque cela est possible.
Il n’y a pas de preuves solides d’effets négatifs de l’infection Covid-19 sur les grossesses, en particulier celles à un stade précoce, comme l’indiquent les dernières mises à jour des Centers for Disease Control and Prevention (CDC) aux États-Unis et en Europe.
Il y a eu quelques cas signalés de femmes séropositives pour Covid-19 qui ont accouché de nourrissons sains et indemnes de la maladie. -19 pendant leur grossesse, mais les rapports étaient basés sur des données limitées. De même, un rapport de cas a été publié d’un nourrisson infecté, mais là encore, il n’y avait aucune preuve solide que cela était le résultat d’une transmission verticale.
Ces données, bien qu’encourageantes, ne font état que de petits nombres et doivent être interprétées avec prudence. Ils se réfèrent aux grossesses à leurs stades finaux, mais nous n’avons aucune information sur l’effet possible de l’infection Covid-19 sur les grossesses à leurs stades initiaux.
Cependant, compte tenu des considérations ci-dessus et des résultats maternels et néonatals signalés dans les cas d’autres infections à coronavirus (comme le SRAS), ESHRE continue de recommander une approche de précaution. Il est également important de noter qu’une partie du traitement médical dispensé à des patients gravement infectés peut indiquer l’utilisation de médicaments contre-indiqués chez la femme enceinte.
Par mesure de précaution – et conformément à la position d’autres sociétés scientifiques en médecine de la reproduction – nous conseillons à toutes les patientes fertiles envisageant ou prévoyant un traitement, même si elles ne répondent pas aux critères diagnostiques de l’infection Covid-19, d’éviter de tomber enceinte à cette fois. Pour les patientes déjà sous traitement, nous suggérons d’envisager une grossesse différée avec congélation d’ovocytes ou d’embryons pour un transfert d’embryon ultérieur.
L’ESHRE conseille en outre que les patientes enceintes ou celles (hommes et femmes) prévoyant ou subissant un traitement de fertilité devraient éviter de voyager vers des zones d’infection connues et le contact avec des personnes potentiellement infectées.
L’ESHRE continuera de surveiller la littérature scientifique, en particulier en ce qui concerne le TAR et la grossesse. Et réaffirme que tous les professionnels de la santé ont le devoir d’éviter un stress supplémentaire à un système de santé qui, dans de nombreux endroits, est déjà surchargé.
10.Les questions que se posent les gynécologues de ville , réponse par le SYNGOF
Le SYNGOF est le Syndicat National des Gynécologues Obstétriciens de France
Il est intéressant de reporter ici les questions posées par les gynécologues de ville qui a juste titre ne savent pas comment réagir.
Source : https://syngof.fr/documents-utiles/covid-19-questions-reponses/
Question du gynécologue : Le SYNGOF a demandé récemment à ce que les cabinets de gynécologue en ville ne soient pas fermés. Par ces nouvelles mesures de durcissement du confinement le Premier ministre ce soir a parlé les déplacements pour motif de santé dorénavant uniquement sur convocation. Je suis en secteur 2 non adhérent à l’OPTAM et les consultations sont sur rendez-vous. Cette nouvelle disposition dont le décret sort demain signifie donc clairement la fermeture des cabinets Médicaux non essentiels contre le coronavirus. Ce serait une situation catastrophique parce que l’arrêt des activités signifie absence de trésorerie et le cabinet ne pourra pas assurer les charges courantes comme le loyer, le leasing de l’appareil échographie, le salaire de la secrétaire, le leasing de la voiture à usage professionnel et bien d’autres.
Je sollicite donc le SYNGOF pour nous donner plus de précisions sur ce décret et éventuellement m’indiquer dans cette perspective peu radieuse quels sont les recours possibles de compensation financière. Le report de deux mois des cotisations sociales de l’URSAAF et de la CARMF sont dérisoires, surtout il y aura toujours lissage des dus sur le reste de l’échéancier 2020 après.
Réponse du SYNGOF : L’épidémie de COVID 19 contre laquelle nous luttons nécessite un confinement de la population. C’est la raison pour laquelle chacun doit rester chez soi.
Les consultations non urgentes doivent être reportées, comme les chirurgies programmées. Seules les urgences dont font partie l’obstétrique et les IVG, ainsi que les interventions pour cancer seront assurées dans les délais qui n’assombrissent pas leur pronostic. En conséquence, il vous est demandé d’annuler les rendez-vous qui ne correspondent pas à ces cas. Pour que l’épidémie dure le moins longtemps possible, le confinement doit être efficace, c’est-à-dire très rigoureux.
