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Témoignage d’un don d’ovocytes en France en demi-teinte

CECOS : Centre d’Etude et de Conservation des Oeufs et du Sperme humains, CHU qui s’occupe d’organiser le don d’ovocytes en France

Fée : Donneuse d’ovocytes qui permet à une receveuse en attente d’avancer les délais dans la « file d’attente » (principe du don relationnel »

Châtaigne : La receveuse qui remontre dans la file d’attente et qui attend des ovocytes d’une autre donneuse

 

Introduction

Ce témoignage est en « demi-teinte » car l’équipe n’était pas très humaine, donc je ne sais pas si ça fait une « bonne pub » malgré tout j’espère motiver d’autres femmes.
Je ne connaissais absolument pas le don d’ovocytes avant de trainer sur internet. J’étais sur un forum ou on pouvait papoter de ses enfants et je trouvais ça sympa. Un jour j’ai eu envie d’aller voir le forum réservé à l’infertilité, et là je suis tombée de haut.
Et non, ce n’était pas simple pour tout le monde d’avoir un enfant!
Je n’osais trop poster, car je ne me sentais pas le droit de discuter avec elles, moi qui n’avait aucun problème, jusqu’au jour où j’ai découvert que je pouvais moi aussi aider.
J’ai donc posé quelques questions sur la manière de procéder, et c’est ainsi que j’ai rencontré CCCC, une femme en demande d’ovocytes dont l’âge pouvait lui causer problème. Nous avons sympathisé et je me suis proposé d’être sa fée, puisqu’elle faisait sa demande au même CECOS que moi, à Ville1.
J’ai donc contacté le CECOS, et la, gros bordel ! : des informations pas claires, des secrétaires qui se renvoient la balle ! J’ai enfin réussi à comprendre qu’il me fallait un rdv avec la psy pour définir mon envie, mais moi qui avais envie de regrouper tous les rdv le même jour, je m’aperçois que personne ne peut me dire avec qui je dois en prendre un autre…

Prise de contact

Branle-bas de combat à la maison, se préparer et préparer le bébé prend plus de temps que l’on avait pensé. Nous partons en catastrophe, déjà surs d’arriver en retard. Nous faisons nos deux heures de route, et, arrivé aux abords de l’hôpital, plein de travaux, des indications qui se contredisent et presque une demi-heure de retard.
Je me dirige vers la section réservée au don d’ovocytes.
J’arrive dans la salle d’attente et me sens très mal à l’aise devant ces couples qui regarde ma fille. Je me dis que je n’aurais jamais dû l’emmener, je l’impression de les narguer avec mon bébé… La psy me reçoit avec le sourire et nous causons de mon envie de faire un don. Elle répond à mes principales interrogations (oui l’hôpital me rembourse mes frais de déplacement) et me félicite. Je ne sais plus ou me mettre… Et là je tombe de haut en apprenant qu’ils congèlent encore les ovocytes !!! Tu m’étonnes qu’ils n’obtiennent que 18 à 20 % de réussite!! Elle admet que la loi a changé mais pas leurs habitudes…
Bref elle me confirme qu’il faut que j’attende la fin de mon allaitement pour la prochaine étape, soit février…
Résultat des courses : j’attends et m’occupe de la puce…
2 jours plus tard, j’ai enfin quelques nouvelles de ma châtaigne, qui ne sont pas très bonnes…
Elle a eu la réponse du CECOS qui lui dit qu’elle ne pourra avoir un don que dans un peu plus d’un an!!! (Sans garantie de réussite en plus…)
Face à ce constat, elle se tourne vers l’adoption et abandonne le don d’ovocytes. Je me retrouve sans châtaigne, mais je ne doute pas en trouver une autre très bientôt…
Je n’abandonne pas CCCC , j’espère qu’on continuera à garder contact, et qu’elle me fera partager son aventure dans l’adoption.
Une semaine plus tard, j’ai trouvé ma nouvelle châtaigne! Vive internet!! Je ne connais pas son prénom. Cela fait un an qu’ils sont en demande auprès du CECOS. Grace à mon don, ils espèrent en avoir un au mois de MMMM!
Je viens de téléphoner au CECOS, j’ai eu la psy qui m’a reçu la dernière fois et je l’ai informé du changement. Elle s’étonne: mais vous en connaissez du monde!! Et moi qui bredouille vaguement qu’avec inter nénette tout est plus facile… 😉

3 mois plus tard

J’ai téléphoné ce matin pour avoir un rdv préparatoire avec le gygy. J’ai eu mon retour de couche, je n’allaite plus ma puce (snif), j’ai un beau stérilet sans hormone, bref, toutes les conditions sont réunies pour commencer le protocole. J’ai dans l’espoir d’avoir un rendez-vous avant les fêtes pour l’entamer durant mon cycle de Janvier.
La secrétaire me dit alors qu’il n’y a plus qu’un jour par mois consacré aux rdv pour les fées, et que c’est loupé pour le mois de MMMM … Dépitée, je lui demande alors quand est ce que pourrai l’avoir, mon rdv, et elle me répond, 1 MOIS PLUS TARD
Ben non finalement ce n’était pas une blague….

