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Témoignage d’une donneuse d’ovocytes française et méconvenues

Ce témoignage est cru, il reflète ce que peut rencontrer comme difficultés une fée. Malgré tout, cette fée a recommencé. Avec de bien meilleures conditions, elle ne regrette rien.

Comment je suis devenue donneuse ?

Mon histoire de « future » fée a commencé il y a des années quand j’ai vu une émission consacrée à ce sujet sur France Télévision et j’ai su tout de suite que j’allais le faire un jour – étant sensibilisée à la question d’infertilité dans le couple dans mon entourage. La maternité pour moi est très importante, j’avais toujours eu peur d’être infertile avant d’avoir mes enfants et je sais que si je l’étais je serai anéantie. Pour aider les femmes qui souffrent de cette douleur et pour aider à réparer cette injustice je devais faire le don. J’ai dû attendre le bon moment une fois les 2 grossesses et allaitement terminé. En parallèle j’ai commencé les recherches d’un couple à parrainer sur internet parce que je trouvais que cela me permettrait de faire concrètement quelque chose de bien pour quelqu’un et ne pas être seule dans mon don (c’était probablement une erreur). Maintenant avec le recul je me dis que j’aurai du faire un don sans attaches, sans couples à parrainer ou parrainer quelqu’un de proche…

J’ai vu une annonce dans une salle d’attente chez mon médecin décrivant tout le protocole de don d’ovocytes et demandant de contacter si quelqu’un souhaite parrainer un couple. J’ai écrit pour savoir où ils en étaient dans leurs parcours. Ce couple était déjà dans les démarches et ils avaient une fée. Ils m’ont demandé si j’étais intéressé de faire mon don sur Ville1 pour un couple d’amis qui était aussi en recherche. J’ai dit oui parce que pour moi c’était le moment de faire le don, j’étais plutôt disponible et je ne voyais pas de raisons pour refuser en sachant que j’allais déménager pour me retrouver un petit peu plus près de Ville1 et un peu plus loin de Ville2. Je n’ai jamais rencontré ce couple que j’ai pu parrainer. On garde le contact par mail. Une fois premier rdv pris, tout le processus a pris plusieurs mois avant le traitement et la ponction. J’ai eu mon premier rdv avec toute l’équipe le jour même : rdv avec biologiste, médecin. Le rdv avec le psychiatre n’y est pas obligatoire. On m’a donné quelques boites de médicaments et des ordonnances pour les médicaments manquants. La deuxième fois où j’ai dû repasser à Ville1, c’était juste pour la ponction. J’ai pu faire mes 3 échos de contrôle entre midi et 2 près de mon lieu de travail et tout était finalement facile de point de vu organisationnel.

Les premiers RV

Avant que je ne termine mon protocole, le Ville1 de Ville2 m’a appelé pour voir si j’étais encore motivé pour le don: le CECOS allais rouvrir ! J’ai dit oui bien sûr, en pensant que j’avais quelque part cet engagement non-dit envers ce couple de Ville2 rencontré sur un forum et en sachant qu’il y a très peu de fées en France. J’ai tout de suite contacté ce 2me couple de Ville2 en partageant la grande nouvelle. Bizarrement ils ont mis une semaine après les négociations pour se décider à dire oui à ma proposition de les parrainer et reprendre leurs démarches.
J’ai eu ma ponction avec anesthésie locale en pensant honnêtement que cela allait suffire, malheureusement les ovaires étaient bien gonflés et j’ai eu plus mal que à quoi je m’attendais. Le jour même de retour chez moi j’ai souffert aussi, mais progressivement au bout de quelques jours je ne sentais plus rien.
On m’a remercié mais je suis sortie de l’hôpital contente au départ et puis avec un grand sentiment de vide, une sensation d’avoir été utilisée, d’avoir exposé mon corps et je ne savais plus pourquoi. Le couple que je parrainé ne m’a même pas demandé si ça s’est bien passé. J’en étais bouleversée. En fait l’hôpital n’a pas pensé à me donner le résultat de la ponction.

Quelques mois plus tard j’ai eu mon rdv cette fois-ci à Ville2: en premier abord avec le psychiatre, C’est obligatoire et je suis contente de l’avoir vu. Ça m’a permis de vider mon sac et de voir comment les choses se passent dans ce CECOS côté soutien aux fées. J’ai eu un bref aperçu du professeur chargé de « recrutement » des fées et puis quelques jours plus tard après les délibérations de la commission, ma demande de « participation » à leur programme de don était acceptée. Puis j’ai dû reprendre des rendez-vous avec sage-femme, anesthésiste pour finaliser le tout. J’ai eu tous mes médicaments. Et j’ai attendu qu’on trouve les couples receveurs pour avoir le feu vert. Ainsi 4 mois après mon premier rdv j’ai commencé le traitement.