Votre personnel peut être mis en chômage partiel ou contraint de garder ses enfants, les 2 cas seront dédommagés selon les promesses du gouvernement. Le report des charges aidera aussi à ménager votre trésorerie. Pour le reste, la situation est celle d’une guerre et nous devrons faire des efforts. Vous pouvez interroger votre banquier. Les solutions viendront de vous, si vous attendez que le gouvernement assure toutes les conséquences, vous risquez d’être déçu, nous n’en savons rien.
Nous vous tiendrons informés des décisions réellement prises quand elle seront publiées.
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Question d’une patiente : Mon gynécologue maintient mon rdv de contrôle. J’ai demandé à le décaler à une date ultérieure mais il ne veut pas. Est-ce bien sage d’y aller ? De plus si je suis contrôlée par la police, je ne risque pas d’être verbalisée ?
Réponse du SYNGOF : Pourquoi ne pas demander à votre gynécologue une téléconsultation ? Vous pourriez poser vos questions d’ordre gynécologique et lui demander pourquoi il maintient ce rendez-vous ? Effectivement, les examens de routine, de prévention sont les consultations gynécologiques à différer en priorité dans ce contexte d’épidémie.
11.Insolite : Les new-yorkaises se sont précipitées pour congeler leurs ovocytes
Source : https://nypost.com/2020/03/03/coronavirus-sparks-egg-freeze-frenzy-at-nyc-fertility-clinic/
Si la panique qui pousse à acheter autant de rouleaux de papier toilette qu’il est humainement possible de transporter se poursuit à travers le globe, une panique d’un nouveau genre a vu le jour à New York : certaines femmes, qui craignent que leur maternité ne soit en danger et que le temps ne joue contre elles, courent faire congeler leurs ovules.
Cette information provient d’un article du New York Times, intitulé : « Coronavirus sparks egg-freeze frenzy at NYC fertility clinic ». Le journaliste y cite le Dr. Brian Levine, le directeur du CCRM Fertility de New York, dans le contexte de la pandémie du Covid-19 : « Depuis les cinq derniers jours, j’ai vu le nombre de personnes souhaitant recourir à un traitement augmenter de 25 % par rapport à toute autre période. »
Alors, peut-on parler de « panique de la congélation » ?
La vérité est que les cliniques des Etats-Unis sont submergées de demandes d’ovules, de sperme et d’embryons congelés. En plus de ces demandes, elles reçoivent également un grand nombre de messages contenant questions et inquiétudes .
Pourquoi maintenant ?
Il est plus que probable que la raison en soit la déclaration de l’ASRM (American Society of Reproductive Medicine), qui a suggéré que les personnes souffrant des symptômes du coronavirus devraient congeler ovules et embryons et éviter les transferts d’embryon.
En plus de ne pas savoir dans quelle mesure le virus pourrait affecter tous les aspects de la reproduction, l’industrie médicale reporte les traitements de FIV et d’insémination intra-utérine.
Aux Etats-Unis et au Canada, où la FIV et l’IAC ne sont pas couvertes par la sécurité sociale, il y a de bonnes raisons de croire que l’accès aux cliniques sera plus difficile à cause des mesures de confinement et de quarantaine. Dans l’idée d’un scénario extrême, les cliniques non essentielles seront également fermées comme en France.
12.Comment gérer l’impact émotionnel et la peur que le coronavirus ne vous empêche de devenir mère ?
Avec le monde en confinement et chacun qui se bat déjà pour rester en bonne santé, nombreux sont ceux qui ont mis en pause leur projet de bébé et qui l’ont placé tout en bas de leur liste de priorités en attendant faute de mieux.
Pourtant, bien que la partie raisonnable en vous répète que décaler le projet est la meilleure chose à faire, votre cœur et votre âme semblent incapables d’accepter cette réalité. Le monde n’a jamais paru autant remonté contre vous.
On ne compte plus les messages de désespoir :
« Je suis anéantie. Je suis choquée. Je suis bouleversée. Je suis frustrée. C’était censé être le moment où JE tombais enceinte mais je crains que le coronavirus ne vienne ruiner mes chances de devenir mère un jour. »
« Nous étions censés commencer mi-avril, juste quand ce fichu virus est censé se répandre encore davantage. »
« On a l’impression de s’être pris un coup de poing en pleine tête, ou que quelqu’un a appuyé sur le bouton pause de nos vies et a jeté bien loin la télécommande ! »
« On ne sait pas vraiment quoi faire ou quoi dire. On ne peut même pas aller au bar noyer notre chagrin puisqu’ils sont tous fermés pour une durée indéterminée. »
« On ne peut même pas rendre visite à notre famille ou nos amis pour y trouver du réconfort. Nous sommes prisonniers de notre propre appartement pour respecter le confinement. »
Comment gérer ces sentiments ?
