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PMA et allaitement

Les femmes ayant recours à la PMA pour concevoir peuvent se demander si les traitements auront un impact sur leur allaitement, qu’il s’agisse de leur production de lait ou de la santé de leur enfant allaité.

Allaiter après un traitement de PMA

Les médicaments utilisés en PMA n’ont pas d’impact connu sur l’allaitement futur. Cependant, des difficultés peuvent survenir en raison des causes de l’infertilité. Par exemple, le syndrome des ovaires polykystiques (SOPK), qui nécessite souvent une aide médicale à la conception, peut aussi être associé à une production lactée réduite. Par ailleurs, certaines techniques de PMA augmentent le risque de césarienne, d’accouchement prématuré ou de grossesse gémellaire, ce qui peut influencer l’allaitement. Enfin, certaines femmes ressentent un manque de confiance en elles après un parcours d’infertilité, ce qui peut affecter leur vécu de l’allaitement. Cependant, ces obstacles ne signifient pas qu’un allaitement réussi est impossible.

Allaiter durant un traitement de PMA

De nombreuses femmes allaitent encore leur enfant lorsqu’elles désirent en concevoir un autre. Certaines souhaitent poursuivre l’allaitement pendant leur parcours de PMA, pour des raisons affectives ou nutritionnelles. Toutefois, la majorité des médecins recommandent un sevrage avant de commencer un traitement. Cette recommandation repose sur plusieurs raisons : le risque que les médicaments passent dans le lait, une possible baisse de la production lactée, et le fait que l’allaitement stimule la prolactine, une hormone qui peut perturber l’ovulation et la nidation de l’embryon.

Les médicaments utilisés en PMA sont généralement classés comme « probablement sûrs » pour l’allaitement. Ils ne sont pas associés à des effets secondaires graves chez l’enfant, mais peuvent réduire la production lactée. Toutefois, cette diminution n’est pas systématique, et la grossesse elle-même a tendance à la provoquer. Une femme souhaitant tomber enceinte tout en allaitant doit donc s’attendre à une baisse progressive de son lait.

Les médicaments couramment utilisés en PMA et leurs risques potentiels pour l’allaitement

GROUPE DE MÉDICAMENTSRÔLENOM GÉNÉRIQUENOM COMMERCIAL (non exhaustif)RISQUES POTENTIELS DURANT L'ALLAITEMENT
Pilule contraceptiveUtilisée en prétraitementdésogestrelMarvelon®L3 : Pas de risque rapporté, mais diminution de la production lactée
Pilule contraceptiveUtilisée en prétraitementéthinylestradiolActivelle®L3 : Pas de risque rapporté, mais diminution de la production lactée
ŒstradiolUtilisé en prétraitement ou comme supplément hormonal pour différentes raisonsœstradiolClimara®, Estrace®L3 : Pas de risque rapporté, mais diminution de la production lactée
GonadotrophinesStimulation du développement des folliculescitrate de clomifèneClomid®, Sérophène®L4 : Pas de risque rapporté, mais diminution de la production lactée
GonadotrophinesStimulation du développement des folliculesfolliculostimuline (FSH)Gonal-F®, Puregon®, Bravelle®L3 : Passage improbable dans le lait, mais chute de la prolactine
GonadotrophinesStimulation du développement des folliculeslutrophine (LH)Luvénis®L3 : Passage improbable dans le lait, biodisponibilité 56%
GonadotrophinesStimulation du développement des folliculesgonadotrophine chorionique humaine (hCG)Pregnyl®, Ovidrel®L3 : Pas de risque rapporté, passage improbable dans le lait
GonadotrophinesStimulation du développement des folliculesménotropine (hMG)Menopur®, Repronex®L3 : Passage improbable dans le lait, biodisponibilité nulle
GonadotrophinesStimulation du développement des folliculesgonadorélineLutrepulse®, Reilsorm®L3 : Passage limité dans le lait, biodisponibilité nulle
Analogues de la GnRHBlocage du cycle menstruel naturelacétate de busérélineSuprefact®L3 : Passage limité dans le lait, biodisponibilité nulle
Analogues de la GnRHBlocage du cycle menstruel naturelleuprolide acétateEligard®, Lupron®L3 : Passage limité dans le lait, biodisponibilité nulle
Agonistes de la GnRHBlocage de la sécrétion de FSH et LHcétrorelixCétrotide®L3 : Passage improbable dans le lait, données limitées
Agonistes de la GnRHBlocage de la sécrétion de FSH et LHganiirelixAntagon®, Orgalutran®L3 : Passage improbable dans le lait, données limitées
Agonistes de la dopamineInhibition de la sécrétion de prolactinebromocriptineParlodel®L5 : Pas de risque rapporté, mais diminution de la production lactée
Agonistes de la dopamineInhibition de la sécrétion de prolactinecabergolineDostinex®L4 : Passage inconnu, diminution de la production lactée
ProgestéroneSoutien hormonalprogestéroneCrinone®, Endometrin®L3 : Pas de risque rapporté, biodisponibilité faible, risque de diminution lactée
AntibiotiquesFavoriser l'implantation de l'embryonciprofloxacineCipro®L3 : Risque de diarrhée et décoloration des dents, alternative possible : ofloxacine (L2)
AntibiotiquesFavoriser l'implantation de l'embryondoxycyclineDoxychel®L3 : Pas de risque rapporté si traitement < 3-4 semaines, risque de décoloration des dents

Prolactine, cycle menstruel et traitements de fertilité

La prolactine est une hormone essentielle à la lactation. Elle est stimulée par la succion du bébé et inhibée par une autre hormone, la dopamine. Son taux varie selon la fréquence des tétées, le cycle menstruel et la grossesse. Pendant l’allaitement, elle peut retarder le retour des règles et perturber l’ovulation.