Le traitement

Coup dur: impossible de faire mes échos près de chez moi (le médecin référent n’est pas là les 2 jours sur 3). Et je viens de signer pour une mission en intérim. J’ai dû négocier avec mes employeurs pour qu’ils me laissent avoir du retard le matin et rattraper entre midi et 2. Ainsi pendant 2 jours je me levais à 4h du matin pour faire mes échos à Ville2, refaire le trajet jusqu’au travail et enchaîner ma journée. J’ai dû bien insister pour dire que je ne venais pas pour un protocole de FIV mais de don. Une fois la semaine folle passée j’ai eu un bon accueil le jour de ma ponction, anesthésie générale, repos obligé et le lendemain malheureusement la reprise de travail. Physiquement c’était très dur, je m’en remets encore (aujourd’hui 4 jours après la ponction). Le médecin biologiste est venu dans la chambre me remercier et répondre à mes question (pourquoi je ne peux jamais connaître ce foutu nombre d’ovocytes prélevés). Psychologiquement dur aussi même si je m’attendais de ne pas connaître le nombre d’ovocytes. Cette fois-ci dur parce que le couple parrainé ne s’est jamais manifesté pour demander si ça s’est bien passé, si je me suis bien réveillée de mon anesthésie, rien. Et moi qui connais les dates de tous leur rdv! C’est fini, je ne veux plus entendre parler d’eux !!!!!

Dur aussi parce que j’ai été plus touchée par le don, par la réflexion sur la descendance, conséquences pour leurs futures, etc.
J’ai fait les cauchemars sur ces possibles grossesses et ces possibles futurs bébés avec une envie forte de savoir si oui ou non ça a marché. Et puis je suis aussi depuis 1 an dans une sorte de souffrance/plutôt une réflexion constante sur la possibilité d’un autre enfant. J’en ai très envie et mon mari et moi en parlons beaucoup mais on ne peut pas se lancer pour l’instant, pas maintenant.
C’est dur de donner ses ovocytes tout en ayant un désir très fort d’enfant soi-même.

Une chose est sure: la prochaine fois s’il y en a, si je suis de nouveau enceinte un jour, je ne serai pas culpabilisée, j’aurai mérité d’être enceinte.
Et si jamais je fais un autre don pour parrainer quelqu’un, ça sera uniquement pour quelqu’un de proche. Plus jamais pour les parfaits inconnus, plus jamais !

Note sur le traitement

Lors de mon traitement pour la première fois c’est mon mari qui me faisait les piqures au départ, on s’est toujours passé d’infirmiers. Les piqures d’hormones avec le « stylo » sont très faciles et pas du tout douloureuses à faire, très faciles à faire soi-même. Pour les effets secondaires lors de mon premier traitement j’ai eu les douleurs vers la fin au niveau des ovaires parce qu’ils étaient bien gonflés. Par contre pour mon 2me don c’était l’inverse, juste quelques douleurs au départ de traitement. J’ai pris 2 kilos à chaque fois et j’ai eu aussi des bouffées de chaleur.

Note sur les Relations donneuse-couples receveurs

J’ai gardé le contact avec les 2 couples parrainés et on planifie de se rencontrer bientôt avec le couple de la Ville 2 malgré les malentendus dans le passé entre nous.
Le couple de la Ville 1 a pu concevoir naturellement avant le transfert et j’espère que la grossesse se terminera bien pour eux.
Le couple de la Ville 2 en attente de transfert qui devrait avoir lieu bientôt
Dans tous les cas qu’on parraine ou non le simple fait de donner ses ovocytes apporte un nouveau sens à ce qu’on fait dans la vie.

Note sur le Remboursement

Normalement on devrait avoir tous les frais remboursés (transport, la perte de salaire, médicaments/analyses si les frais sont avancés…)
Concrètement dans mon cas la ville 1 a remboursé les frais de transport 2 mois après la ponction (il n’y avait pas d’autres frais) et ce après une petite relance de ma part (remboursement par chèque au nom de professeur)
La ville 2 projette de me rembourser, ils ont mes coordonnées bancaires (remboursement par virement) mais pour l’instant, 3 mois après la ponction, j’attends encore et je relance toute les semaines. Par contre ils m’ont donné le moment exact de la somme prévue et c’est largement supérieur à mes attentes. Dans l’hôpital de la Ville 2 ils prennent en compte la distance entre domicile et l’hôpital et remboursent les frais au KM même si on a pris un bus/train/transport en commun. D’où la somme supérieure aux frais réels. Je ne sais pas s’ils ont pris en compte ma perte de salaire, mais j’ai transmis à l’hôpital au cas où mes fiches de paies et mon contrat de travail de l’époque ainsi que l’extrait de l’article de loi sur ce remboursement.

Fin

Je dois faire un autre don à l’hôpital de la Ville 2 pour parrainer une sœur des couples d’amis. Je n’ai pas pu obtenir le rdv, l’hôpital ne m’a jamais rappelé pour proposer une date. On dirait qu’ils ne sont pas motivés (trop de donneuses?) ou ils déconsidèrent « ma candidature » en sachant que je n’aurais peut-être pas le droit de faire un autre don s’il y a 10 enfants conçus grâce à mes dons précédents…
Malgré mes 2 dons rapprochés, je me lance de nouveau pour aider ces gens et puis pour clôturer le chapitre « don » avant de réaliser notre projet d’avoir probablement un autre bébé.

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