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Témoignage d’une receveuse d’un don d’ovocytes à Madrid

Cela fait deux ans que je pense à écrire ce témoignage. Des fois je réfléchis sur notre parcours et je crois que c’est un rêve, non, plutôt un cauchemar, quelque chose qui ne nous est jamais arrivé. Mais c’est ce que nous avons vécu. Peut-être qu’en partageant notre histoire, je pourrais éventuellement donner de l’espoir à quelqu’un. Je commence à raconter….

Nous nous sommes mariés à 29 ans avec une seule priorité : avoir 4 enfants. Chacun avait un bon travail. Dès que nous commençons à parler de partager notre vie ensemble nous avons toujours rêvé à avoir cette grande famille. En fait, j’ai choisi ma profession pour pouvoir travailler chez moi dès que j’aurais eu un enfant.
Dès la nuit des noces, on a essayé de faire un enfant. Le temps passait: trois mois, six mois, neuf mois- consultation chez mon gynéco- tranquille, tout va bien. On étudie mon mari. Le sperme n’est pas spectaculaire mais ça va…un an et demi…on décide d’aller chez un spécialiste.

Alors on commence avec des inséminations : 3 négatifs. Pas grave, il nous reste la FIV. On se donne 6 mois pour nous remettre et on décide de recommencer avec une FIV. Nouvelle déception : je suis ce qu’ils appellent « une mauvaise répondeuse » pour mon âge : 3 ovocytes. Ils me transfèrent un embryon de bonne qualité…négatif. Ces résultats me bouleversent. Je commence avec des maux de tête, j’ai de la peine à communiquer mes sentiments, je me renferme dans une coquille où je ne laisse entrer personne – ni mon mari. Six mois après je suis exécrable, je ne dors que 2-3 heures chaque nuit. Ma vie est un enfer. Mon mari m’amène chez un psychologue, après chez une psychiatre…peu à peu avec des médicaments, des heures à réfléchir, de travail très dur, je commence à accepter que mon rêve de 4 enfants ne sera jamais une réalité. Pourquoi pas seulement un ? Alors je remonte la pente, je retrouve la force. C’est le moment de faire une deuxième FIV. Cette fois-ci le résultat est pire. Deux ovocytes, un fertilisé et un embryon de mauvaise qualité. Désespoir…. Pourquoi moi ? Moi qui voulais des enfants depuis toute petite, moi que me suis mariée pour ça…mon Dieu, qu’est-ce que j’ai fait pour mériter ce destin ?

Les médecins essaient de m’expliquer, des gentilles infirmières me parlent sans que je ne comprenne. Je ne peux presque pas me rappeler de ce jour, mais de tout ce qu’on nous a expliqué deux mots sont restés graver dans ma mémoire : FIV DO. Après quelques heures de désillusion, colère et rage, j’ai décidé qu’il fallait que je fasse quelque chose. Et hop ! Je commence un nouveau chemin, cette-fois-ci sur internet…des heures et des heures sur les forums, en écrivant aux cliniques à l’étranger, en parlant avec mon mari.

Nous en arrivons à la conclusion que nous voulons aller en Espagne. Nous décidons d’aller voir 3 cliniques à Madrid. Le choix était facile une fois qu’on était allé voir les trois cliniques : on décide de faire le traitement chez XXXX. Les coordinatrices et les médecins francophones nous ont aidés dès le premier instant. Elles ont compris notre angoisse, notre déception. Le médecin nous explique que nous avons des bonnes possibilités. Tout le monde est positif. Le médecin me dit que j’avais un bel endomètre ce jour-là. Ça faisait des années que quelqu’un ne me disait pas quelque chose de positif-soulagement…. On décide de congeler le sperme le jour suivant pour n’avoir à venir que la veille du transfert d’embryon et partir le jour d’après.

Deux mois après notre première consultation, on est retourné à Madrid pour le transfert de deux blastocystes*. Et voilà le miracle : je suis tombée enceinte de jumeaux. Mais nos problèmes ne se sont pas terminés là. J’ai fait une deuxième échographie à 8 semaines et un des jumeaux ne se développait pas. On ne pense qu’à la possibilité de perdre l’autre…jours et semaines d’angoisse, mais à l’échographie de la douzième semaine tout va bien pour celui qui reste.

On commence à respirer plus tranquille…tout se déroule bien jusqu’à 34 semaines, moment où les contractions commencent. Encore une fois des doutes, des inquiétudes, de l’angoisse. On essaie d’être positif. La bonne nouvelle est notre petite fille, née le jour suivant. Elle ne pesait qu’ 1,850 Kg. Après un mois à l’hôpital, on nous laisse la ramener chez nous. C’est la joie de nos vies.
J’aimerais oublier le parcours, la souffrance, les nuits éternelles de soucis et de pensées négatives mais ce n’est pas juste non plus. J’essaie de trouver un endroit dans mon cœur- une espace dans ma vie où je puisse trouver la paix et à la fois aider à ceux qui ont ce même problème. J’ai commencé aujourd’hui avec ce témoignage.

* blastocystes : embryon âgé de 5 à 7 jours

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