Dossier

J’ai rencontré le Dr DDDD qui en trois coups de cuillère à pot, a traité mon dossier.
Après les formalités d’usages (accord du conjoint et tout le tsoin tsoin) il me donne une ordonnance et me demande de prendre les 3 rdv qu’il me reste le même jour, pour que ce soit plus pratique pour tout le monde.
Je dois donc, après analyses sanguine et écho de contrôle à faire près de chez moi, prendre rdv avec le Dr DDDD (again), l’anesthésiste, et le Dr CCCC . Tout a été pris pour début MMM1. Il faut maintenant que je m’occupe de cette prise de sang… Je n’en ai pas une frousse bleue, mais je n’ai jamais trouvé ça agréable.
Si tous les rdv sont ok, j’aurai droit à une piqure intra musculaire pour bloquer le truc (désolée je ne suis pas médecin ça se voit) avant de commencer le traitement en lui-même.

MMM1
Me voilà chez l’anesthésiste, une nana très sympa, qui m’en gentiment sermonnée sur ma reprise de la cigarette (je ne fume pourtant pas beaucoup !). Après moult questions sur mes antécédents, elle m’explique comment ça se passe :
On entre le matin, à jeun (boisson nourriture cigarette), elle m’endort pour 30 minutes, ils font la ponction puis je me réveille en DDDD de réveil.
Si tout va bien je sors dans l’après-midi, mais il faut quelqu’un pour me ramener (hors de question de conduire…) J’aurai droit à une goutte d’hydratation, et à un masque d’oxygène, et durant la ponction une infirmière anesthésiste est toujours là, tandis que la médecin anesthésiste tourne entre les deux blocs. (Il y a apparemment toujours deux ponctions/FIV qui tournent en même temps).

Rendez vous

Me voilà devant le Dr DDDD, qui essaie de m’expliquer comment ça se passe (il a dû s’y reprendre à trois fois le pauvre) parce que je me mélangeais entre les échos, les piqures, et je ne pigeais plus rien.
Alors en gros: Piqure de medoc1 puis écho de contrôle + prise de sang 15j plus tard ensuite débute les piqures quotidiennes de medoc2 pendant une semaine. A la fin de la semaine echo+prise de sang de contrôle. Si ce n’est pas « mûr » rebelote quelques jours plus tard et là normalement c’est « mûr » donc hop direction l’hosto !
Je ne peux pas commencer le médoc1 tout de suite car je n’ai pas pu faire mon écho a J3 du cycle….
Je peux enfin compléter mon dossier avant d’entamer la procédure… ouf!

Ensuite RDV Dr CCCC, que je commence à connaitre très bien.
La section don d’ovocyte est très mal gérée. A titre d’exemple, tous les papiers que l’on m’a donnés sont à l’origine destinés à des châtaignes. Quand je vais faire mes étiquettes (un truc administratif) je dois batailler pour me faire reconnaitre comme fée et non comme FIV Do (ils voulaient me faire payer…)
Ensuite aucune aide spontanée n’est prévue pour les médicaments qui coutent horriblement cher. Si jamais je les paye de ma poche, il y a de forte chance que la sécu refuse de me les rembourser, puisque ce n’est pas dans une optique de soin à la personne, vous me suivez?
Donc là aussi je dois batailler pour que l’hosto me les paye….
Ne vous inquiétez pas du ton que j’emploi, je suis toujours motivée, juste un peu déçue de voir que tous les CECOS n’ont pas la même politique…

Au travail !!!!

J1
La grande aventure a enfin débuté! Ce matin l’infirmière est passée pour me faire ma piqure de Médoc1g.
C’est une piqure en intra musculaire, et j’avais peur que ça fasse mal, mais pas du tout (ouf)
Ça permet de mettre les ovaires au repos avant la stimulation.
La prochaine étape est le J17 Juin, pour faire une échographie de contrôle (des ovaires) et une prise de sang. Si tout est ok, je débuterai donc la stimulation avec du médoc2, piqures sous cutanées pendant une dizaine de jours.