Certains médecins craignent que l’allaitement complique la PMA en empêchant une ovulation optimale ou en rendant l’utérus moins réceptif à l’implantation de l’embryon. Mais cette approche n’est pas unanime. Le taux de prolactine varie d’une femme à l’autre, et un sevrage systématique ne prend pas en compte ces différences. Par ailleurs, certaines spécialistes soulignent que le sevrage forcé peut avoir des conséquences émotionnelles importantes, tant pour la mère que pour l’enfant.

Quand faut-il envisager le sevrage ?

Certaines femmes pourraient ne pas avoir besoin de sevrer avant une PMA, notamment celles qui :

-allaitent un enfant de plus d’un an avec seulement trois ou quatre tétées par jour ;

-ont déjà retrouvé leurs cycles menstruels et ovulent normalement ;

-souffrent d’une infertilité liée à des causes non hormonales (comme une obstruction des trompes) ;

-prévoient un transfert d’embryon congelé (TEC)

En revanche, d’autres femmes auraient intérêt à sevrer avant une PMA si :

-leurs cycles menstruels ne reprennent pas tant qu’elles allaitent ;

-elles n’ovulent pas naturellement ou ont une phase lutéale trop courte ;

-leur infertilité est due à un excès de prolactine.

Faire le bon choix

Chaque femme doit pouvoir choisir en connaissance de cause. Certaines préfèrent suivre les recommandations médicales pour optimiser leurs chances de grossesse, tandis que d’autres souhaitent prolonger l’allaitement sans compromettre leur projet parental. Un sevrage prématuré peut être une perte difficile à vivre si la PMA n’aboutit pas à une grossesse.

La décision doit être prise en accord avec les besoins de la mère et de l’enfant, avec le soutien du corps médical et de l’entourage.

Le risque lié à l’exposition au médicament pendant l’allaitement

L1 (le plus sécuritaire) : Médicament ayant été administré à un grand nombre de mères qui allaitent sans détecter une augmentation des effets néfastes chez le bébé. Des études contrôlées chez des femmes qui allaitent ne démontrent aucun risque pour le bébé et la possibilité de danger pour le bébé allaité est lointaine ou le produit n’est pas biodisponible oralement chez un bébé.

L2 (sécuritaire) : Un médicament étudié chez un nombre limité de femmes qui allaitent, sans détecter une augmentation des effets néfastes chez le bébé. Et/ou, les preuves d’un risque connu suite à l’utilisation de ce médicament sont plutôt rares.

L3 (probablement sécuritaire) : Il n’y a pas d’études contrôlées chez les femmes qui allaitent, mais le risque d’effets néfastes est possible; ou, les études contrôlées démontrent seulement des effets néfastes minimaux et non menaçants. Ces médicaments devraient être administrés seulement si les bénéfices potentiels justifient les risques potentiels chez le bébé. (Les nouveaux médicaments pour lesquels il n’y a aucunes données publiées sont automatiquement classés dans cette catégorie, même s’ils pourraient être sécuritaires.)

L4 (potentiellement dangereux) : Il y a des preuves d’un risque pour l’enfant allaité ou pour la production de lait, mais les bénéfices d’utiliser ce médicament chez les mères qui allaitent peuvent être acceptables en dépit du risque pour l’enfant (ex. si le médicament est nécessaire dans une situation menaçant la vie ou pour une maladie sérieuse pour laquelle des médicaments plus sécuritaires ne peuvent pas être utilisés ou sont inefficaces.)

L5 (contre-indiqué) : Les études chez les mères qui allaitent ont démontré qu’il y a un risque significatif et documenté pour le bébé basé sur l’expérience humaine ou il s’agit d’un médicament qui risque fortement de causer des dommages significatifs chez un bébé. Le risque d’utiliser le médicament chez une femme qui allaite est clairement plus grand que tout bénéfice possible de l’allaitement. Le médicament est contre-indiqué chez les femmes qui allaitent.

Conclusion

Le choix entre allaiter et poursuivre un parcours de PMA est propre à chaque femme. Il n’existe pas de solution unique, mais plutôt une nécessité d’adaptation à chaque situation. Il est primordial que les femmes puissent être informées sur les avantages et les risques afin de prendre une décision en toute sérénité. Un accompagnement bienveillant de la part du personnel médical et du cercle familial est essentiel pour vivre cette période dans les meilleures conditions possibles.

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