Toutes les émotions – désespoir, colère, frustration – sont légitimes.
Et effectivement il faut supporter l’incertitude et l’isolation sociale qu’impliquent les mesures de sécurité.
On reconnait là les symptômes du deuil, où colère et incrédulité se mélangent souvent.
N’espérez pas vous débarrasser rapidement de ces émotions, aussi difficile qu’elle soient, vous ne pourrez pas vous empêcher d’y penser.
Il est nécessaire de s’octroyer un moment pour penser à cette situation.
Voici quelques outils qui pourraient vous aider :
Ralentissez votre respiration et comptez : inspirez jusqu’à 3, retenez votre souffle jusqu’à 4 et soufflez jusqu’à 5. Cette technique maintient votre attention sur votre respiration et calme les symptômes de panique.
Réfléchissez à votre peur : vos chances de devenir mère seront diminuées. Mettre cette peur par écrit peut également vous aider à clarifier votre processus de réflexion.
Trouvez des réponses réconfortantes à cette peur : il s’agit d’une peur, pas de fait.
Compensez les pensées négatives avec des « peut-être »
« On reprendra peut-être notre cheminement dans quelques semaines » ; « On peut sûrement en profiter pour nous préparer davantage au protocole » Répétez-vous ces pensées.
Toute activité favorisant le calme et la concentration est bénéfique : exercices de pleine conscience ou de méditation, relaxation, yoga… Vous pourrez les trouver sur Internet, sur YouTube, ou en DVD, puisque les cours en présentiel n’ont plus lieu.
Poussez un bon cri face à cette injustice, puis essayez de repousser ces idées, par exemple en les écrivant en lettres capitales rouges sur une feuille avant de jeter le papier à la poubelle. Ces pensées vont vous tirer vers le bas, alors débarrassez-vous-en. Visualisez un nuage qui passe et propulsez vos pensées dessus. Souvenez-vous que de nombreuses autres personnes sont dans la même situation que vous pour la FIV, et que tout le monde est pris au piège du Covid-19.
Autorisez-vous un petit rêve éveillé : imaginez-vous dans quelques mois, de retour à votre traitement. Vous vous sentez bien et excitée. Visualisez-vous avec un bébé. Même sans y passer des heures, vous rebrancherez votre cerveau sur des ondes plus positives qu’en continuant à nourrir des pensées négatives et pleines de colère.
Soutenez-vous au sein du couple : essayez d’éviter les disputes pour rien et faites preuve de tendresse. Trouvez des choses agréables – voire funs – à faire. Vous pouvez toujours aller promener, vous adonner à vos hobbies et activités artistiques, sortir les jeux de société ou de cartes. Ce temps mort est l’occasion de faire des choses que vous n’aviez plus faites depuis longtemps.
La gratitude et la gentillesse sont réputées pour être bénéfiques lorsqu’on se sent déprimé ou anxieux. Chaque jour, remémorez-vous une chose pour laquelle vous vous sentez reconnaissant et un acte de gentillesse que vous avez fait ou qu’on vous a fait.
13.Les documents pour aller plus loin
Suite à l’épidémie de Coronavirus COVID-19 de nombreux documents et conseils ont été émis tant par les syndicats de médecins que par les autorités de tutelle.
Vous trouverez ici les plus intéressantes :
Le guide anglais édité par le Royal College of Obstetricians & Gynaecologists (21 Mars)
Un guide complet et mis à jour le 21 Mars dernier détaille tous les conseils concernant les femmes enceintes atteintes ou non du covid-19.
Recommandations pour la pratique des échographiesobstétricales et fœtales pendant la période stade 3 de l’épidémie COVID-19 par le CNGOF (15 Mars)
Le CNGOF est l’Organisme professionnel des médecins exerçant la gynécologie et l’obstétrique en France.
Bulletin d’INFOVAC FRANCE sur la consultation en cabinets médicaux en période d’épidémie (9 Mars)
Fiche patient : RECOURS À LA TÉLÉCONSULTATION DANS LE CADRE DE L’ÉPIDÉMIE DE CORONAVIRUS (COVID-19) par le Ministère de la Santé (18 Mars)
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