J18
Voilà je suis revenue de Ville1, ouf quelle chaleur ! Ma puce a très mal supporté le voyage et n’a pas arrêté de hurler jusqu’à minuit (les dents peut être aussi) donc c’est très inquiets que nous sommes revenus.
L’écho s’est bien passé, mais j’avais mes règles, et l’échographe était en plus un jeune homme charmant. La honte
Prise de sang ok aussi, ils m’ont fourni en Médoc2, mais dans le sac il y avait aussi du médoc3, alors que jamais on m’avait dit que je devais associer les deux produits.
Quand je l’ai fait remarquer à l’infirmière au CECOS elle m’a dit sisi vous devez prendre le Médoc2 avec le Medoc3.
Moi surprise : ah bon ? ok….
Au téléphone le soir même ils me disent « vous commencez le Médoc2 demain! »
Moi: et le médoc3 je le fais quand?
Elle: Quel médoc3?
J’explique et elle me dit que c’est une erreur, que je ne dois pas prendre de médoc3.
Quelle organisation

J19
Apres moult péripéties pour le montage du stylo Médoc2 (c’est une seringue simplifiée pour se faire les piqures soit même), mon chéri m’a fait ma première piqure. Grand moment!
Même pas eu mal, sans rire c’est du pipi de chat (rose)
Je me fais donc une piqure tous les soirs jusqu’à la prochaine écho.

J25
Journée en demi-teinte.
Les + : l’écho s’est super bien passé, le docteur de Ville2 a été une crème et milite pas mal pour le don. On a pas mal causé tous les deux, ça a été un moment extra. De plus, j’ai 8 follicules dans chacun des ovaires, et ils sont tous au Même stade. Il a dit que c’était génial, car ainsi ils seront tous « murs » au Même moment. J’ai aussi fait une prise de sang pour voir mon taux d’œstradiol et LH , par contre l’infirmière m’a un peu loupée
Les – : ma puce nous fait une poussée dentaire, et s’est baladé entre 39 et 39.5 toute la journée. Avec cette chaleur j’aurai préféré rester a la maison tranquillement avec elle, mais j’ai bien sûr du la prendre avec moi, et la journée a été très éprouvante (une heure de route pour aller ou revenir à Ville2)
Le CECOS m’a appelé suite au résultat de l’écho de contrôle et de la prise de sang, je dois augmenter le dosage, jusqu’à après-demain.

J27
Deuxième écho de contrôle, super. Toujours 8 follicules de chaque côté.

J29
Troisième écho de contrôle, les ovocytes évoluent bien, je commence a sentir mes ovaires qui sont sensibles mais pas vraiment douloureux. C’est la dernière fois que je vois le Dr ZZZZ. Apres un dernier remerciement de part et d’autre et une affichette dans sa salle d’attente, je vais faire ma prise de sang. Je communiquerai les résultats au CECOS moi Même cette fois ci, ce jour est un jour un peu particulier. J’espère qu’ils ne vont pas augmenter ma dose :p
La ponction est prévue pour J32.

J32 Le grand jour, enfin!!
Nous devons nous rendre à l’hôpital pour 7h30 dernier carat. Comme nous sommes loin, nous partons vaille que vaille à 5h30, les valises sous les yeux et la puce bien étonnée de tout ce remue-ménage.
Je suis à jeun depuis la veille minuit, comme bien précisé dans mes papiers mais ça ne m’empêche pas de rêver d’un café.
J’arrive pile poil à l’heure au service et je tombe sur une infirmière aussi agréable qu’une porte de prison « Vous ne vous êtes pas présenté à l’accueil, il faut faire tel et tel papier »
Honteuse comme une élève qui vient de se faire gronder, je monte donc au service en question. Mon chéri trouve ça un peu gonflé, mais je ne dis rien, j’ai l’habitude à Ville1.
Me revoilà une demi-heure plus tard avec le fameux papier (ben vi il y avait la queue) et la même infirmière regarde sa montre d’un air de dire que j’abusais d’être a la bourre.
Je m’en balance et je m’installe sur le lit qu’elle me désigne.
Je passe à la douche à la Bétadine (j’avais peur de ressortir orange, quelle idiote 😉 ) je m’aperçoit avec horreur que j’ai oublié de me raser les jambes puis j’avale le mélange qui trône sur ma table de chevet. J’apprends plus tard que c’est un léger somnifère (ou équivalent). Je papote avec ma voisine, qui tente sa deuxième FIV et qui est très surprise de connaître la raison de ma venue.
Un quart d’heure plus tard deux charmantes jeunes femmes viennent pour nous emmener au service ou nous serons ponctionnées
Sur le trajet, dans les sous-sols de l’hôpital et qui dure facilement un quart d’heure, on papote, c’est très agréable, et je suis enfin ravie de voir des gens dans cet hôpital qui ne soient pas blasés ou procéduriers.

