PMA Info : Endométriose et infertilité
Le laboratoire Gedeon Richter France et Fiv.fr vous présentent la série de vidéos « PMA Info », série de vidéos faites par des experts de la PMA et qui vous permettront d’y voir plus clair.
Le Docteur Charles Tibi, chirurgien gynécologue, spécialiste en AMP (Centre de fertilité de Paris) nous explique le lien entre endométriose et infertilité.
Bonjour je suis le docteur Charles Tibi, chirurgien gynécologue à l’hôpital américain et à Paris spécialiste de stérilité. Je vais vous parler de l’endométriose et de l’infertilité.
Définition de l’endométriose
L’endométriose est la présence d’endomètre qui est le tissu qui tapisse l’intérieur de la cavité utérine, qui se situe en dehors de l’utérus, soit au niveau des ovaires plus rarement des trompes et ligaments de l’utérus, soit en avant au niveau de la vessie ou latéralement au niveau des voies urinaires, soit en arrière au niveau du rectum.
Sur l’ovaire l’atteinte peut être en surface ou plus en profondeur et former des kystes que l’on appelle endométriomes.
L’atteinte de la paroi musculaire de l’utérus s’appelle « Adénomyose » et qui est un problème particulier.
Quel est l’impact de l’endométriose sur la fertilité ?
Avoir une endométriose ne veut pas dire être infertile.
De nombreuses patientes qui présentent une endométriose peuvent concevoir des enfants naturellement sans avoir besoin d’une prise en charge médicale.
Cependant il est vrai de dire que les patientes qui ont une endométriose ont plus souvent des soucis de fertilité que celles qui n’ont pas d’endométriose.
On estime à 30% le risque d’infertilité, contre 10 à 15% dans la population générale.
En cas d’infertilité de plus de deux ans chez une patiente qui a des trompes normales,si le sperme du conjoint est normal, on estime à plus de 50% la fréquence de l’endométriose même en l’absence de tout symptôme(s).
L’endométriose a t-elle un impact sur la qualité ovocytaire ?
L’endométriose est parfois associée à une baisse de la réserve ovarienne, soit en raison de kystes ou endométriomes qui ont détruit une partie de l’ovaire, soit en raison d’antécédents chirurgicaux qui ont retiré une partie de l’ovaire également, soit sans kyste et sans antécédents chirurgicaux.
La qualité ovocytaire est parfois altérée dans l’endométriose mais ceci est remis en cause par des études récentes en don d’ovocytes qui montrent que la qualité est identique aux patientes qui n’ont pas d’endométriose.
Endométriose et techniques d’AMP
En particulier les taux de grossesse en fécondation in vitro sont les mêmes que chez les patientes qui n’ont pas d’endométriose.
En cas d’endométriose et infertilité, nous avons le choix entre plusieurs techniques pour aider les patientes à concevoir : soit la chirurgie qui retire ou détruit les lésions d’endométriose, soit l’Assistance Médicale à la Procréation, à savoir l’insémination intra-utérine ou la fécondation in vitro.
Le choix de ces tentatives qui parfois ne s’excluent pas, sera déterminé au mieux par une discussion en équipe multidisciplinaire qui comprend des spécialistes de la reproduction, des chirurgiens gynécologues et parfois d’autres spécialistes en dehors de la chirurgie gynécologique.
Globalement les décisions seront prises en fonction de plusieurs facteurs : tout d’abord l’âge facteur pronostic essentiel, les femmes dites en âge avancé pour la fertilité bien sûr (plus de 35 ans) on ira plus volontiers vers l’AMP.
Quand la réserve ovarienne est basse on ira également plus volontiers vers l’AMP.
Si les trompes sont bouchées ou très altérés, on ira également plus volontiers vers l’AMP.
Si la qualité du sperme est très faible on ira également directement vers l’AMP.
Enfin les douleurs si elles sont au premier plan et très importantes, plus importantes que le désir de grossesse, il faudra parfois faire la chirurgie pour régler, essayer de régler le problème des douleurs en sachant qu’il ne faut pas prendre de risques pour la réserve ovarienne dans ces cas là et éviter les traitements extensifs en particulier en cas d’endométriomes.
Dans ces endométriomes qui sont les kystes ovariens endométriosiques, une solution élégante est de pratiquer leur alcoolisation par injection d’alcool après les avoir vidés, ce qu’on appelle la sclérothérapie des kystes endométriosiques qui donnent une efficacité satisfaisante avec un risque sur la réserve ovarienne semblant beaucoup moins important que la chirurgie.
Quels sont les risques entre traitements d’AMP et endométriose ?
Pour ce qui concerne les traitements de stimulation de l’ovulation, la plupart des études montrent qu’il n’y a pas d’aggravation de l’endométriose suite à ces traitements.
Pour ce qui concerne la ponction ovocytaire lors de la fécondation in vitro, il y a des risques plus augmentés, en particulier le risque hémorragique (l’hémorragie interne) ou le risque d’infection après la ponction, ces infections peuvent aboutir à des abcès profonds parfois difficiles à traiter, évidemment ce sont des choses très rares mais, il convient de le savoir et prévenir peut-être ces complications en donnant des antibiotiques systématiquement au moment de cette ponction.
Conclusion
Compte tenu de ces impacts sur la vie quotidienne des femmes l’endométriose est désormais reconnue comme une maladie de longue durée.
Il ne faut pas oublier de préserver la fertilité chez ces patientes, en particulier avant 35 ans quand il n’y a pas un désir immédiat de grossesse.
Rappelons que l’association de la chirurgie ou de la fécondation in vitro ou d’autres techniques d’AMP permettent à de nombreuses femmes porteuses d’endométriose de concevoir et d’avoir des bébés.