En février 2022, le ministère des Solidarités et de la Santé présentait au gouvernement son rapport sur les causes d’infertilité. Peu connu dans la sphère publique, encore tabou, le sujet touche pourtant près de 3,3 millions de personnes en France, et 1 couple sur 4. Si le rapport se penche avant tout sur les raisons médicales, mais aussi sociétales et environnementales qui conduisent à l’infertilité, il lance aussi des pistes pour réduire le phénomène en le transformant en enjeu de santé publique.

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Infertilité : des chiffres en nette hausse depuis 20 ans

Officiellement définie par l’OMS (Organisation mondiale de la santé) comme l’incapacité pour un couple d’obtenir une grossesse au bout d’un an de rapports sexuels réguliers et sans aucun moyen de contraception, l’infertilité croît en France comme dans la plupart des autres pays développés.

Le professeur Samir Hamamah, co-rédacteur du rapport sur les causes de l’infertilité avec Salomé Berlioux et chef du service de biologie de la reproduction au CHU de Montpellier, soulignent que dans les pays développés, les hommes produisent deux fois moins de sperme qu’il y a 30 ans. En se basant sur les données actuelles, il prévient que 1 couple sur 6 dont les partenaires ont autour de 25 ans aura bientôt des problèmes d’infertilité, ce qui devrait pourtant représenter une exception à cet âge.

Au-delà d’une question de santé publique, l’infertilité a pour lui comme en jeu essentiel la survie de l’humanité. En effet, perpétuer une société implique que chaque famille ait environ 2,6 enfants. Or, la moyenne n’est que de 1,83 en France, 1,5 en Allemagne, 1,3 en Italie ou au Portugal et même 0,9 en Russie.

Quelle est la cause d’infertilité majeure en France ?

La première raison qui explique l’infertilité en France est sociétale et liée à l’âge des femmes qui souhaitent avoir un enfant. En 1975, les femmes avaient leur premier enfant à 24 ans. Aujourd’hui, le premier-né arrive peu avant 30 ans, vers 28,8 ans en moyenne, voire 30 ans et 9 mois dans les grandes villes. Or, la fécondité diminue avec l’âge, en particulier chez les femmes, qui ont 6 % de risques de ne pas avoir d’enfant à 30 ans, 14 % à 35 ans et 36 % à 40 ans. Ce recul de l’âge de la parentalité s’explique par de nombreux facteurs sociétaux :

• Etudes plus longues ;
• Généralisation de l’activité professionnelle chez les femmes ;
• Recul du désir d’enfant ;
• Crise économique…

En outre, les jeunes ont également tendance à se montrer trop confiant dans l’assistance médicale à la procréation, dont le taux de succès moyen dans les centres d’AMP en France n’est « que » de 20 %.

Quelles sont les causes médicales de l’infertilité ?

Le rapport sur les causes de l’infertilité fait le point sur les origines médicales du phénomène. Chez les femmes, on recense deux causes principales :

• Mécanique, comme dans le cas de l’endométriose ;
• Hormonale, comme dans le cas du syndrome des ovaires polykystiques.

Chez l’homme, trois causes majeures apparaissent :

• Endocriniennes ;
• Testiculaires (au premier rang desquelles on trouve la varicocèle) ;
• Liées à des lésions des voies génitales.

Les raisons médicales constituent la deuxième cause d’infertilité en France.

Les facteurs environnementaux de l’infertilité

L’environnement dans lequel évoluent les personnes en âge de procréer a également changé en 30 ans. Les perturbateurs endocriniens se sont notamment multipliés, impactant la fécondité des femmes comme des hommes, tout comme l’augmentation de la pollution atmosphérique et l’exposition aux pesticides.

Le mode de vie individuel peut également favoriser l’infertilité, notamment en cas de consommation de tabac ou de cannabis, d’obésité ou de troubles de l’alimentation.

Les recommandations du rapport sur les causes d’infertilité

Si le rapport sur les causes d’infertilité est si important, c’est qu’il cherche à placer la question au cœur du débat et à en faire un enjeu de santé publique national. Il présente donc plusieurs propositions pour limiter le phénomène en mettant notamment l’accent sur l’information du public :

• Evoquer l’infertilité lors des enseignements de santé reproductive au collège ;
• Mettre en place une campagne de sensibilisation et un numéro vert ;
• Créer un Institut national de la fertilité ;
• Mieux financer la recherche sur la reproduction humaine ;
• Proposer des consultations médicales pour identifier plus rapidement leurs risques de diminution de la fertilité, notamment auprès des adolescents et jeunes adultes ;
• Création d’un logo « reprotoxique » pour signaler la présence de perturbateurs endocriniens dans certains produits ;
• Mieux diagnostiquer les causes d’infertilité, notamment chez les hommes.

Au total, le rapport formule ainsi 21 recommandations pour limiter et combattre l’infertilité.

Télécharger le rapport ici :