L’anesthésie

J’arrive dans la salle réservée à l’anesthésie, contiguë aux salles d’opération.
J’avoue à l’anesthésiste que c’est la première fois que je me fais endormir et que j’étais un peu stressée. Elle me pose un cathéter (aie) puis m’injecte un produit pour m’endormir un peu plus.
Tout a coup je sens mon cœur s’affoler, ma tête tourner, je m’affole un peu ce n’est pas normal ! Sentant bien que quelque chose n’allait pas, elle me rassure et me dit que c’est une réaction normale. Effectivement, une minute plus tard je nage dans un bonheur béat, les paupières a moitié close, j’aurai bien aimé voir ma tête à ce moment hihi
J’attends mon tour, et enfin on m’emmène dans la salle d’opération.
Une grosse lampe ronde au-dessus de ma tête, on me présente la femme chargée de la ponction, il y a pas mal de monde. Je répète à l’infirmière que c’est ma première anesthésie générale, elle me caresse le bras en me rassurant, ça me détend.

Ils me posent des questions, sur mon métier, mon lieu de résidence, puis l’anesthésiste me souhaite de beaux rêves.
Je sens mon regard me troubler, puis je sombre.
Un quart d’heure plus tard j’entends mon nom.
Je me réveille d’un coup, brusquement, je m’exclame « j’ai dormi longtemps ?! » je n’arrête pas de parler, mais ce flot de parole s’éteint vite pour laisser place à une douleur au niveau des ovaires (paraît que c’est normal de se réveiller brusquement).
L’infirmière me demande de mettre une note, je réponds 4, elle m’injecte un peu de morphine, ouf tout va mieux…

L’anesthésiste passe me voir, me fait répéter mon lieu de résidence
– vous dormez ou ce soir ?
– Je vais chez ma mère à Ville3
– Vous devez rester sur Ville1 au cas où
– Ben oui mais je ne peux pas, je n’ai pas de logement sur Ville1
– Vous auriez pu vous arranger avec votre fée
– Je ne la connais pas bien, je ne peux pas m’imposer chez des gens que je ne connais pas.
Je vois bien qu’elle est énervée, mais je suis encore bien shootée et je ne relève pas. De toute façon même si elle me fait un ulcère j’irai chez ma mère.
Au bout d’un moment, quand elles estiment que je me suis assez réveillée, on me ramène dans ma chambre. J’apprends qu’il faut que j’y reste jusqu’à 15h (Il est 10h).
On nous apporte un petit-déj bien apprécié, puis on se rendort (ma voisine et moi) paraît que c’est normal.
On nous apporte le déjeuner, puis on me demande de faire un « test à la rue » c’est à dire de sortir avec un tit papier, de le faire tamponner dans un autre service puis de revenir. J’apprends qu’il s’agit d’un charmant cadeau de l’anesthésiste désagréable. Avec la chaleur qu’il faisait dehors (36°) j’ai failli me sentir mal, mais je n’allais pas lui donner raison, à cette vieille bique !!!
J’ai un peu mal aux ovaires, mais ils m’ont injecté un anti inflammatoire si bien que c’est très supportable.
Le gynécologue arrive, annonce à ma voisine dépitée qu’il n’y avait que 3 ovocytes matures dont deux ont été fécondés. La pauvre.
Puis vient vers moi et me dit les plus gentilles paroles entendues dans cet hôpital. Je ne me souviens plus des mots exacts, mais j’avais les larmes aux yeux.
Je lui demande (on sait jamais) combien il y a eu d’ovocytes, il me dit qu’il n’a pas le droit de me le dire (je le savais mais bon). Au tac au tac, je lui dis
– C’est une bonne nouvelle ?
– C’est une très bonne nouvelle.
J’avais la banane jusqu’aux oreilles quand je suis sortie.

Banane qui s’est légèrement rétrécie quand j’ai su les démarches pour se faire rembourser. Pas sûr que j’aurai droit au remboursement de tous mes trajets. Mais c’est une autre histoire, qui n’a rien a voir avec le don.

Conclusion

Ça a été une aventure formidable, je ne regrette rien, sinon le CECOS dans lequel j’ai dû faire mon don.Si un jour je déménage près d’un autre CECOS, c’est sûr, je le referai, mais à Ville1, non merci j’ai donné.Maintenant c’est l’histoire d’autres femmes qui débute, la mienne est terminée à présent.

La même donneuse a réitéré et cela s’est beaucoup mieux passé : A lire ici !

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1 commentaire

  1. Marie

    Bonjour
    Merci pour votre témoignage. Par contre je ne comprends pas pourquoi c’est la honte d’avoir ses règles … La plupart des femmes ont leur règles 1 semaine sur 4 donc la pro a d’avoir ses règles pendant un examen est assez élevée et il n’y a rien de plus naturel. Tout le monde sait ça et en particulier un médecin. Bravo pour votre démarche par contre c’est vrai que j’imaginais que ce n’étais pas un tel parcours du combattant et que les donneuses étaient bien mieux reçues.

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